La malédiction du gitan
de Harry Crews

critiqué par Grass, le 16 mars 2007
(montréal - 47 ans)


La note:  étoiles
"Freak! Sale petit freak!"
J'avais le sentiment que je me plairais avec Harry Crews, et j'avais bien vu.

Celui-ci, choisi au hasard, raconte l'histoire de Marvin Molar, un cul de jatte culturiste muet de naissance et sourd par accident, qui vit au Fireman's Gym avec Al Molarski, un homme fort de soixante-douze ans qui a recueilli Marvin au seuil de sa porte alors qu'il était bébé, accompagné de deux étranges débiles attanchants nommés Leroy et Pete, le vieux boxer nègre qui parle tout seul.

Ce qui est beau de Marvin, c'est qu'il peut se tenir en équilibre sur un doigt (son bon doigt) et pivoter sur lui-même.

Ce qui est moins beau, c'est que Marvin a reçu la malédiction du gitan, genre "trouve un con à ta grandeur et tu ne pourra jamais t'en séparer" et entre en scène Hester, le seul personnage de l'histoire qui n'a pas été "oublié le jour de la distrubition" ou qui n'est pas un peu débile. Elle va débarquer au Gym pour y habiter et faire un bordel pas possible et c'est là qu'on voit ce que des hommes peuvent faire d'imbécile pour impressionner une femme.

Et qu'est-ce que vous pensez, ça dérape.

Marvin est ici le narrateur, et par conséquent, chaque dialogue de ce livre est fait en signe ou lu sur les lèvres. Prenez un instant pour vous imaginer un cul-de-jatte sur-musclé qui parle en signe. Voyez. C'est une dynamique de dialogue que je n'avais jamais rencontrée ailleurs et l'effet est gagnant.

Crews a créé avec un climat de groupe des plus étrange et attachant malgré l'apparent freak-show, et son personnage principal, le plus mal-foutu de la troupe mais le seul qui ait toute sa tête, n'a aucun tabou, et étant donné sa condition, on lui pardonne tout et on en fait vite un allié. Et on est content qu'il puisse se taper une top classe même s'il n'a pas jambes. Si seulement Hester n'avait pas de si belles jambes, de si beau genoux. Pauvre Marvin.

Traduit à (presque) merveille par Philippe Garnier.
Plaira très certainement aux fans de Palahniuk, de Bukowski, et d'haltérophilie.