Le système totalitaire
de Hannah Arendt

critiqué par Veneziano, le 10 mars 2007
(Paris - 47 ans)


La note:  étoiles
Une théorisation d'un type de régimes politiques
Ce troisième et dernier opus des Origines du totalitarisme généralise les pratiques des régimes totalitaires et la couverture montre que l'auteur se base sur une comparaison entre l'Allemagne nazie et l'Union soviétique stalinienne. Il s'agit d'un ouvrage de science politique, Hannah Arendt se définissant elle-même comme une théoricienne du politique.
Quatre partie se suivent, Une société sans classes, le mouvement totalitaire, Le totalitarisme au pouvoir et Idéologie et terreur.

L'absence de classes est la conséquence de l'union des classes existantes en raison de frustrations nationales et du départ, volontaire ou non, d'une partie de celles trop gênantes. L'accession au pouvoir d'un mouvement totalitaire vient de l'adhésion de la "populace" et de l'élité, momentanée, dont il faut qu'il sache profiter. Puis, au pouvoir, le régime crée des institutions et corps qui constituent chacun des contre-pouvoirs, la division servant à mieux régner : chacun de ces grands organes a propension à servir de nouvelle élite. Puis, il est fait comparaison des méthodes et pratiques des deux grands types illustrant la catégorie.
Je grossis un peu à dessein ce que ma propre mémoire a déjà retenu, histoire de vous le donner envie de le lire. Il est écrit de manière assez claire, la lecture en est presque plus simple que les deux premiers tomes, à moins qu'il ne s'agisse d'une question d'habitude, et bien plus simple que la Crise de la culture.

J'ai personnellement été passionné : c'est le premier ouvrage in extenso consacré à la théorisation des dictatures, ou, au moins de certaines d'entre elles. Les manuels de droit constitutionnel et de science politique se montrent peu prolixes sur ces sujets ; aussi est-il difficile d'enquêter dessus. Il m'apparaît comme un ouvrage important, et inscrit d'ores et déjà dans mon panthéon personnel des grandes oeuvres.
Il n'est pas trop hardu, me semble-t-il, et le sujet ne laisse pas indifférent.

Je pense que l'on s'habitue aux styles hardus, soit qu'ils soient théoriques, comme celui-ci, ou très riches du point de vue de la syntaxe ou de l'emploi des champs lexicaux, comme l'opèrent Marcel Proust (sntaxe)et Jean d'Ormesson (lexique), ainsi qu'un peu Jean-Christophe Rufin (lexique).
En lisant, on s'enrichit et on se fait à beaucoup de choses, même à des sujets apparemment rébarbatifs. Je pense que cet auteur en est l'illustration.