Little big bougnoule
de Nor Eddine Boudjedia

critiqué par CC.RIDER, le 8 mars 2007
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Narcissique et nombriliste
Il est rare que je m’intéresse à un premier roman, mais, une fois n’étant pas coutume, j’ai voulu faire exception. Non pas pour l’auteur, conseiller d’éducation et enseignant formateur à l’IUFM vu mon excécration pour cette profession aussi verbieuse que nocive dans la formation des jeunes maîtres. Non , j’ai été attiré surtout par le titre de l’ouvrage « Little big bougnoule » clin d’oeil à « Little Big Man » avec le parallèle évident entre Peaux-Rouges et Maghrébins que cela implique et par la 4ème de couverture qui vantait les mérites d’un « conte philosophique contemporain », rien de moins. J’ai cherché le conte, j’ai cherché la philo et n’ai rien trouvé d’autre qu’une banale histoire d’un type parfaitement intégré qui ressent soudain l’appel de la terre de ses ancètres, qui saute dans un avion et se retrouve dans une oasis du pays mazabite, au sud de l’Algérie, à Ghardaïa sans doute.

Contrairement à ces jeunes auteurs beurs que les éditeurs français s’arrachent, Boudjedia ne pratique pas l’anathème, l’éructation, ne développe aucun discours de haine anti-française et s’exprime dans une langue correcte. Il est issu d’une famille modeste mais qui lui a dispensé une très bonne éducation. Il a fait de bonnes études et a bénéficié de l’ascenceur social qui fonctionnait encore à l’époque. Il est très lucide sur la réalité crypto-marxiste, totalitaire et misérabiliste de l’Algérie d’aujourd’hui, sur la résignation , le fatalisme et les ambiguités de son peuple qui a rejeté les français avec une violence extrème pour aussitôt se précipiter à jouer les esclaves consentantes dans les usines de ses anciens maîtres...

Malheureusement, la rancune envers la France est sous-jacente, la culture « hybride » gènant l’auteur aux entournures. Pour lui être « intégré » c’est sans doute être une sorte de « bounty », chocolat dehors et noix de coco dedans, arabe de peau et français de coeur. Il est d’une génération écartelée entre un pays d’origine mal connu et fantasmé et une intégration mal acceptée car vécue comme une sorte de trahison.

Bouquin autobiographique, narcissique, nombriliste parfois, heureusement assez court (168 pages), donc vite lu, vite oublié. Sans grand intérêt.