La vie aux aguets
de William Boyd

critiqué par Sorcius, le 21 février 2007
(Bruxelles - 54 ans)


La note:  étoiles
Quel bon livre!
On retrouve un William Boyd en toute grande forme dans un roman aux accents de thriller historique.
C'est ce que j'aime particulièrement dans les romans de Boyd; ils nous laissent toujours une trace profonde dans la mémoire. C'est un don, ça!
Il y a quelques années, on a découvert le rôle qu'avaient joué - ou essayé de jouer - les services secrets anglais dans l'entrée des Etats-Unis dans la Seconde guerre mondiale.
C'est sur cette base que Boyd a construit son roman.

1976. Une jeune femme, Ruth Gilmartin, découvre soudain que sa mère, une dame distinguée, anglaise jusqu'au bout des ongles, est en réalité à moitié russe et fut, en 1939, une espionne à la solde des Anglais. Elle remet à sa fille un manuscrit, une sorte de journal, dans laquelle elle raconte ses années en tant qu'espionne et le rôle qu'elle a joué dans la propagande mise en place pour faire entrer les Etats-Unis dans la guerre.
Les Anglais savaient que seule l'aide de ces derniers pourrait leur permettre de vaincre Hitler et ils ont tout tenté pour l'obtenir, utilisant pour cela des procédés parfois pas très réguliers...

Les chapitres s'égrènent entre le passé d'Eva Delectorskaya et le présent de Ruth Gilmartin, mère d'un petit garçon et en proie à ses propres démons. Elle prend d'abord sa mère pour une folle, puis elle se met à mieux la comprendre, à la respecter. Mais elle doute encore de ses motivations à lui révéler soudain un passé enfoui pendant plus de trente ans. Pourquoi lui apprendre soudain toute cette histoire? Elle a peur, sans doute, de quelque chose. Ou bien veut-elle que sa fille fasse quelque chose pour elle, ou l'aide à faire quelque chose. Mais quoi?

C'est un roman fluide, prenant, intéressant. On le lit, on s'en imprègne, puis on le termine, mais on garde en soi un petit goût d'Histoire, un petit goût d'avoir appris quelque chose, un petit goût de ce que peut être une vie aux aguets.
James Boyd 7 étoiles

Roman d’espionnage, tiens, il viens de sortir un James Bond.
Ce roman est donc son premier essai dans l'espionnage.
Je suis assez mitigé, quelques bons passages, mais aussi (vers le milieu), pas mal d'ennui, un peu long.
Donc, au final, ni chaud, ni froid, pas son meilleur roman, n'arrive pas à la hauteur d'un "Un anglais sous les tropique", d'un "Brazzaville plage" ou de l'excellent et sûrement son meilleur "Nouvelles confessions".

Free_s4 - Dans le Sud-Ouest - 49 ans - 2 juin 2014


Ne jamais faire confiance à personne. Jamais ! 8 étoiles

C'est la règle numero 1 que tout espion espérant faire de vieux os doit constamment garder à l'esprit C'est la seule et unique loi, toutes les autres règles en découlent.
Pour avoir une fois baissé la garde, Eva Delectorskaya a bien failli voir sa carrière et sa vie abrégée de quelques bonnes dizaines d'années.
Ce qui eût été dommage pour nous, lecteurs, qui n'aurions dès lors pas soupçonné l'existence passionnante ni connu l'histoire inattendue de ce sacré bout de femme.
Forte de ces recommandations et de son vécu, on comprend que cette insondable espionne, qui a embrassé la carrière non par vocation mais pour honorer la mémoire d'un frère décédé pendant le service, ait passé sa vie aux aguets;
et si en fin de vie, elle finit par soulever un petit coin de voile sur son passé, c'est encore pour se protéger,
Tout cela fait un roman prenant, en constant aller-retour entre le présent et le passé car oui, Eva a laissé une descendance qui n'a jamais soupçonné un seul instant l' "autre vie" de leur maman et mamie, mais qui ne va pas tarder à la découvrir.

Millepages - Bruxelles - 64 ans - 16 décembre 2012


intéressant 7 étoiles

Je ne connaissais pas du tout le rôle joué par les espions anglais aux états unis pendant la seconde guerre mondiale. L'histoire est tirée de faits réels et nous apprend beaucoup. Côté littéraire, malgré une écriture agréable et fluide, j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire; je trouve que les va et vient entre le passé et le présent coupent le lecteur dans son élan.
Toutefois, un peu après la moitié du livre, je ne pouvais plus le lâcher. L'intrigue décolle et on veut à tout prix avoir l'explication finale. Avec un peu de patience, nous sommes donc récompensés.

Clacla44 - - 35 ans - 26 août 2012


Espionnage. 7 étoiles

Histoire d'espions Britanniques pendant la seconde guerre mondiale et leurs travaux de " sape " pour tenter de faire entrer les Etats-Unis dans le conflit.
L'histoire se passe de nos jours, avec de nombreux retours dans le passé .
C'est l'histoire d'une vie parmi des millions d'autres, qui pendant cette période de troubles a vécu des évènements exceptionnels.
Une histoire d'espions où la règle est :" de ne croire en personne, et de douter de tout le monde ".
C'est pourquoi vous n'êtes pas obligés de croire les lignes précédentes , et de vous faire votre propre opinion.
Bon petit livre, pour ceux qui aiment l'ambiance : " espionnage ".

Pat - PARIS - 60 ans - 31 mai 2010


Bonne lecture, sans grand plaisir... 6 étoiles

Lorsque Ruth Gilmartin apprend la véritable identité de sa mère, Sally Gilmartin, et le rôle plus qu'incroyable que celle-ci a joué au cours de la Seconde Guerre Mondiale, Ruth est chavirée.
Au début de cet élégant roman d'espionnage, Sally, de son nom véritable, Éva Delectorskaya, jeune immigrée russe vivant à Paris en 1939, est recrutée comme espionne par Lucas Romer, chef d'un organisme secret de propagande, la BSC (British Security Coordination), chargée de diffuser de l'information manipulée afin de rallier les États-Unis à la cause du conflit qui faisait rage en Europe.
Cette histoire fascinante est fort bien racontée, mais régulièrement amoindrie par l'intervention du récit en parallèle de la vie beaucoup plus banale de Ruth, mère-célibataire offrant des cours privés d'anglais à Oxford au lieu d'y compléter un doctorat en histoire.
Le récit banal du quotidien de Ruth, personnage plus ou moins romantique s'il en est un, n'a aucune chance de compétitionner avec l'histoire fascinante, dramatique et rocambolesque du passé d'espionne de guerre de sa mère Sally, qui nous est révélée tout au long de ce thriller d'espionnage.
Ce roman est intéressant, élégamment écrit, instructif par son aspect historique basé sur des faits réels, c'est-à-dire le peu de désir des États-Unis de s'impliquer une nouvelle fois dans une guerre qui dévastait l'Europe et les moyens plus ou moins orthodoxes utilisés par l'Angleterre afin d'attirer ceux-ci dans une alliance de plus en plus indispensable, mais n'a rien d'un thriller époustoufflant, passionnant à lire qui nous tient éveillés toute la nuit!
Au contraire, l'astuce de deux récits racontés en parallèle impliquant deux sujets beaucoup trop disparates nuit terriblement au rythme, lasse plutôt que stimuler et n'ajoute rien de conclusif au dénouement de l'intrigue.
Une bonne lecture, mais sans grand plaisir...

FranBlan - Montréal, Québec - 81 ans - 16 juillet 2009


La vie révèle des surprises 8 étoiles

William Boyd nous fait là une variante à la «John Le Carré». Moi je m'en fiche, j'adore l'un et l'autre!

Un roman d'espionnage qui n'en est pas seulement un. Qui est aussi une histoire de femmes, d'une mère et de sa fille, l'une manipulant l'autre, une histoire d'amour aussi … Bon, un William Boyd enfin.

Moins hilarant qu'un «Anglais sous les Tropiques» par exemple mais tout aussi solaire qu'un «Après-midi bleu» … Un William Boyd, de toutes façons, c'est une histoire qui vous restera au coeur.

Ruth Gilmartin est une jeune femme anglaise, avec des histoires normales de jeune femme anglaise, qui se trouve brutalement confrontée à la révélation du secret de la vie de sa mère. Celle-ci lui révèle en effet que loin d'être la Sally Gilmartin comme l'a toujours connu Ruth, elle fût d'abord, pendant sa jeunesse et les temps troubles de la Seconde Guerre Mondiale Eva Delectorskaya. Et une espionne en prime!

«Ma mère a redescendu l'escalier, sans effort à mon avis, avec sous le bras un épais dossier beige qu'elle m'a tendu.
"J'aimerais que tu lises ça", a-t-elle dit.
Je l'ai pris. Il semblait contenir des douzaines de pages, de types et de tailles de papier différents. Je l'ai ouvert. Il y avait une page titre: L'histoire d'Eva Delectorskaya.
"Eva Delectorskaya, ai-je murmuré, mystifiée. Qui est-ce ?
Moi, a-t-elle répliqué. Je suis Eva Delectorskaya." »

C'est donc par le biais d'un manuscrit que Ruth va apprendre le passé de sa mère. Et le lecteur par la même occasion qui va lire par-dessus l'épaule de Ruth.
William Boyd va en profiter pour mettre en sandwich les chapitres de cette révélation lus par Ruth avec l'action impulsée en sous-main, en manipulatrice par Sally. Une construction habile, qui n'étonne pas à vrai dire venant de Boyd (je l'ai dit – je suis fan!).

Car si Sally a tout à coup décidé «d'affranchir» sa fille, il y a un projet sous-jacent dans lequel celle-ci a un rôle à jouer. On ne se refait pas! Formée à la manipulation par les Services Secrets Anglais pendant la guerre, elle en reste un pur produit.
Alors l'autre histoire que nous raconte William Boyd, celle d'Eva Delectorskaya, c'est la manipulation qu'aurait tentée par tous les moyens l'Angleterre pour entraîner l'Amérique dans la guerre, c'est l'histoire qui a conduit une Eva Delectorskaya, fille pauvre d'un réfugié russe à Paris, à devenir Sally Gilmartin, respectable vieille dame de la campagne fleurie anglaise. Il y a du chemin, qui part de Paris, passe par l'Amérique et se termine dans un village paumé anglais. L'occasion de constater que William Boyd est à l'aise partout!

Tistou - - 67 ans - 6 février 2009


007 au féminin, en infiniment plus subtil ! 8 étoiles

Je me félicite de ne pas m’être arrêtée à « La femme sur la plage… » qui ne m’avait pas convaincue comme entrée en matière dans l’univers boydien. Parce que sinon, je serais passée à côté de ce livre-ci et de cette histoire fantastique. Le roman porte sur deux personnages féminins, mère et fille, Eva et Ruth. Eva, vieille dame anglaise, fait entrer sa fille dans son passé, distillant les informations petit à petit, lui révélant que dans sa jeunesse, elle a travaillé au sein d’un service d’espionnage anglais pendant la guerre 40-45. Ruth finira par la croire, passant du stade « au secours, ma mère est sénile » à celui de « eh ben, dis-donc, fortiche, ma mère ! ». Car le récit que fait Eva de ses années d’espionnage est passionnant, haletant. Mais pourquoi dire la vérité à sa fille précisément maintenant ? C’est qu’Eva a un but, un plan…

Dommage que le personnage de Ruth soit moins haut en couleurs que celui de la mère. A côté d’Eva et de ses aventures (pensez, espionne pendant la guerre !), Ruth fait pâle figure.

Un dernier regret : que ce livre ne compte « que » 393 pages ! J’ai adoré Eva, celle d’hier et d’aujourd’hui, celle qui toute sa vie durant vivra avec des faux noms, veillant à se fondre dans l’anonymat pour échapper à une tentative d’assassinat. Celle qui règle enfin le solde de son passé…

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 5 août 2008


Très captivant 10 étoiles

Quel livre extraordinaire. On ne s'ennuie pas une minute et le suspense est bien mené. Les flash back ne gênent en rien l'histoire et la relation mère/fille est tout à fait réaliste. Un bon livre à conseiller.

Campanule - Orp-Le-Grand - 62 ans - 28 juillet 2008


Pour les amateurs de romans d'espionnage. 2 étoiles

Roman banal ennuyeux et lassant. (aussi bien dans les personnages que dans la construction du livre).
Il faut aimer les romans d'espionnages pour apprécier l'histoire.

Nana31 - toulouse - 54 ans - 13 avril 2008


La vie aux aguets 5 étoiles

Mais où est passé Boyd?
Rien d'amusant, aucune subtilité dans les personnages: l'espionne est désespérement séduisante et "coeur de pierre". La construction croisée mère-fille est éculée. Et apparemment le sujet trop sérieux empêche les lecteurs de ne pas aimer!

Beluga - Wezembeek Oppem - 58 ans - 26 mars 2008


Très amusant 8 étoiles

Eva Delectorskaya, une vieille dame anglaise pur jus, confie à sa fille qu'elle est en réalité russe et qu'elle fut espionne pour un obscur service d'espionnage anglais pendant la guerre. Cette confession n'est pas innocente : la vieille dame est loin d'être gâteuse, on s'en rend vite compte.

Le roman alterne les flash-back sur les aventures de la mère pendant la guerre et le quotidien de la fille dans la ville universitaire d'Oxford. Les deux mondes sont tout aussi réjouissants j'ai trouvé. Le roman mêle habilement suspens et humour, il y a un peu d'amour pour pimenter et les personnages de la mère et de la fille sont sympathiques en diable.

Je me suis amusé du début à la fin. Peut-être avais-je espéré une fin plus tonitruante ? Il manque ici l'habituelle pirouette ou alors elle était un peu éventée. Mais ça reste une réussite et ce livre est parfait pour se détendre.

Saule - Bruxelles - 58 ans - 17 février 2008


Un peu de légéreté dans un monde de brutes....... 7 étoiles

Moi qui n’apprécie guère habituellement les romans d’espionnage, j’ai lu LA VIE AUX AGUETS avec avidité et sans déplaisir !
Peut-être est-ce dû à l’alternance des deux récits situés dans des contextes historiques et sociaux bien différents….
La vie de Ruth, jeune femme moderne libre, constitue un contrepoint à la vie de Eva , petit soldat docile , allége le roman et par l’humour qui l’imprègne, enlève à l’œuvre ce que le récit précis et circonstancié des activités d’Eva a de pesant . Il ménage des moments de respiration au milieu du monde étouffant des espions . Les retrouvailles de Ruth et Eva, les relations grand-mère et petit-fils glissent un peu d’humanité dans la froideur de l’univers des espions .
Habile dosage entre politique et de l’humain, entre la raison d’état et celle du cœur .

Alma - - - ans - 22 décembre 2007


William Boyd s'essaie à l'espionnage - pas tout à fait convaincant 7 étoiles

Voilà-t-y pas que William Boyd s'essaie à l'espionnage ?
Avec La vie aux aguets (Restless en VO) il met en scène une Mata-Hari de la guerre (la world war two).
Enfin non, pas une Mata-Hari justement mais une femme tout à fait ordinaire, ou presque.
C'est sa fille, déjà maman d'un petit garçon, qui nous raconte l'histoire puisque 40 ans après la guerre, un beau jour sa mère décide de lui confier ses secrets.

[...]« Est-ce que Papa savait ? »
Elle marqua un temps d'arrêt. « Non, il n'a rien su. »
J'ai réfléchi un moment, en songeant à mes parents et à la manière dont je les avais toujours regardés. Efface-moi le tableau, me suis-je dit.
« Il n'a rien soupçonné ? Jamais ?
- Je ne crois pas. nous étions très heureux, c'était tout ce qui importait.
- Alors pourquoi as-tu décidé de me raconter tout ça ? De me livrer tes secrets, tout à coup ? »
Elle a soupiré, jeté un coup d'oeil autour d'elle, agité les mains sans but, les a passés dans ses cheveux avant de tapoter des doigts sur la table.
« Parce que, a-t-elle lâché enfin, parce que je crois que quelqu'un tente de me tuer. »

Le livre passe d'une époque à l'autre et les chapitres alternent entre les années de guerre de la mère et la vie presque actuelle de la fille (fin des années 70, les années de la bande à Baader) qui découvre peu à peu le passé de son espionne de maman.
Bien sûr, présent et passé finiront par se rejoindre.
On n'a pas vraiment été enthousiasmé par le bouquin, peut-être parce qu'on n'a pas vraiment accroché à la vie rocambolesque (trop ?) de ces deux dames.
Pas franchement déçu non plus (le mot serait un peu fort) mais on en attendait un peu plus, c'est quand même un William Boyd.
Mais ce qui à nos yeux fait tout l'intérêt de l'histoire (de l'Histoire pourrait-on dire !) c'est bien le décor géo-politique de la partie espionnage : au tout début de la guerre, les anglais essaient à tout prix de persuader les américains de s'engager aux côtés de l'Europe.
On assiste à une véritable bataille de l'information et les services anglais imaginent toutes les infos et toutes les intox qui pourraient réveiller les américains (encore échaudés par la première guerre) et les amener à entrer dans la guerre.
L'héroïne du roman est précisément enrôlée dans l'un de ces services et chargée de préparer diverses vraies-fausses infos destinées à persuader les États-Unis de l'imminence du péril.
Comme on le sait, ce sera Pearl-Harbour qui fera basculer l'Histoire et la propagande britannique n'aura finalement pas pesé lourd. Mais ça, ils ne le savent pas encore !

BMR & MAM - Paris - 63 ans - 6 octobre 2007


Génial ! 8 étoiles

L'histoire démarre trè fort, on entre de suite dans le vif du sujet, très bien écrit et captivant. Je ne connaissais pas l'auteur et j'ai été emballée.
Le sujet aurait pu être compliqué mais William Boyd nous entraine dans une aventure où les situations s'enchainent, il n'y a pas de temps mort, on a du mal à sortir de la vie d'Eva.....
J'ai moins bien aimé les parties sur la vie de Ruth (pas très intéressant) et la fin me laisse un peu perplexe...
C'est un bon roman dans l'ensemble

RERbooker - Montesson - 51 ans - 27 mars 2007