Gora
de Rabindranath Tagore

critiqué par FROISSART, le 20 février 2007
(St Paul - 77 ans)


La note:  étoiles
La lecture de Patryck Froissart
Titre : Gora
Auteur : Rabindranath Tagore
Editeur : Le Serpent à Plumes - 2002
Traduit de l’anglais par Marguerite Glotz
ISBN : 284261321X

Roman de 700 pages, paru en 1907, de l’écrivain indien Rabindranath Tagore, Prix Nobel de littérature en 1913, Gora met en scène des personnages empêtrés dans les contradictions d’un pays à la fois riche et misérable de ses traditions millénaires confrontées aux aspirations d’hommes et de femmes à une modernité importée de l’Occident.
Gora, qui donne son nom au livre, est un hindou nationaliste qui milite pour un retour fondamentaliste à la pureté de la religion ancestrale et à la stricte observation de ses rites et du cloisonnement des castes qui, selon lui, en constitue la structure sociale obligée.
Binoy, son ami, est au début du roman son disciple et son admirateur.
Binoy fait par hasard la rencontre de Sucharita et de son père adoptif, Paresh Babou, membres d’une famille brahmo qu’il est amené à fréquenter de plus en plus régulièrement, malgré les remontrances de son ami, pour qui les pratiques des adeptes de ce mouvement hindouiste réformiste (dont l’un des fondateurs fut le propre père de Rabindranath Tagore) sont hérétiques et imprégnées d’occidentalisme.
Le roman raconte le cheminement personnel des deux amis d’enfance, tous deux de famille brahmine, leurs hésitations, leurs doutes, les conflits qui les opposent et qui, à plusieurs reprises, les sépare, au grand chagrin d’Anandamoyi, la mère de Gora, qui considère Binoy, orphelin, comme son deuxième fils.
Gora rencontre à son tour Sucharita, et éprouve pour elle une affection croissante, tandis que Binoy tombe peu à peu amoureux de Lolita, sœur de Sucharita.
Les communautés religieuses auxquelles appartiennent d’une part Gora et Binoy, d’autre part les deux sœurs, s’affrontent à travers eux et s’efforcent de briser ces relations que chaque partie considère comme indignes et impures.
Binoy et Lolita surmontent un à un les obstacles qu’on s’ingénie à dresser entre eux, et décident de se marier tout en restant fidèles, l’un et l’autre, à leur religion familiale.
Gora renonce à Sucharita pour ne pas trahir sa foi et ses convictions militantes, jusqu’au jour où ses parents lui avouent qu’il n’est pas leur fils, et qu’il n’est donc pas brahmine, mais le fruit d’une union entre un Indien et une Anglaise.
Certes l’amour triomphe, aidé par les circonstances (Binoy n’a plus de famille, Sucharita et Gora ont été adoptés) et par le caractère admirable de deux personnages se situant au-dessus des conventions de leur clan ( Paresh Babou, père de Sucharita, et Anandamoyi, mère de Gora) mais le roman pose, d’une manière passionnante, par l’action et le discours, du début à la fin, les questions essentielles, séculaires, de l’intolérance, du fanatisme, de la pesanteur des traditions, et, de la rigidité du système des castes.
Un très beau livre.
Patryck Froissart, St Benoît, le 20 février 2007
TRÈS BEAU LIVRE 7 étoiles

J'ai lu ce livre il y a quelques années, j'en garde un souvenir mitigé, la psychologie des personnages est très fouillée (surtout Gora et Binoy), et les personnages sont eux mêmes très bien présentés avec leur vie, leurs contradictions, leur évolution psychologique tout au long du roman...

L'écriture elle est très belle, très fine, ciselée, comme toujours chez Rabindranath TAGORE, qui reste plus de 60 ans après sa mort un des plus grands écrivains de l'Inde et à l'heure où j'écris ces lignes, toujours son seul et unique Prix Nobel! (1913!)...

Toutefois, et malgré que la version présentée ici est celle "abrégée" par l'auteur lui même, pour donner "plus d'action" et de fluidité au livre, celui-ci se traine littéralement en longueur, surtout les nombreuses pages de dialogue à n'en plus finir d'ailleurs...ce qui sur 705 pages et 79 chapitres, devient bien évidemment un peu indigeste à lire à la fin... même si l'histoire (où devrais-je dire le conte philosophique à morale) reste lui très beau!

Ce livre vaut toutefois le détour, surtout pour la déscritption de l'Inde (encore colonie britannique au moment où le livre se déroule) qui en est faite, avec ses rites, ses traditions, ses partis politiques, ses religions, ses luttes d'influence... mais aussi pour ses description de la vie commune, de la vie de tous les jours... comme p. ex. la façon de se nourrir, de prier, de s'habiller...

En tous cas, un livre à lire pour tous ceux que l'Inde passionne où fascine...

Septularisen - - - ans - 28 mars 2007