Le petit Poussé
de Étienne Beck

critiqué par Sahkti, le 8 février 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Poussé le Poucet!
C'est l'histoire d'un bûcheron et d'une bûcheronne qui ont sept enfants, sept garçons, dont le petit dernier est un peu le souffre-douleur de tout le monde. Même les animaux s'y mettent! On n'arrête pas de le pousser dans tous les sens et de le faire tomber. Ce qui laisse des traces... sur le sol, et permettra, un jour, aux parents de retrouver leurs enfants perdus.

D'une histoire en apparence pas très marrante, Etienne Beck en tire un conte ironique et un brin caustique, se moquant gentiment des standards des contes classiques et mettant à profit un graphisme naïf et épuré. Quelques bons jeux de mots égayent le récit qui fait preuve de modernité et donne lieu à une finale assez surprenante. Un bel album, léger et plein d'humour.
Détournez les classiques ! 8 étoiles

Le petit Poucet, vous connaissez tous : on vous l’a lu enfant, ou vous l’avez lu vous-même à vos enfants. Mais le petit Poussé, vous connaissez ? C’est presque le même mais revu de façon joliment impertinente. Et moi j’adore. Ça commence ainsi : « il était un bois… » [page suivante] « où coupaient du bois un bûcheron et une bûcheronne qui s’étaient reproduits à une allure vertigineuse. » Ce couple de bûcherons a 7 enfants, et pas de bol, 7 garçons. Le tout dernier, c’est le Petit Poussé, surnommé ainsi car tout le monde le pousse tout le temps, même les animaux. (et Petit, parce qu’il est petit, voyons). Après, on retrouve l’histoire plus classique : les vilains parents les abandonnent dans la forêt, mais comme les chutes du Petit Poussé ont laissé des traces, les enfants retrouvent leur maison. Au deuxième essai, ça se gâte : « Mais malheureusement, les sangliers s’étaient roulés partout et avaient effacé toutes les traces. Zut alors ! » Après, ça se complique. Y a un ogre, des lieus noirs (les poissons) qui foutent le souk avec les bottes de sept lieues, le Petit Poussé (le nôtre) qui rencontre le Petit Poucet (l’Autre), et si c’est délirant, faut quand même réussir à suivre hein 
Un bel album, au format carré adéquat, avec plein de pages (circa 156 p. dit ma notice bibliographique, y en a un qui a dû s’amuser à les compter vu que le livre n’est pas paginé), des dessins très colorés, plutôt modernes et stylisés, et qui répondent parfaitement au texte. Si j’aime moyen les illustrations, j’adore le conte détourné ! Mais l’ensemble est d’une cohérence telle qu’on est obligé d’aimer le tout !
Cet album s’adresse à des enfants déjà grands, parce qu’il suppose des connaissances : le conte classique d’abord (et pas seulement le Petit Poucet, d’autres aussi !), c’est mieux pour apprécier le coup de balai, et puis un tas d’autres référentiels, l’orthographe entre autres (Poussé/Poucet, lieu/lieue) et le vocabulaire des cours de récré, pour exemple cet extrait : « Il nous suffit de suivre les traces provoquées par mes chutes répétées et nous arriverons chez nos géniteurs. Devant l’incompréhension générale, il leur tint à peu près ce langage : suivez-moi, je connais le chemin ! – cool… firent les frères, qui étaient bien braves, mais un peu limités au niveau du vocabulaire. » Sur ce la chouette pique sa crise dans son tronc d’arbre : « c’est pas bientôt fini ce boucan ! Bande de débiles ! » (Car elle a, elle aussi, un vocabulaire assez limité).
Bref, impertinent vous disais-je. Et en cela génialissime. Bravo M. Beck ! J’en veux encore !

Laure256 - - 51 ans - 18 janvier 2008