Tous les matins du monde
de Pascal Quignard

critiqué par Thémis, le 3 août 2001
(Ligny - 54 ans)


La note:  étoiles
Un livre différent des autres... de ceux qui vous font vibrer...
Cette histoire est partagée entre deux passions : celle de cet instrument peu commun qu'est la viole de Gambe et l’amour.
Monsieur de Sainte-Colombe est veuf et élève seul ses deux filles dans l'amour de la musique ainsi que dans un certain isolement ! Il n’apprécie guère la compagnie des gens. Quand son épouse est morte une partie de lui s'en est allée avec elle..
Il refusera même de se produire à la cour du roi, jugeant cet auditoire indigne de l'écouter mais avant tout de comprendre son art. Il joue pour sa femme disparue un air composé spécialement pour elle intitulé : « le tombeau des regrets. » et voit celle-ci telle une apparition ! Elle lui rendra dès lors visite régulièrement… Il aura pour élève après bien des hésitations, le jeune Marin Marais, mais celui-ci n'est pas réellement à la hauteur de ses espérances …du moins au début… Madeleine, la fille de monsieur de Sainte-Colombe sera éprise de Marin pour son plus grand malheur et celui de son père. Mais comment vous parler de ce livre sans vous en écrire quelques extraits révélateurs tel que : « Quand je tire sur mon archet, c'est un petit morceau de mon coeur vivant que je déchire. » « Je ne sais comment dire, madame. Douze ans ont passé mais les draps de notre lit ne sont pas encore froids. » ou bien : « La musique est simplement là pour parler de ce que la parole ne peut parler. En ce sens, elle n'est pas tout à fait humaine. » Ce livre est remarquablement écrit et a d’ailleurs reçu le prix de la langue de France en 1991 ! Deux heures de lecture-bonheur.. Ces 119 pages dégagent quelque chose de puissant.
Intermède musical 6 étoiles

Par facilité j'ai choisi ce court roman pour entrer dans l’œuvre de Pascal Quignard. Mais il a souffert d'emblée de 2 handicaps, pourtant évidemment prévisibles. D'abord je connaissais son adaptation cinématographique et donc sa trame narrative. Or si à la faiblesse de l'intrigue il n'y a pas la découverte du dénouement... Ensuite je peine à m'immerger dans aussi peu de pages et leurs impressions s'évanouissent aussi vite que la lecture a été courte.

Reste qu'il m'a été agréable de passer un peu de temps à l'ombre de Jean-Pierre Marielle.

Elko - Niort - 48 ans - 20 octobre 2019


Un roman qui sort un peu de l'ordinaire 7 étoiles

Tous les matins du monde est un livre qui se lit rapidement. C’est le moins que l’on puisse dire. En effet il ne m’a même pas duré le temps d’un après midi pluvieux, soit.
Cependant cela n’enlève rien au charme de ce court roman qui m’a enchanté tout d’abord par son style mais également par ses personnages, Monsieur de Sainte Colombe en particulier.
Petit bémol, l’histoire va vite en besogne, notamment dans sa conclusion, ce qui est dommage car l’auteur possédait très certainement encore assez de matériaux pour étoffer son roman.
Pour ma part ma méconnaissance de l’univers musical n’a pas était un frein. Certes le plaisir ne doit en être que plus grand lorsque l’on connaît le son de la viole ou que l’on comprend les subtilités musicales du récit mais le plaisir de lire était bel et bien là, ce qui est l’essentiel.
Un petit livre à découvrir.

Sundernono - Nice - 41 ans - 16 janvier 2014


Tous les matins du monde 4 étoiles

Tous les matins du monde est un livre qui ne m'a guère enchanté. Venant de lire trois livres de Balzac de suite, ce roman faisait piètre figure en comparaison. J'ai détesté le style d'écriture de Pascal Quignard que j'ai trouvé beaucoup trop simpliste et très peu imagé. J'aime beaucoup la musique mais là, je suis resté complètement indifférent. Il y a une grande différence entre lire sur la musique et en écouter. Je suis très déçu de ce livre.

Exarkun1979 - Montréal - 45 ans - 17 novembre 2012


puissance musicale et vacuité des personnages 6 étoiles

Un livre qu'on lit rapidement avec des personnages sans grande consistance.
On y décrit longuement la vie du héros, ours mal léché, veuf, solitaire, fidèle à sa femme disparue, élevant ses deux filles qu'on suivra jusqu'à leur adolescence... Puis la venue d'un jeune homme, Marin Marais autorisé à suivre des cours de musique avec le maître et qui deviendra l'amant des deux filles.. (100 pages)

Au cours des 30 dernières pages, l'histoire se précipite : Marin Marais quittera tout ce beau monde, se mariera avec une autre, aura 19 enfants, tandis que l'une des deux filles, enceinte de lui accouchera d'un enfant mort-né et ne se remettra jamais de cet abandon; l'autre plus dégourdie se mariera et aura 5 enfants..

Tout cela sur fond de musique baroque qu'on nous décrit comme exceptionnelle grâce à une viole perfectionnée par le héros, Monsieur de Sainte-Colombe

" Il trouva une façon différente de tenir la viole entre les genoux sans la faire reposer sur le mollet. Il ajouta une corde basse à l'instrument pour le doter d'une sensibilité plus grave et lui procurer un tour plus mélancolique. Il perfectionna la technique de l'archet en allégeant le poids de la main et en ne faisant porter la pression que sur les crins, à l'aide de l'index et du médius, ce qu'il faisait avec une virtuosité étonnante.. il arrivait à imiter toutes les inflexions de la voix humaine : du soupir d'une jeune femme au sanglot d'un homme âgé, du cri de guerre de Henri de Navarre à la douceur d'un souffle d'enfant qui s'applique et dessine, du râle désordonné auquel incite quelquefois le plaisir à la gravité presque muette, avec très peu d'accords, et peu fournis, d'un homme concentré dans sa prière."

Un livre qui ne pourrait être apprécié que grâce à un film dont les sons devraient révéler toute la puissance musicale de cet ouvrage et qui compenserait le vide des personnages.

Darius - Bruxelles - - ans - 19 septembre 2012


une histoire de viole 6 étoiles

Une échappée de mon thème de lecture favori : le polar.
Pas déçu , un bel hymne à la vieillesse aux valeurs mais surtout à la musique. Comme je l'ai lu dans une autre critique , ne vous fiez pas au film qui est totalement raté.
Un bon livre lu en 2 heures.

Ndeprez - - 48 ans - 21 juillet 2012


Délicieusement suranné. 8 étoiles

La vibration de la viole tout au long des pages, les contrastes émotionnels, la colère opposée à l'indicible beauté, une sensibilité fragile et intense à la fois...

Un livre court, subtil, on entend sa musique se glisser dans chaque page, musique portée par le classicisme du style. Peut-être un roman qui ne va pas assez en profondeur, et pourtant ses personnages sont cernés sans difficulté. On les perçoit, on les sent, dans leurs forces et leurs faiblesses.

Un roman épuré, qui va à l'essentiel, avec pudeur et pourtant beaucoup d'intensité. Et nous, lecteurs, en équilibre sur l'archet de cette histoire d'amour(s) où l'intégrité la plus vraie ne repose que dans la mélodie délicate de la viole...

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 14 avril 2012


3 étoiles! 6 étoiles

Tous les matins du monde est un roman historique écrit par Pascal Quignard. J'ai trouvé que l'intrigue manquait légèrement de consistance et surtout de rythme, elle reste prévisible de bout en bout et n'est prenante que de manière sporadique. Mais il est évident que pour apprécier ce livre il faut connaître un minimum de choses sur la musique baroque qui joue un rôle central dans ce roman. Malgré mes grandes connaissances musicales, je dois avouer que je ne m'intéresse guère à cette musique. Quant à l'écriture de Pascal Quignard tant vantée, je ne l'ai pas trouvée extraordinaire, c'est un style classique, très descriptif, il y a certes quelques jolis passages mais l'ensemble reste souvent redondant. Les personnages même si ils possèdent un peu d'épaisseur psychologique, restent stéréotypés (surtout Marin Marais). C'est donc au final un livre correct, intimiste, intéressant sur le pouvoir de la musique mais il reste hélas un peu ennuyeux et limité dans son propos.

Js75 - - 41 ans - 29 janvier 2012


"Tous les matins du monde sont sans retour"... 10 étoiles

Je n'ose ajouter un commentaire à cette liste déjà dithyrambique.
Il est vrai que je ne suis pas adepte du style consistant à enchaîner les phrases courtes ayant pour but un "réalisme" peu certain, mais l'écriture de Quignard est d'une beauté telle qu'on ne la retrouve plus beaucoup aujourd'hui. La phrase et l'intrigue vont si bien ensemble que rajouter ne serait-ce qu'un moindre mot, serait un blasphème pour la beauté de la langue française. Les ellipses et les scènes sont agencées très malignement et l'intrigue en elle-même nous laisse entrevoir quelque chose que l'on a pas vu depuis longtemps: le sublime ou comment retrouver la magnificence de l'art dans notre quotidien, question que je juge plus que nécessaire de remettre au centre du débat artistique surtout en ces temps de crise

Corentin - - 29 ans - 2 janvier 2012


magnifique 10 étoiles

Ce petit roman est très intense, avec une très belle écriture, de la poésie, de la musique. Mr de Sainte Colombe nous fait vibrer par cet instument de musique qu'est la viole, car seule l'émotion que suscite une composition ou bien une interprétation est digne d'intérêt. Beaucoup d'intensité aussi dans les relations humaines, une grande oeuvre de la littérature à découvrir.

Dudule - Orléans - - ans - 3 juillet 2010


Sublime 10 étoiles

"Tous les matins du monde" est un livre absolument superbe. On le lit à une vitesse incroyable car : Premièrement : Il est court. Deuxièmement : On ne peut pas le quitter avant de l'avoir terminé.
En revanche, si le livre est excellent, le film est complètement pourri. Mais nous ne sommes point ici pour faire une critique de film.
En bref, je vous conseille le livre. Vous le lirez très rapidement, à cause du peu de pages qu'il possède, et vous allez adorer.
Bonne lecture à tous.

Florian Bouillon - - 32 ans - 30 juin 2010


Quand CL permet de ne pas passer à côté de jolies trouvailles 8 étoiles

Tous les matins du monde, soit une petite perle aux pages jaunies cachée derrière des piles d'ouvrage plus volumineux, plus aguicheurs, plus colorés ; soit une somptueuse découverte que je n'aurai jamais décelé sans l'existence de Critiques Libres et de ces critiques de lecteurs conquis.
Cette lecture, accompagnée par l'écoute des oeuvres de viole de Marais comme l'a plébiscité Poupi, m'a ravie.

Difficile d'en dire plus sur ce que contient l'ouvrage ; la décadence sentimentale d'une vie familiale après la mort d'une mère, le recul volontaire et irrévocable pris par rapport à la société, le refuge de la musique et du silence.
A cela il faut ajouter une écriture sans fioritures, sans phrase à rallonge, mais pourtant saisissante.

D'autres beaux passages illustrant ce résumé : "Vous remercierez sa majesté, cria-t-il. Je préfère la lumière du couchant sur mes mains à l'or qu'elle me propose. Je préfère mes vêtements de draps à vos perruques in-folio. Je préfère mes poules aux violons du roi et mes porcs à vous-mêmes."
Et à propos de ce à quoi est destiné à musique : "Un petit abreuvoir pour ceux que le langage a désertés. Pour l'ombre des enfants. Pour les coups de marteaux des cordonniers. Pour les états qui précédent l'enfance. Quand on était sans souffle. Quand on était sans lumière."

Une lecture qui me fait penser sur bien des points à celle de Novecento pianiste; ce qui justifie je pense amplement les nombreuses étoiles qu'elle a recu.

Elya - Savoie - 34 ans - 4 mai 2010


Magnifique 10 étoiles

La phrase la plus marquante de ce livre a été donnée par Dirlandaise : "Tous les matins du monde sont sans retour."
Une écriture unique en son genre : des phrases courtes, pleines de magie, les bons mots au bon endroit. Des dialogues rares, mais d'une telle beauté. La plume de Pascal Quignard est vive, et rapide. En une 100 de pages, on voit se dérouler la moitié d'une vie devant nos yeux et dans notre coeur.
On ne pourrait pas dire que l'auteur nous a inventé de beaux personnages : ce sont des personnages réels. C e qu'on peut dire, en revanche, c'est que ces personnages, grace au talent de l'auteur, sont des personnages forts, pleins d'émotion, de sentiments. Comment ne pas être bouleversé par le vieux Monsieur de Ste-Colombe, cet homme qui a perdu sa femme, qui passe 15 heures par jour sur sa viole, qui a inventé la septième corde, cet homme esclave de crises de nerfs incroyables. Comment ne pas être ému par Monsieur Marais, ce jeune garçon qui découvre l'amour et veut à tout prix apprendre la viole pour devenir un maître, à l'image de Ste-Colombe.
Ce chef-d'oeuvre a été adapté pour l'écran, en un superbe film ; Marielle est Ste-Colombe, Depardieu père et fils sont Marais.
Lire ce livre, avec en fond musical les pièces de viole de gambe de Marais, interpretées par Jordi Savall...Une de mes plus belles experiences de ma vie de jeune garçon.

Poupi - Montpellier - 34 ans - 15 février 2006


Ecrivain-magicien 10 étoiles

Pascal Quignard est l'un de ces rares écrivains-magiciens. Il utilise une langue de toute beauté, ciselée et précise, des mots et des phrases qui vous ébranlent pour longtemps.
Il faut lire aussi et surtout de lui "Vie secrète", plus intime, plus difficile à aborder peut-être, où il mêle à des éléments autobiographiques une méditation hallucinée. Il y creuse ses sentiments jusqu'au vertige. On a l'impression après cette lecture, avoir touché un petit bout de paradis...

Maria-rosa - Liège - 69 ans - 10 décembre 2004


Sublime 10 étoiles

"Tous les matins du monde sont sans retour."
Ce livre est un hymne à l'amour, au temps qui passe, à la vieillesse, à l'abandon et à la mort... Mais, c'est surtout un hymne à la musique, à l'immortalité de la musique...
Vraiment très beau, rempli de poésie, d'images inoubliables et vibrantes de beauté... Et toujours la musique omniprésente à chaque page...
"Quand je tire mon archet, c'est un petit morceau de mon coeur vivant que je déchire. Ce que je fais, ce n'est que la discipline d'une vie où aucun jour n'est férié. J'accomplis mon destin."
Un hymne aussi à la grandeur de l'humanité, à la transmission du savoir, à la communion de deux esprits unis par le même amour de la musique... de la recherche du divin à travers leur art...

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 10 décembre 2004


Quelle heure merveilleuse passée avec ce livre 8 étoiles

C'est une véritable merveille d'écriture ! Ce livre se savoure lentement comme un chocolat qu'on laisse fondre sur la langue. Le film était beau aussi mais, à nouveau, ce n'est pas la même chose que l'imagination et la rêverie que laisse le livre...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 5 décembre 2001