Après nous vivez
de Didier Bazy

critiqué par Hieronimus, le 1 février 2007
( - 47 ans)


La note:  étoiles
"Là où est le péril, croît aussi ce qui sauve"
Que dire de l’innommable, de ces camps où des millions d’êtres ont connu la mort industrielle ?
Un récit tente de dire l’indicible.

En des mots de peu qui en disent tant… Un homme se raconte dans une non- vie, à la merci d’une balle dans la nuque, où ceux que l’on jette au four sont peut-être un frère, un ami, un père.

La cagoule recouvrant un visage sans yeux pour voir, et une bouche scellée par la terreur de sentir quotidiennement une mort si proche . Il y a 60 ans se fit jour le premier chapitre d’une horreur dont nous portons tous le masque. Auschwitz, à qui appartient ce mot, ce lieu de notre commune histoire ? Qui a le droit d’en parler ? Le poète fait témoigner le témoin, depuis l’intérieur même de l’enfer.

Une étrange musique résonne à travers ce texte, qui se lit autant qu’il se dit. La musique d’un être prêt à tout pour vivre quelques instants de plus dans un monde où l’humain n’existe plus, où dire bonjour n’est même plus envisageable, où se devine l’autre, le frère, comme un lointain souvenir.

De ce rien, pourra-t-il émerger l’étincelle d’une prise de conscience, enfin sortir de la
mémoire et de son cérémonial, pour librement voir, les yeux grands ouverts, cet innommable que nous nous refusons d’affronter ?
« Le pire n’est l’étranger de personne ».
mine de rien 9 étoiles

une mine

Toro33 - - 56 ans - 5 juin 2011