Dernière station avant l'autoroute
de Hugues Pagan

critiqué par Laurent63, le 1 février 2007
(AMBERT - 50 ans)


La note:  étoiles
Du polar sombre et noir
Quatrième de couverture :

Un sénateur s'est suicidé dans un hôtel quatre étoiles. Ses responsabilités au sein de plusieurs enquêtes parlementaires lui avaient permis de réunir des informations sensibles. Juste avant sa mort, il a vidé la mémoire de son ordinateur. Juste après, tout le monde est à la recherche d'une disquette. L'officier de police judiciaire, chef du groupe nuit, est le premier soupçonné d'avoir fait les poches du mort. Mais l'officier en question, à qui l'on a recommandé de ne faire ni creux ni vagues, n'a plus rien à foutre de rien depuis longtemps.

Ce roman raconte le quotidien d'un officier de police judiciaire qui sombre dans une descente aux enfers. On assiste à sa dérive dans les plus durs moments de sa carrière. L'alcool, la violence, la vulgarité sont toujours présents dans son univers, et on comprend son besoin de se laisser aller.
L'auteur sait captiver le lecteur, à travers une écriture forte, des personnages attachants, un rythme soutenu. Il arrive à nous entrainer dans la spirale dépressive de son personnage principal et à nous donner envie d'en savoir plus, d'en lire plus.
C'est du bon polar, sombre, noir, amer et efficace, avec un réalisme extraordinaire. Très bon pour les amateurs du genre, à lire sans modération...
Baltringue 8 étoiles

Je ne me souviens pas avoir lu un roman noir aussi noir !
Je ne me souviens pas avoir lu un roman policier aussi violent, désespéré, morbide, désespéré, pessimiste. Peut-être le côté violent se retrouvait-il chez Ellroy (Le Dahlia), chez Harris, King et quelques autres et le pessimisme de Frédéric Dard (l’autre côté de San Antonio, vous vous rappelez ?) valait peut-être celui de Hugues Pagan mais dans « La dernière station avant l’autoroute », nous sommes vraiment « servis ».

En effet, ce roman est une descente aux enfers (à la dernière station ?) ; celle d’un policier pas meilleur que d’autres policiers, pas pire non plus ; pas plus perverti ni corrompu mais pas « blanc » non plus. Cette descente est donc celle d’un homme avec son passé et son présent (ses enquêtes, son service, ses problèmes personnels) mais qui n’a pas de futur … sauf la mort. Des personnages l’accompagnent dans ce long cheminement : une femme, quelques collègues, des suspects, un chef, la musique de blues, sa cigarette …

Une citation (page 278 de l’édition de poche) : « D’abord, on rêve, après on meurt. Le lendemain matin, je me suis présenté au commissariat à l’heure légale. J’étais astiqué, nickel, propre sur moi. La rue aussi, récurée par le froid de glace. ». Ce qu’il faut ajouter, c’est que l’écriture de Pagan, son style, sa langue, les images qui en découlent (comme ci-dessus) sont admirables … et méritent pour moi une quatrième étoile pour CritiquesLibres.

Et pour les futurs lecteurs : « Bienvenue dans le monde des morts »

Ardeo - Flémalle - 77 ans - 23 septembre 2019


D'un noir absolu 6 étoiles

C'est effectivement d'une noirceur absolue. En tant qu'ancien flic, Hugues Pagan sait de quoi il parle et le constat est affligeant. Certes il s'agit d'un roman mais l'on imagine aisément que l'ensemble est tiré de son expérience personnelle, et malheureusement rien dans son œuvre n'incite à embrasser la carrière d'officier de police judiciaire. La dénonciation des manœuvres politiques est sans détour, et le peu de scrupules que pourraient conserver certains ne durent qu'un temps.

Le roman de Hugues Pagan relate la vie d'un commandant de police à un moment où plus rien n'à d'importance dans son existence. Il fait son temps sans ambition, sans espoir entre alcool, tabac et femmes de passage. Le rythme est inégal, alternant des parties plutôt prenantes et d'autres moins intéressantes.
Une œuvre dans son ensemble dédiée au côté obscur de la profession de flic, d'une partie défavorisée de la population et surtout d'une société dont l'avenir aux yeux de l'auteur n'est guère reluisant.

Ayor - - 52 ans - 13 février 2011