Chien jaune
de Martin Amis

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 15 janvier 2007
(Montréal - 54 ans)


La note:  étoiles
Rire jaune
Il aura fallu quatre ans avant que « Chien jaune » soit publié en français. En lisant ce texte rocambolesque dans sa version originale, on comprend le boulot épineux du traducteur. Amplement coloré par du ‘slang’ et constitué d’histoires inter-reliées, la tâche était colossale.

Le fil rassembleur de ce fouillis est le personnage de Xan Meo, un mari modèle, agressé violement au début du roman, au point de souffrir de traumatismes crâniens qui vont altérer sa personnalité, surtout sa morale. Autour de sa quête pour une explication de ce geste gratuit, l’auteur greffe des historiettes aux personnages flamboyants : un journaliste ignoble à l’affût de sensationnalisme, un cadavre dans un avion, un roi fictif d’Angleterre et sa fille, enlisée dans un scandale de vidéo coquin.

Martin Amis est un de ces écrivains contemporains britanniques talentueux dont les bouquins sont attendus au même titre que McEwan, Lodge, Boyd. Un artiste de la satire, il dépeint ici les années quatre-vingt-dix avec son œil tordu: le vide, la décadence, l’horreur d’une société qui éloigne des gens fondamentalement bons de leur vraie nature.

Or, dans sa férocité à vouloir nous faire la leçon, il dérape dans l’exagération et gâche la sauce. Tout sonne faux et/ou est recouvert d’une bonne couche de vulgarité. Ceux qui n’aiment les choses crues seront déçus. Car c’est un roman sale, vicieux, parcouru de remarques sur l’inceste, l’exhibitionnisme et l’abus de pouvoir. L’univers de la pornographie y est visité en long et en large également.

Il est difficile d’adhérer à l’idée que tous les hommes modernes soient nécessairement pervers et vils sans équivoque. À cet égard, le roman échoue et l’on en ressort confus, se demandant quelles bonnes intentions on voulait nous faire avaler avec cette grosse parodie dégoulinante?