Le sillage de la baleine débute un jour de tempête. Le lendemain, un corps sans vie est retrouvé reposant parmi les algues. Pedro Nauto, un adolescent de treize ans, qui passait par là poussé par la curiosité, reconnaît aussitôt le corps de sa mère.
Le récit est décomposé en deux parties : la première évoque avec beaucoup de réalisme la vie de ce jeune garçon, né sans père, qui se retrouve seul sans la personne qu'il affectionnait le plus. La mort de sa mère signifie également la fin des dernières espérances qu'il pouvait encore bercer de se voir révéler l'identité de son père.
Petit-fils de l'un des plus riches propriétaires terriens de l'île chilienne de Chiloé, Pedro fuit ce grand-père, méprisant sa pingrerie et la manière dont celui-ci exploite les pauvres gens du cru. Il le déteste également pour avoir renié sa mère alors que celle-ci était enceinte. Le garçon est courageux et cherche dans un premier temps à honorer les engagements de cette dernière: Il offre ses bras aux voisins pour les moissons et le meulage du blé en paiement de ses dettes puis va travailler pour un pêcheur d'huîtres. Il n'a qu'un désir : s'engager comme marin pour voir d'autres horizons.
Toute cette partie du récit est assez ethnographique et Francisco Coloane nous parle autant des particularités de la nature que des légendes et des personnages locaux. Je l'ai trouvé un peu longue en dépit du caractère attachant de ce jeune garçon.
La seconde partie nous emmène à la poursuite des baleines. Le personnage principal est Julio Albarrán, le capitaine du baleinier le Leviatan. Celui-ci a passé sa vie sur la mer et se rend compte que ses jours sont comptés dans ce métier car son oeil n'est plus aussi sûr qu'auparavant pour harponner les formidables cétacés. Le jeune pilote est impatient de prendre sa place. Les membres de l'équipage sont réunis par une même nécessité : celle de gagner leur croûte au péril de leur vie dans ces eaux extrêmement dangereuses que sont les mers proches de l'Antarctique. Une bague trouvée sur Chiloé relie Pedro au capitaine.
Le récit est ici brillamment mené : pas d'effet de manches, pas de faits héroïques faciles, mais la vie en mer avec toute sa dureté, le labeur, les tensions entre les hommes et un suspense qui s'accentue, d'autant plus efficace qu'il est conduit par une écriture simple et directe, pour finir de façon magistrale dans le dernier chapitre.
Le sillage de la baleine est un livre qui séduira les lecteurs aimant sentir l'empreinte et les senteurs du réel au coeur de l'aventure.
Kostog - - 52 ans - 18 janvier 2020 |