Harry Dickson, tome 2 : Le démon de Whitechapel
de Richard D. Nolane (Scénario), Olivier Roman (Dessin)

critiqué par Shelton, le 1 janvier 2007
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Pour un peu, on aurait peur...
Dans ce second volet des aventures de Harry Dickson, le fameux Sherlock Holmes américain, les deux auteurs, Richard Nolane et Olivier Roman, vont laisser des indices sur leurs influences, ou celles de leur héros, allez savoir…
Harry Dickson se rend, ce ne sera pas la dernière fois, au fameux hôpital psychiatrique Bart’s que fréquentait, en son temps, Holmes. Harry Dickson y a un ami qui ne lui refusera jamais rien, le professeur Haining.
C’est à la page 23 que nous voyons passer dans la rue, un personnage bien connu des bédéphiles, le fameux officier britannique Blake, mais impossible de savoir son grade ce qui aurait pu nous aider à situer la période avec exactitude… Néanmoins, il est évident que les deux auteurs revendiquent une filiation avec Jacobs. Il suffit de regarder le premier dessin de l’album et ce plan de Londres dans la nuit… on n’est pas si loin de la première case de l’Ombre jaune…
Mais avoir des influences, des dettes de création, ne signifie pas copier et être identiques. Il va y avoir, dans cette deuxième histoire, un apport inconcevable pour Conan Doyle ou Jacobs. En effet, Harry Dickson va rencontrer une journaliste, Tania Symons, une femme qui travaille dans un tabloïde londonien, l’Illustred London News (elle changera parfois de titre…). Elle est belle, pleine d’énergie, un peu suffragette sur les bords, et… Tom, le disciple et apprenti de Dickson, va tomber, très progressivement, sous son charme… Il y aura donc une présence féminine dans ces histoires. On peut même trouver que, au fur et à mesure, sa place va grandir et qu’elle deviendra plus importante que Tom. Attention ! Ne transformons pas pour autant les aventures de Harry Dickson en histoire rose ou le 221 B Baker street en lupanar… Mrs Hudson n’apprécie pas du tout la jeune femme qui vient lui ravir la une [« Encore une de ces dévergondées de suffragettes ! »]…
Cette fois-ci, l’enquête est très orientée occultisme, magie, surnaturel… Dans un quartier malfamé de Londres, deux médecins réputés se déplacent pour rencontrer une femme médium. Ils sont là pour tester une théorie, une machine incroyable… Mais lors de cette séance machiavélique, il y a comme un incident majeur… La femme meurt, un ectoplasme est libéré… Londres est maintenant en danger et Harry Dickson doit tout faire pour sauver la ville et ses habitants…
Harry Dickson va être obligé de dessiner des pentacles, de jouer avec des fourmis africaines, d’utiliser un avion avec son pilote, un de ses amis… Heureusement, le superintendant, Goodfield, du nouveau Scotland Yard, lui fait confiance malgré le silence du privé [« J’espère que j’aurai droit à quelques explications supplémentaires en temps voulu… »]…
Je ne vous en dirai pas plus sur l’intrigue qui est très bien construite et qui met la série sur les rails du surnaturel ce qui va, de fait, exclure les lecteurs très rationalistes qui ne veulent accepter que les éléments scientifiques et factuels lors d’une enquête criminelle… Pour les autres, ce ne sera que du bonheur !
Pour ce qui est du graphisme et de la narration graphique, le duo commence à fonctionner de façon très efficace et je trouve que le résultat est très intéressant. Il arrive parfois que les scènes soient très lourdes, que le lecteur se mette à transpirer, que la peur s’installe au fond de lui… C’est pour cela que je certifie que la série Harry Dickson de Nolane et Roman n’est pas faite pour les plus jeunes lecteurs… tant pis, ils attendront un peu !