Poirot résout trois énigmes
de Agatha Christie

critiqué par Zeddicus, le 30 décembre 2006
(Montbéliard - 34 ans)


La note:  étoiles
Bonnes nouvelles pour une fois
Comme chacun le sait, Agatha Christie a toujours écrit de bien meilleurs romans que nouvelles. Or, au hasard de mon passage dans une librairie, je vois ce livre intitulé "Le miroir du mort" et signé Agatha Christie. Ne le connaissant pas, je prends la décision de l'acheter. Et là, quelle ne fut pas ma surprise, quand, revenu chez moi, je me rendis compte qu'il s'agissait en réalité d'une édition de "Poirot résout trois énigmes". N'étant pas très motivé, je me décidai tout de même à le lire. Et bien, force est de reconnaître que, pour une fois, les nouvelles de le reine du crime ne sont pa si mauvaises que ça. En effet, elles sont plus longues qu'à l'accoutumée, il y a donc un vrai plantage du décor, une vraie étude du caractère des personnages et un vrai suspense. Même si "Le miroir du mort" et "L'invraisemblable vol" fonctionnent à peu près sur le même modèle : meurtre (ou vol), interrogatoire et résolution, ces deux nouvelles restent intéressantes, bien qu'un peu ennuyeuses. Quant à "Feux d'artifices", c'est probablement la meilleure de ces trois nouvelles. L'enquête y apparaît une fois encore un peu ennuyeuse, mais la résolution en est la plus surprenante.
Ce livre n'est donc sans doute pas le meilleur de l'auteur et évidemment je vous conseille de lire avant ses romans. Mais les fans, eux, peuvent se jeter dessus sans crainte d'être déçu.
Le miroir du mort... 7 étoiles

Agatha Christie a écrit de nombreuses nouvelles. Elles ont été traduites en français mais parfois certains recueils ne contiennent pas les mêmes nouvelles. Dans cette version, ce recueil contient trois nouvelles : Le miroir du mort, Feux d’artifices et L’invraisemblable vol.

On parle de nouvelles, mais dans ce cas-là, il s’agit bien de trois nouvelles longues, Le miroir du mort est presque un roman court. On se demande, parfois, pourquoi Agatha Christie a écrit des nouvelles. Est-ce par flemme, pour gagner du temps, par simplification de son travail, parce qu’il n’y avait pas assez de matière pour un roman… Je ne veux surtout pas donner des réponses simplistes sans avoir tous les éléments. Je dis simplement que bien souvent, quand elle écrit un roman, les caractères sont plus profonds, le scénario est mieux ficelé, l’énigme policière plus crédible. En clair, je la trouve meilleure auteure en roman qu’en nouvelle…

Les trois exemples en question ne dérogent pas à cette règle mais je reconnais que Le miroir du mort est si proche du roman que l’on peut se surprendre à y croire… La seconde, Feux d’artifices, ne peut pas être jugée objectivement tant on la connaît avec David Suchet dans le rôle de Poirot. Le mécanisme ne fonctionne plus, on sait tout et on finit même par se demander pourquoi le grand Hercule met autant de temps pour découvrir le pot aux roses… On finirait par douter de ses petites cellules grises… Enfin, la troisième est assez classique dans le genre, les motivations un peu prévisibles mais il reste le coup de théâtre final que le lecteur ne peut pas envisager sans indice…

Reste donc, du moins à mon avis, la première, Le miroir du mort, qui est assez solide et qui peut à elle seule justifier la lecture de ce recueil. Un homme, Gervase Chevenix-Gore fait appel à Hercule Poirot pour une « affaire qui demande à être menée avec beaucoup de tact et de discrétion ». Poirot a ses qualités, indiscutablement, mais il se fait un peu tirer l’oreille car il n’aime pas se précipiter quand on sollicite son aide… Du coup, il arrive en retard, c’est à dire au moment où Gervase Chevenix-Gore s’est tout simplement suicidé dans son bureau presque face à son miroir…

Que voulait proposer Gervase à Hercule ? Que vient clore ce suicide ? Qui profite de cette mort ? N’y a-t-il pas quelque chose de suspect dans ce décès ? Tout semble net et propre aux yeux de la police sauf… « vous ! Que faites-vous ici ? » demande le major Riddle au détective privé qu’il regrette d’avoir dans ses pattes au moment de décréter qu’il s’agit bien d’un suicide…

Hercule Poirot ne cède jamais, n’abandonne pas sa chasse à la vérité… Il veut interroger chacune des personnes présentes à Hamborough Close le soir du drame. Et, cela ne vous surprendra pas, il arrive à la fin à tout comprendre, tout expliquer… Un Poirot assez humain, presque paisible, des personnages tous plus ou moins victimes de la folie de Sir Gervase Chevenix-Gore… Un mystère qui s’éclaircit petit à petit jusqu’à l’explication finale dans le bureau devant « un cercle de visages intéressés » qui fixaient le crâne d’œuf de Poirot.

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 11 janvier 2011