Chourmo
de Jean-Claude Izzo

critiqué par Grass, le 7 décembre 2006
(montréal - 47 ans)


La note:  étoiles
Où l'histoire n'est pas la seule forme de destin
Ce second tome de la triologie Fabio Montale est probablement encore plus impliquant émotivement que le premier tome.
Maintenant qu'il a démissionné de la police Marseillaise, Montale se la coule douce face à la mer, tentant d'oublier la sale histoire qu'on a pu lire dans "Total Kheops". Jusqu'à ce que débarque sa cousine Gélou, son premier amour, qui est encore plus belle maintenant qu'à l'époque. Nostalgique notoire, cette rencontre n'est pas sans laisser Montale indifférent, mais voilà, Gélou se pointe après des années d'absence pour une raison particulière, son fils de 16 ans Guitou est disparu, et les chances sont grandes qu'il soit à Marseille.

Montale reprendra du service, un peu malgré lui, surtout par amour pour sa cousine. Et maintenant qu'il n'a plus de patron, il peut bien prendre les moyens qu'il veut. Et l'histoire derrière la disparition de Guitou, bien sûr, en révèlera d'autres.

Le personnage de Fabio Montale est une pure réussite. Un être complexe et touchant, qui plonge autant dans les grands trous noirs que dans les petits bonheurs.

Et y'a Marseille, encore et toujours, qui, tout comme le personnage principal, ne nous laisse d'autre choix que de l'aimer, malgré tout.
la galère 10 étoiles

La galère, la chiourme, le "chourmo" en provençal, un vieux mot devenu synonyme de bande, où l’on partage tout, pertes et gains compris. On est bien à Marseille, en cette fin de vingtième siècle, au milieu des barres des quartiers nord, terrain propice aux activités illicites, à la "débrouille", pour s’en sortir, pour survivre en cette époque de misère qui n’en finit pas et n’a toujours pas fini vingt ans après. Terrain propice aussi à la montée de l’islamisme, endoctrinant les jeunes les plus désœuvrés, avec comme un goût de revanche sur une société qui les rejette. On ne parle pas encore de "djihad", cette guerre sainte contre les "croisés", qui va enflammer le monde entier à l’aube du siècle qui va suivre. Et pourtant, GIA et FIS, nés en Algérie, commencent à conquérir leur part du marché, sur le terrain fertile de cette jeunesse en déshérence. Fabio Montale, qui a quitté un an auparavant la police, comme on pouvait d’en douter à l’issue du premier opus de la "trilogie marseillaise", est bien décidé à venger la mort de Serge, son ami, ex-animateur de quartier, abattu devant lui au nez et à la barbe d’une police impuissante sinon désireuse de se débarrasser à bon compte de la "racaille". Il va également se mettre à la recherche du plus jeune fils de Gilou, sa belle cousine, disparu du domicile familial. Une plongée dans l’horreur d’une époque, loin d’être révolue, où mafias et intégrismes en tout genre se donnent la main pour plonger notre société, ou ce qu’il en reste, dans le chaos le plus total, et ce pour leur plus grand profit. La vision de Jean-Claude Izzo est noire, très noire, mais fait la part belle aux valeurs humanistes qui tentent de surnager au milieu de cette vallée de larmes, au travers de personnages solaires : Fabio, bien sûr, mais aussi Honorine, Fonfon, et toutes ces femmes que notre héros a aimées et jamais oubliées.

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 1 janvier 2018


Izzo nous manque vraiment 10 étoiles

Je renvoie à ma critique de Total Khéops, les qualités de chaque tome étant très proches et celle de Grass très pertinente pour Chourmo.

Falgo - Lentilly - 85 ans - 16 février 2011