Les sirènes de Bagdad
de Yasmina Khadra

critiqué par Fleur783, le 7 décembre 2006
( - 72 ans)


La note:  étoiles
Un livre magistral
Qu'est venu faire ce jeune Bédouin irakien dans la capitale libanaise ?

Khadra ne juge jamais, et nous livre ici le troisième volet de la trilogie qu'il consacre au dialogue de sourds opposant l'Orient et l'Occident;

Ce livre est saisissant de force et de beauté et m'a bouleversée. Je crois que l'on ne ressort jamais indemne
après une lecture de Khadra.

Extrait : pages 8 et 9

"Je suis arrivé à Beyrouth, il y a trois semaines, plus d'un an après l'assassinat de l'ancien Premier Ministre Rafic Hariri. J'ai perçu sa mauvaise foi dès que le taxi m'a déposé sur le trottoir. Son deuil n'est que façade, sa mémoire une vieille passoire pourrie ! d'emblée, je l'ai détestée.

Beyrouth est une affaire bâclée ; son martyre est feint, ses larmes sont de crocodile - je la hais de toutes mes forces, pour ses sursauts d'orgueil qui n'ont pas plus de cran que de suite dans les idées, pour son cul entre deux chaises, tantôt arabe quand les caisses sont vides, tantôt occidentale lorsque les complots sont payants. Ce qu'elle sanctifie le matin, elle l'abjure la nuit ; ce qu'elle revendique sur la place, elle s'en préserve sur la plage, et elle court après son malheur comme une fugueuse aigrie qui pense trouver ailleurs ce qui est à portée de sa main..."

Lecture incontournable...
Un kamikaze de porcelaine 8 étoiles

Depuis des générations immémoriales, des gens dans un village aux confins du désert irakien vivent reclus loin des conséquences de la guerre dans leur pays. Un endroit où ses habitants, les jeunes en particulier, sans instruction, sans emploi, sans espoir face à l’avenir, vivotent dans la misère et la pauvreté. Enracinés dans des pratiques religieuses ancestrales, ils substituent les mythiques chants des sirènes par des berceuses aux versets coraniques. Des ouï-dire sur le conflit armé provoquent quelques vives discussions sans toutefois troubler le climat moribond des lieux. Puis, subitement, ils deviennent les témoins d’horreurs et les victimes de ces hostilités lorsque des soldats américains les attaquent tuant des femmes, des enfants, des vieillards, mais épargnant curieusement les mâles dans la vingtaine. Durant la même période, devant le téléviseur du café, les jeunes écoutent comme la trame musicale d’un film les cris des sirènes, des ambulances et assistent en téléspectateur à la guerre, aux actions terroristes, aux étalages des ignominies, des déshonneurs faits à leur peuple. Les jeunes gens en colère découvrent alors un sens à leur existence sur la terre. « Nous sommes la colère de Dieu […] nous allons reconduire ces démons en enfer […]» Dorénavant, laver par le sang les affronts devient un passage obligé et on se retrouve dans un délire collectif, un terreau de fanatisme pour le recrutement de Kamikazes et de poseurs de bombes. L’un d’eux, le narrateur anonyme du roman, se voit alors confier la mission finale aux conséquences « mille fois plus percutante que les attentats du 11 septembre». Dans ce tunnel de folie meurtrière, quelqu’un verra-t-il, avant qu’il ne soit trop tard, une lumière au bout pour sauver l’humanité?
Dans ce roman, contrairement à leur réputation, les kamikazes ne ressemblent en rien à des psychopathes. Ces apprentis kamikazes sont des humains perdus, à la recherche d’une identité, brisés par la vie, découragés, ils auraient voulu se libérer de la pauvreté et de leur vie misérable. Tous endoctrinés par des valeurs islamiques, on trouve chez le personnage central l’incohérence des uns, le dilemme des autres et les confusions intérieures de la plupart d’entre eux. Cet ex-étudiant universitaire se décrit comme un individu hypersensible à la souffrance des autres, ayant horreur de la violence. « J’étais ainsi […] Un être de porcelaine]» À l’opposé, il demeure enraciné psychologiquement à l’islam et à son incontournable vengeance par le sang. Alors, il se livre une guerre à lui-même en se cramponnant à ses croyances religieuses jusqu’à nier, à désavouer et à ignorer cette seconde partie de lui-même qu’il identifie comme une toxine dans son cerveau. À la fin dans une progression de tension, le héros en prenant une décision déconcertante propage sa confusion chez le lecteur.
Tout au long du roman, l’auteur démontre sa capacité de créer une ambiance. Tel un diaporama, il use de nombreuses figures de style pour imager et atténuer la lourdeur du récit. Il dissèque avec les mots les facettes, les enjeux entremêlés et expose, sans les nommer, ses aspects sains de même que ses métastases. Peut-être, un message d’espoir de guérison pour l’humanité. Un livre à lire et un auteur à découvrir.

Charles-Edouard - - 69 ans - 15 avril 2011


D'une beauté poignante 7 étoiles

Au début on se perd un peu avec tous ces personnages dont on a du mal à établir les liens, puis la mécanique se met en place et on s'attache au jeune héros.
Point de vue intéressant que de partager le quotidien des irakiens, on ressort de cette aventure avec un regard différent.
Pas aussi bien que "ce que le jour doit à la nuit", mais agréable à lire et bien construit.

Crevetta82 - - 41 ans - 29 janvier 2011


Dure réalité 9 étoiles

Je me suis de nouveau laissé entraîner dans une plongée au cœur de l’enfer quotidien d’un pays en guerre, l’Irak en l’occurrence. Yasmina Khadra m’épate, j’ai l’impression qu’il a vécu tous ces conflits, tellement son écriture est (malheureusement) criante de vérité. Cette impression est renforcée par son utilisation de la première personne en tant que narrateur. L’auteur nous renvoie durement de l’autre côté des images et commentaires que l’on peut voir et entendre via les médias. Heureusement qu’il existe des auteurs talentueux tels que lui pour nous raconter ce qui se déroule (aujourd’hui !) dans des contrées qui nous paraissent bien éloignées, tant géographiquement que culturellement. Merci Monsieur Khadra pour cette trilogie dont j’ai apprécié chacun des livres (Les hirondelles de Kaboul, L’attentat et Les sirènes de Bagdad). Au plaisir de vous relire…

Ketchupy - Bourges - 44 ans - 23 décembre 2010


Témoignage saisissant 8 étoiles

C’est un récit saisissant et profond. Yasmina Khadra, dans une écriture superbe, dénonce les atrocités de la guerre, du terrorisme et de l’arrivée des Américains. Ça commence à Kafr Karam, dans un petit village, bien ordonné, où tous les gens se connaissent. Les GI ont outragé le père du jeune Badouin, tel que décrit en quatrième couverture. Bouleversé, le fils indigné se promet de sauver l’honneur. Puis arrive un accident à Souleyman, l’attardé mental du village, il se fait trancher deux doigts. Le protagoniste, le conduisant au dispensaire du village voisin, voit surgir les GI. Apeuré, le blessé poussa un cri perçant et s’enfuit en courant. Malgré les supplications de son père de ne pas tirer, qu’il était un malade mental, on lui fit exploser la tête. Trop de difficultés à s’en remettre, le protagoniste déménage à Bagdad pour s’apercevoir, ce qu’est devenue la plus fabuleuse ville du Moyen-Orient, où les attentats, commis par les Occidentaux, y sont monnaie courante. (Ce qui n’a rien de réjouissant pour nous).

Chemin faisant, en autobus, pour aller voir sa sœur Farah, il rencontre plusieurs barrages militaires. Dans un de ces arrêts, il se fait suivre par des jeunes, en quête de butin. Arrivé à la clinique de Farah, une grande déception l’attend. Elle lui donne un peu d’argent, mais ne peut le recevoir à sa maison, car elle demeure avec un homme, sans être mariée. Ce qui est inacceptable pour lui, sa sœur aînée, une dévoyée. Il se rend donc à la mosquée pour y dormir enfin une bonne nuit, pour se rendre compte, le lendemain, qu’on lui a volé le peu qu’il possédait. Il vit en clochard jusqu’au jour où il rencontre son cousin. C’est après que commencera son changement de vie.

On suit le parcours du héros, du début à la fin. Le bon garçon, docile et sensible qu’il fût, dévie de ses principes. Jusqu’où ira ce basculement, dans lequel il se sent bien, pour assouvir sa haine des Américains, et sauver l’honneur des siens?
Dans ce roman, on y retrouve du Camus. Tout comme dans "La peste », alors que la souffrance est omniprésente, l’humanisme du personnage-narrateur atteint son paroxysme et crée une certaine solidarité avec le monde. Avec la prise de conscience de son personnage principal, Yasmina Khadra nous atteint au plus profond de nous-mêmes. C’est un témoignage criant de vérité qu’on n’oubliera pas de sitôt. Vraiment à lire.

Saumar - Montréal - 91 ans - 20 décembre 2010


J'aime vraiment cette oeuvre, mais j'ai oublié le nom du personnage 9 étoiles

Bonjour à tous
Depuis que je suis en France, je me suis mise à lire Yasmina Khadra, et là je viens de finir Les Sirénes de Bagdad, je suis éblouie par l'histoire, mais aussi par le style littéraire!
Mais une chose échappe à ma mémoire, je n'arrive plus à retenir le nom du jeune homme qui était très humain et qui se transforme en monstre terroriste, voudriez vous me le rappeler? car le livre que j'ai lu n'est pas à moi, et je l'ai rendu à son propriétaire.
Merci bien de me répondre
Sur ce, je reprends ma lecture de l'Attentat

Sirano Hafsa - - 38 ans - 29 mars 2010


Du docu-roman 6 étoiles

Tellement de critiques sur ce livre déjà... pour moi, tout a été dit, reste la place à l'avis personnel.

Contrairement à Nance, j'ai trouvé justement intéressant que ce soit un roman qui traite du sujet. Des documentaires, on en a vus et revus, mais il s'agit toujours d'un portrait à un moment donné, jamais de l'origine et l'évolution de cette haine qui peut mener au terrorisme. Ici, on est invités à "comprendre" les raisons du geste du narrateur, le climat dans lequel se développent ses idées, les (mauvaises) rencontres, etc.

J'ai apprécié: sur le fond, qu'il n'y ait pas trop de moralisme, que la parole soit donnée à la compréhension de la situation. Sur la forme, l'écriture en général fluide.

J'ai moins aimé: sur la forme, de temps en temps une formule ampoulée qui tranche avec la fluidité de l'ensemble du roman. Sur le fond, c'est le seul Khadra que j'ai lu jusqu'à présent, et je ne suis pas sûre d'avoir envie de me jeter sur tous les autres, dont les sujets paraissent très semblables.

Je lui mets 3 étoiles, parce que dans le genre, il n'arrive pas à la cheville de "Et il y eut un matin", de Sayed Kashua ( http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/12142 ), le premier livre dont j'ai eu envie de partager la critique sur ce site...

Mallollo - - 42 ans - 14 octobre 2009


Pas mon genre 6 étoiles

Ça se lit bien, c’est fluide, mais j’ai eu de la difficulté à me connecter à l’histoire. Enfin, j’ai aimé le différent angle d’éclairage du récit sur les différences culturelles, il y a quelques moments forts, surtout vers la fin, mais je me sentais loin des personnages en général, il y avait des longueurs. Je ne crois pas avoir vraiment aimé ce roman, je préfère les reportages à la télévision sur le sujet.

Nance - - - ans - 26 août 2009


Aujourd'hui, j'ai mangé du poulet rôti 6 étoiles

Si le livre apporte un éclairage intéressant sur la guerre en Irak, et sur l'incompréhension entre Occident et Orient et les différences culturelles, la lecture du roman ne m'a pourtant pas enthousiasmé. Le ton est plus proche du documentaire que de la littérature, et il ne se passe pas grand chose: des pages entières relatent les faits et gestes du personnage ("j'ai mangé du poulet rôti", "j'ai pris le bus, et il faisait très chaud,...") ce qui fait que le livre n'est pas passionnant du tout.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 20 juin 2009


Histoires du bourbier 9 étoiles

L’approche de Khadra pour ce roman est moins axée sur le suspense par rapport aux précédents. Néanmoins, il conserve son efficacité redoutable à faire évoluer une multitude de personnages avec clarté et ce sans recourir à l’utilisation de clichés.

Lorsque l’on s’attaque à un sujet d’actualité politique, il faut faire attention de ne pas trébucher dans le piège de ses propres convictions. Selon moi, l’auteur s’en tire bien à cet égard, puisqu’il multiplie les points de vue sur le conflit et choisit essentiellement de nous fait vivre l’Irak de l’intérieur ; les mentalités, les traditions, les défaites et les espoirs.

Un portrait d’un pays en déroute, certes bien connu des observateurs de l’actualité, mais tout de même fort prenant.

P.S. si vous ne voulez pas connaître la fin, ne lisez pas la critique éclair sous la mienne…

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 20 mai 2009


L'avis de Patryck Froissart 10 étoiles

Titre: Les Sirènes de Bagdad
Auteur: Yasmina Khadra
Editeur: Julliard (2006)
ISBN: 2260017126

Si vous ne voulez pas connaître la fin, ne lisez pas cette critique

Qu'est-ce qui fait qu'un homme ordinaire devient un terroriste?

Le héros, irakien, de ce roman tragiquement réaliste, sur le point de commettre l'acte terrible qui doit anéantir la suprématie occidentale, revient sur les événements qui l'ont amené à faire de son propre corps une arme de destruction massive, alors que rien, dans sa jeunesse en son village perdu de Kafr Karam, où, ses études littéraires à Bagdad interrompues par l'invasion américaine, il rêve de poésie et de monde meilleur.

Ces événements sont ceux dont nous avons tous vu les images sur nos écrans de télévision:

l'occupation du pays par les armées occidentales, qui sont d'abord perçues comme porteuses de liberté après la chute et la capture de Saddam mais qui, très vite, par leur comportement arrogant et irrespectueux des traditions locales, par leurs attaques arbitraires et leurs exactions criminelles, deviennent de nouveaux tyrans d'autant plus insupportables qu'elles sont étrangères ( “Saddam était un tyran, mais au moins il était des nôtres”)
l'assassinat à un barrage routier, par des soldats américains, du simplet du village, qu'ils ont pris pour un candidat à l'attentat suicide
le bombardement par les troupes américaines, à proximité du village, d'une maison où se déroule un mariage auquel assistent des proches du héros
et enfin, et surtout, l'intrusion nocturne, sauvage, de militaires américains dans la maison familiale, l'humiliation des femmes sorties à moitié nues de leur chambre, et, affront suprême, insupportable pour un musulman, la vision du sexe du père traîné dénudé par les envahisseurs. Deux heures plus tard, le jeune héros, jetant derrière lui sa philosophie de non-violence, est sur la route de Bagdad où il compte rejoindre les rangs de la résistance

Qu'est-ce qui fait qu'il est des hommes qui ne deviendront jamais des terroristes?

C'est la question que posent les dernières pages du livre.
Après de longs mois de préparation psychologique et biologique à l'action directe, notre personnage, au moment d'embarquer dans l'avion qui le conduira sur le théâtre de l'opération finale qui doit aboutir à l'extermination des populations occidentales, observe ses compagnons de salle d'attente inconscients de ce qui va les frapper dès leur arrivée à Londres, puis, plongeant dans une profonde rêverie, rate son vol et se réveille avec la conviction qu'il ne peut ôter la vie.

Le dénouement permet à l'auteur d'exprimer sa foi en l'homme.

Mais deux questions demeurent:
pour un individu qui renonce au fanatisme, combien vont jusqu'au bout?
le terrorisme n'étant pas de génération spontanée, pourquoi ne condamne-t-on généralement que ceux d'un camp, sans vouloir admettre que leur violence est provoquée par celle de ceux d'en face?
Yasmina Khadra, écrivain algérien francophone, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, est l'auteur, entre autres oeuvres, de L'Attentat et de Les hirondelles de Kaboul. Il vit à Aix-en-Provence.

Patryck Froissart, Plateau Caillou, le 22 avril 2009

FROISSART - St Paul - 77 ans - 22 avril 2009


Kafr Karam 8 étoiles

Kafr Karam est un village perdu sur la frange des étendues désertiques de l’Irak ; trou du c… de l’Irak. L’atmosphère et la vie, indolente et comme figée, avant l’arrivée de la guerre et des américains, nous sont parfaitement décrites par Yasmina Khadra qui excelle dans cette connaissance. Mais la réalité va rattraper Kafr Karam. La réalité c’est la guerre, c’est l’intrusion d’étrangers occidentaux – des américains en l’occurrence – qui va tout bousculer au mépris des codes de vie locaux. Et quand la machine à tuer est lancée …

« Si Bagdad avait survécu à l’embargo onusien juste pour narguer l’Occident et ses trafics d’influence, elle ne survivrait assurément pas à l’affront que lui infligeaient ses propres avortons.
Et j’étais venu, à mon tour, y sécréter mon fiel. J’ignorais comment m’y prendre, cependant j’étais certain de lui porter un vilain coup. C’était ainsi depuis la nuit des temps. Les Bédouins, aussi démunis soient-ils, ne badinaient pas avec le sens de l’honneur. L’offense se devait d’être lavée dans le sang, seule lessive autorisée pour garder son amour-propre. J’étais le garçon unique de la famille. Mon père étant invalide, c’était à moi qu’échéait la tâche suprême de venger l’outrage subi, quitte à y laisser ma peau. La dignité ne se négocie pas. Si on venait à la perdre, les linceuls du monde entier ne suffiraient pas à nous voiler la face, et aucune tombe n’accueillerait notre charogne sans se fissurer. »

Et donc, voilà notre gaillard en perte complète de repères parti pour Bagdad, capitale qui a déja sombré dans la folie et l’irrationnel. Yasmina Khadra a un peu de mal, je trouve, à nous faire comprendre ce basculement de jeune adulte équilibré qui se livre progressivement aux forces déterminées à tuer à tout prix, à tuer tout. Il est plus à l’aise dans les épisodes qui amènent ce basculement, plus factuels et qui illustrent la maladresse, l’absence de psychologie des G.I. et des occidentaux en général probablement vis à vis de ces peuples orientaux. Il y est plus crédible aussi.
Une chose est sûre néanmoins au sortir de ce livre ; l’incompréhension, l’arrogance et l’impunité des soldats occidentaux a créé un fossé qui n’est pas prêt d’être résorbé !

Tistou - - 68 ans - 26 mars 2009


« J’avais une offense à laver dans le sang » 6 étoiles

Il n’a pas de nom parce qu’un nom est déjà un premier aveu devant les policiers, parce que sa vie risque d’être bien trop courte pour qu’on se souvienne de celui-ci, parce que tout le monde le connait dans son petit village de bédouins qu’il a rejoint quand la faculté de Bagdad a fermé ses portes au début du conflit. Et, depuis, il vit tranquillement entouré des ses sœurs attentives en passant son temps avec les jeunes désœuvrés du village. Mais la guerre le rattrape vite, un première fois quand le fils un peu simplet du ferronnier se fait abattre par les soldats quand il s’enfuit au contrôle d’un check point, une deuxième fois quand la noce de jeunes mariés du village est écrasée par des missiles qui laissent la mort et le désastre sur la plus belle propriété de la région et enfin, une troisième fois quand les soldats américains font irruption chez lui bousculant et humiliant femmes et enfants et surtout son père devant lequel il ne paraitra plus avant de l’avoir vengé car l’honneur chez les bédouins se place au-dessus de la vie.

Il décide ainsi de rejoindre Bagdad et les fédayins car ‘L’offense se devait d’être lavée dans le sang, seule lessive autorisée pour garder son amour-propre. » Alors, commencent les tribulations du pauvre garçon seul dans la ville, livrée à tous les démons, qui cherche un point d’ancrage à partir duquel il pourra exercer sa vengeance et vider toute sa haine. Il connaîtra ainsi la misère, la peur, les attentats, les trahisons et enfin l’attention de ceux qui le destinent à un avenir historique qui marquera un changement radical dans la vie de l’humanité.

Khadra change de terrain d‘action mais ne change pas de méthode, certes son récit linéaire et clair lui permet de concentrer au cœur de son intrigue tout, ou peu près, ce qui peut arriver dans un pays comme l’Irak en ébullition après la chute de son dictateur, mais son analyse est un peu trop simpliste pour que son message qui voudrait être de paix, mais ne l’est peut-être pas tant que ça, parvienne au plus grand nombre de lecteurs. Il semblerait que Khadra ait eu les coudées moins franches à Bagdad qu’à Kaboul et qu’il soit obligé de donner certaines garanties aux tenants d’un certain pouvoir pour se permettre certaines critiques qu’il atténue bien vite en recourant au fameux catalogue des lieux-communs sur la question qui nous sont servis régulièrement par les divers médias. Et, bien sûr, en n’évitant pas le célèbre « les Occidentaux n’ont rien compris à l’Orient » et en omettant que ce théorème, comme tout bon théorème, pourrait avoir un corollaire qui dirait que « les Orientaux n’ont rien compris à l’Occident».

Rien de nouveau donc sous le soleil de Bagdad après la publication de ce roman, les médias nous avaient déjà tout dit ce que raconte Khadra même si celui-ci nous laisse sur un message d’espoir, une miette d’humanité, qui pourrait faire douter tous ceux qui ne pensent qu’à verser le sang, peu importe d’où il vienne !

Débézed - Besançon - 77 ans - 5 mars 2009


D'un malentendu qui grandit... 6 étoiles

Khadra ne fait pas vraiment partie de mes auteurs de prédilection. Si je reconnais des qualités à son écriture, je déplore cependant parfois le fait qu'il reste cantonné à une réalité trop présente dans ses lignes, transformant le roman en vaste documentaire. Pas inutile pour dénoncer, certes, mais pas tout le temps ce que j'attends non plus d'un roman.
Toutefois, j'apprécie le fait qu'à travers ses livres, il soulève des débats d'idées et envisage cette confrontation entre civilisations que nous semblons décidément avoir beaucoup de mal à gérer sans faire de heurts ici ou là.
Les mécanismes de la rancoeur et de la vengeance sont ici disséqués, reflet de ce qui se passe dans la dure réalité du Moyen ou Proche/Orient, et c'est sans doute ce qui permet au livre de marquer les esprits, de faire son chemin dans la tête jsuqu'à faire naître la révolte et la colère. Parce que cet Irak transformé, c'est celui d'aujourd'hui, que nous avons contribué à créer en laissant faire. Se glisser dans la peau d'un terroriste ou dans la tête d'un GI, voilà une proposition menée par Khadra, de manière habile et élégante, dérangeante aussi car au final, on ne sait plus trop de quel côté se positionner et on se dit que tout de même, tout cela est terriblement compliqué.
Intéressant donc, à lire certainement pour toute la richesse que dépose Khadra au fil des pages et la qualité de sa plume, mais pas une lecture exceptionnelle en ce qui me concerne, parce que encore trop proche de la réalité et ne faisant pas preuve de suffisamment de recul, malgré son apparente objectivité.

Sahkti - Genève - 50 ans - 16 janvier 2009


YASMINA KHADRA TOUJOURS AUSSI EXTRAORDINAIRE… 6 étoiles

Ce livre est sans doute le plus «dur» de KHADRA, sans doute aussi par la difficulté du thème traité… Si j’ai moins aimé l’histoire en elle-même, car j’ai eu beaucoup de mal à croire à la «conversion» aussi rapide d’un garçon pourtant intelligent et non violent en un islamiste pur et dur...

L’histoire n’est pas vraiment crédible surtout si l’on tient compte de la «rédemption» du héros à la fin du livre, qui alors ne cadre donc plus avec le fait que justement il est devenu un terroriste islamiste, et alors qu’il vient d’assassiner sauvagement le Dr. Jalal …
La «rédemption»aurait intervenir beaucoup plus tôt dans le roman, au moment où son cousin Omar le caporal et son ami sont sauvagement assassinés par les «amis» islamistes du héros et ce sans aucune raison, ceci aurait sans doute changé le cours del’histoire du roman, le rendant sans aucun doute plus intéressant.

J’ai en tous cas été toujours aussi subjugué par la beauté et la finesse de l’écriture de KHADRA, qui comme toujours nous emporte avec lui au plus profond de son monde.

Un grand livre.

Septularisen - - - ans - 18 décembre 2007


Intéressant mais ne mérite pas tant d'éloges 6 étoiles

C’est un livre qui dévoile la guerre en Irak après la pendaison de Saddam Hussein.
C’est un livre qui fait réfléchir sur les futures guerres mais qui contient certaines longueurs. Néanmoins on découvre les deux partis de la guerre. Les américains effrayés qui tirent sur tout ce qui bouge. Du coup beaucoup d’erreurs et de morts inutiles sont mises en scènes dans ce livre.
Puis les irakiens qui voient dans ces erreurs : de grandes injustices. Ils deviennent des intégristes créant un grand nombre de morts. Cet ouvrage montre comment peut on en arriver là? L’auteur montre une réalité d’un pays en détresse et comment chacun fait pour résister ou réagit face à cela.

Wakayoda - - 44 ans - 22 octobre 2007


Les sirènes de Bagdad 10 étoiles

Yasmina Khadra auteur extraordinaire.

Jeune bédouin qui vit dans un village perdu aux confins du désert irakien. Coin de pays tranquille. Toute la communauté de ce village vit autour de valeurs sacrées, des tabous aussi. Ce jeune bédouin (personnage principal) ambitionne de faire des études à Bagdad. À cause de l'invasion des troupes américaines en Irak, ce rêve ne se réalisera pas.
L'assassinat d'un simple d'esprit par des soldats, l'outrage fait à son père par les G I., le carnage un soir de noces, l'humiliation infligée aux siens transforme ce jeune homme pacifique en un jeune plein de haine, ayant un immense dégoût pour les Américains. Cherche dans la violence aveugle une solution pour en finir avec le mal.

Ce jeune homme survit à Bagdad dans un désœuvrement total, donc une proie rêvée pour les islamistes radicaux.
Comme toujours avec Yasmina Khadra, on ne se croit pas dans une fiction tellement c'est contemporain et proche de la réalité. Encore une fois la littérature de Khadra m'a bouleversé

Micka - - 80 ans - 9 janvier 2007


C'est un très bon livre... 9 étoiles

J'ai beaucoup aimé ce livre comme bon nombre de cet auteur.

Cette fois, il nous emmène à Bagdad. Nous y suivons le cheminement d'un jeune homme non violent par essence qui aspirera à devenir martyr pour laver son honneur dans le sang.

L'auteur nous décrit cette histoire sans jugement de valeur. Il reste le plus objectif possible. C'est ce que j'apprécie le plus chez cet auteur.

Cracotte - - 48 ans - 28 décembre 2006