La papesse Jeanne / L'indomptée
de Donna Cross

critiqué par Madame Mim, le 27 novembre 2006
(Neuchâtel - 43 ans)


La note:  étoiles
L'Histoire réécrite
Comment, au IXe siècle, une femme a-t-elle pu se faire élire pape sans que personne ne soupçonne son véritable sexe ? La papesse Jeanne a vraiment existé, et son nom figure dans les registres du Vatican. C'est son surprenant destin, plein d'aventures extraordinaires, d'intrigues et d'amours, que retrace cet étonnant roman, fondé sur des données historiques indiscutables.

Née en France en 814, d'un père sévère et rigide, Jeanne est révoltée contre les préjugés et les interdits qui pèsent sur son sexe. Elle apprend à lire et à écrire en cachette, et parvient à se faire admettre à l'école de Dorstadt grâce à ses connaissances en latin et en grec.
Ne pouvant loger à l'école avec les garçons, elle habite chez son tuteur, Gerold, et l'épouse de celui-ci, dame Richild. Mais Gerold et Jeanne tombent amoureux l'un de l'autre...
Ainsi, commence l'étonnant et authentique destin de celle qui parviendra à s'introduire au Vatican pour soigner le pape malade, et finira par se faire élire sur le trône de Saint Pierre sans que personne découvre son véritable sexe.
Jusqu'à ce qu'un événement inattendu vienne tout bouleverser...
Un peu décevant 6 étoiles

En 814, peu après la mort de Charlemagne, Jeanne nait à Ingelheim sur le Rhin. Elle est la fille d’un prêtre d’origine saxonne qui dirige sa famille d’une main de fer. Dès son enfance Jeanne se révèle très curieuse et très éloquente. Elle convainc Matthias, son frère aîné, de lui apprendre à lire et à écrire. Après la mort subite de Matthias, son père veut envoyer Jean, son deuxième fils, à Dorstadt à l’école de la cathédrale, mais, Jeanne se montre intellectuellement beaucoup plus douée que son frère. Contre la volonté de son père, Esculape, lettré d’origine grecque, donne des cours à la jeune fille et lui fait découvrir des œuvres littéraires autres que religieuses comme l’Odyssée ou les philosophes classiques. Lorsqu’arrive un envoyé de l’évêque pour amener Jeanne à l’école de la cathédrale, son père prétend qu’il y a eu une erreur et y fait aller Jean à sa place. Pendant la nuit Jeanne s’enfuit de chez elle et rejoint son frère, dont entretemps le compagnon a été assassiné. À Dorstadt, Jeanne impressionne l’évêque par l’étendue de ses connaissances. Le prélat fait en sorte que le frère et la sœur soient acceptés dans sa classe par le moine Odon, bien que ce dernier soit très hostile envers la fille. Celle-ci reçoit le soutien du comte Gerold, qui l’emmène chez lui et tombe amoureux d’elle. Quelque temps plus tard, le comte doit partir en guerre aux côtés de l’empereur Lothaire Ier. Son épouse Richilde en profite pour tenter de se débarrasser de sa rivale en la mariant. Au moment précis de la cérémonie, les Normands envahissent la ville et font un immense carnage au cours duquel sont tués Jean ainsi que la femme de Gerold et leurs enfants. Johanna ne survit que parce qu’on l’a crue morte…
Ainsi débute « L’indomptée », roman historique à l’américaine dans la lignée de célèbres ouvrages d’un certain Dan Brown. Le lecteur friand de vérité historique en sera une fois encore pour ses frais, car dans cette œuvrette, c’est le roman qui se taille la part belle avec cette histoire rocambolesque pleine de violence (le carnage de Dorstadt par les Normands puis la prise de Rome par les Sarrasins, les deux moments forts sont à déconseiller aux âmes sensibles !), d’intrigues, de turpitudes en tous genres, d’obscurantisme (tout phénomène naturel, toute maladie, tout incident climatique est incriminé au divin) et l’historique qui n’a que la portion congrue. Si vous voulez apprendre quelque chose de sérieux sur ce personnage légendaire, passez votre chemin ! En quatrième de couverture, l’éditeur précise que « L’indomptée » aurait demandé sept années de recherches et d’écriture à Donna Cross. Cela ne se remarque que dans le contexte, les décors et l’ambiance mais malheureusement pas pour les deux années de règne de cette incroyable et improbable papesse ! À classer dans le romanesque et presque dans la romance plutôt que dans l’Histoire sérieuse.

CC.RIDER - - 65 ans - 27 mai 2020