Adler, tome 3 : Muerte transit
de Sterne (Scénario et dessin), Chantal De Spiegeleer (Couleurs)

critiqué par Shelton, le 18 novembre 2006
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Direction le Mexique...
C’est en 1989, qu’est sorti cet album aux éditions du Lombard, le troisième volet des aventures de jeune pilote allemand, déserteur en 1942 car écœuré par les horreurs de la guerre. Dès le début de l’album, nous sommes en compagnie de la belle Helen, l’amie, la chérie, la femme de notre héros. Mais elle n’est pas en sa compagnie…
Helen est au sein d’une troupe d’archéologues dirigée de main de maître, enfin de maîtresse, par Miss Cavendish, pur produit universitaire britannique. Le groupe bivouaque en attendant d’une part le complément de matériel que Adler doit livrer par avion et d’autre part que les vestiges mayas soient bien au rendez-vous dans ces collines du nord du Mexique…
Mais dans les histoires racontées par René Sterne, les choses ne peuvent pas se produire comme prévues, ce serait trop banal et il n’y aurait pas d’aventures possibles…
Donc l’avion de notre ami Adler va connaître quelques difficultés, le bivouac scientifique sera l’objet d’une convoitise certaine, pour ne pas dire plus, Adler rencontrera la belle et richissime Angela tandis que Helen découvrira que le bandit rustre Chato pouvait avoir quelques qualités humaines…
Mais comme dans toute bonne aventure de ce genre, on peut penser, légitimement, que Adler et Helen finiront par se retrouver… Mais dans quelles conditions, à quel prix, pour combien de temps ?
Et la mort, dans tout ça ? Elle est bien là, avec son cortège de terreur, de chagrin, de souvenirs…
René Sterne a une narration graphique beaucoup plus sophistiquée que les apparences ne le laissent supposer. En effet, à la première lecture, on croit voir un dessin basique pour ne pas dire simpliste. En fait, comme les adeptes de la ligne claire, dans un genre plus évolué et avec un trait plus rugueux, Sterne nous donne, à nous lecteurs, tout ce dont nous avons besoin pour plonger dans le récit, mais rien de plus !
Dans cet album, en particulier, il fait dérouler le récit dans les trois éléments fondamentaux de la terre : l’air (Adler est un pilote avant toute chose), sur la terre ferme (mieux, une terre que l’on s’apprête à creuser pour y chercher des restes d’une civilisation passée) et la mer (Angela fait une croisière sur le Sea Bird, son voilier trois mats de luxe…).
René Sterne écrit le scénario, fait les dessins mais demande à sa femme Chantal De Spiegeleer de prendre à son compte les couleurs, ce dont elle s’acquitte avec un réel talent !
Cet album est le premier où l’on mesure le talent et la maturité de cet auteur, enseignant philosophe et historien, qui vient de nous quitter, malheureusement beaucoup trop tôt, à l’âge de 54 ans… Profitons de cette période de souvenir pour (re)découvrir cette série Adler…
Western moderne 8 étoiles

Dans ce troisième album de sa série Adler, Sterne déploie toute l'étendue de son talent, tant au niveau du scénario que dans le domaine graphique.
Doué d'un trait qui force l'admiration, très simple mais si évocateur, l'auteur parvient à transmettre des émotions et une compréhension des événements de façon presque parfaite. Je regrette qu'il ne soit pas plus considéré dans le monde de la bande dessinée... sa mort prématurée alors qu'il était en train de dessiner la reprise de Blake et Mortimer devait sans doute le faire parvenir à un autre statut. Las...
Dans cet album, Helen assiste une professeur d'archéologie dans ses travaux de fouille au nord du Mexique. Malheureusement, l'équipe choisit de bivouaquer à l'endroit précis choisi par une bande de desperados pour charger en direction des Etats-Unis un train de drogue.
Tous meurent sauf Helen... Adler bientôt se met en devoir de sauver sa fiancée avec l'aide de Manuel, une victime des banditos mexicains et de son grand-père, pauvre bougre sans avenir autre que celui de son petit-fils et qui va se révéler un lion derrière son visage de peon accablé par le sort.
Une superbe aventure, rythmée, intelligente et qui démontre que la ligne claire a encore beaucoup de chose à raconter lorsqu'elle est servie par un auteur aussi talentueux que Sterne l'était.

Vince92 - Zürich - 47 ans - 7 août 2024