Crampton Hodnet
de Barbara Pym

critiqué par Malic, le 15 novembre 2006
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Les débuts de Barbara Pym
Dans le quartier d’Oxford Nord, Francis Cleveland, séduisant universitaire quinquagénaire en proie au démon de midi mais qui surtout se sent délaissé par sa famille, ébauche une idylle avec sa jolie étudiante, la romantique Barbara Bird. La fille de Francis, Anthéa est amoureuse de Simon Beddoes, un jeune homme de bonne famille et plein d’ambition. Quant à Stephen Latimer, le jeune et beau pasteur, il songe à épouser Miss Morrow, « une femme au physique ingrat et plus toute jeune », non point par amour mais simplement pour échapper aux avances de ses paroissiennes…

« Crampton Hodnet » s’organise autour de ces trois intrigues amoureuses. Mais ce qui intéresse surtout Barbara Pym, c’est la description pointilliste d’une communauté provinciale groupée autour de son église et figée dans ses conventions religieuses et sociales. Il se passe si peu de chose à Oxford Nord que le moindre soupçon d’adultère fait figure d’affaire d’Etat justifiant qu’on organise un thé pour informer les uns et les autres de ses derniers développements. Parmi les personnages les plus pittoresques, on citera la terrible Mrs Dogget, veuve autoritaire, bardée de certitudes quant à ce qu’il faut faire ou ne pas faire et sa dame de compagnie, Miss Morrow, vieille fille effacée mais pleine d’humour, bien plus subtile et sympathique que sa patronne.

« Crampton Hodnet » est l’un des premiers romans de Barbara Pym et peut-être le plus délibérément comique. On y trouve déjà son univers d’hommes faibles et pusillanimes, jeunes filles romantiques, vieilles filles sagaces et pasteurs plus ou moins puérils. On y trouve surtout ce regard critique mais amusé et sans méchanceté qu’elle porte sur un monde désuet, dont elle souligne les défauts tout en l’aimant malgré tout. C’est sans doute là que réside le charme de cet auteur, qui faisait dire au critique René de Ceccaty : « Personne n’a décrit comme Barbara Pym un intérieur anglais, un mode de vie anglais. Un seul roman de Pym vaut bien un an en Angleterre. Une fois le livre refermé, on n’a qu’une envie : se précipiter sur le premier ferry. »

En attendant, précipitez vous sur « Crampton Hodnet.»
Sunday Tea Party ! 9 étoiles

Sunday tea party ! C'est le premier chapitre de ce roman, le premier de Barbara Pym. Je l'ai lu en anglais, car il est épuisé en français (ce qui est scandaleux). Mais l'anglais de Barbara Pym est assez facile à lire, et ce fut un plaisir supplémentaire. Un mot qui revient souvent est "spinster", ce qui veut dire "vieille fille". Car en effet, comme dans tout ses romans, on retrouve son petit monde de vieilles filles, parfois médisantes parfois courageusement résignées et lucides. Il y a aussi les habituels vicaires et curés, la vente de charité, le monde universitaire et surtout les "tea party" qui sont l'occasion de faire le plein de cancans

Le personnage le mieux réussi est celui de Barbara, la jeune fille romantique aux yeux ardents, qui rêve d'un amour platonique et qui fait perdre la tête à son tuteur. Ce livre est très amusant, dans ce petit monde fermé de Oxford, c'est toute l'humanité qui s'y retrouve. Barbara Pym, avec son regard d'ethnologue, nous fait aimer les gens.

Comme les autres lecteurs, je suis un fan de Barbara Pym, son charme désuet et son humour. C'est de la littérature d'atmosphère et chaque fois on se retrouve avec délice dans son petit monde bien calme à la surface.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 17 septembre 2008


Vous reprendrez bien un peu de thé? 8 étoiles

Barbara Pym, ethnologue de formation, rassemble déjà dans ce premier roman ce qui deviendra ses personnages fétiches : les vieilles jeunes filles, qu’elles soient d’un âge avancé ou non, les mères dominatrices, les épouses qui se sont désintéressées de leur mari, les hommes effacés et surtout les gens d’Eglise qui occupent une place centrale dans la communauté. La romancière n’épargne pas ses contemporains qu’elle décrit comme désoeuvrés, passant leur temps à observer leur voisins, à propager des rumeurs sur base d’histoires extrapolées à partir d’un geste qu’ils ont interprétés et surtout à se mêler des affaires d’autrui, en prodiguant des conseils sur ce qu’il faut faire en telle ou telle situation, surtout si on ne s’est jamais trouvé dans le cas. Miss Dogget, par exemple, la vieille jeune fille, n’hésite pas à dire aux femmes mariées ce qu’elles doivent faire avec leur maris !
L’époque est encore fortement marquée par les titres et les origines sociales qui déterminent la qualité et l’intérêt porté à une personne. Ainsi Simon Beddoes, le prétendant d’Anthea est issu d’une famille respectable de Chester Square à Londres. Son idylle est donc vue d’un très bon oeil par Miss Dogget, qui encourage même cette relation.

J’aime beaucoup le charme suranné et l’humour anglais qui se dégagent des romans de Barbara Pym.

Féline - Binche - 46 ans - 15 août 2008


Le démon du midi... 9 étoiles

Un événement d'importance vient bouleverser la vie monotone de Mrs Dogget et de sa dame de compagnie Miss Morrow : l'arrivée d'un nouveau vicaire dans leur paroisse. L'écclésiastique viendra s'installer chez elles. Mr Latimer est âgé de trente ans et bel homme. Suite à de malencontreuses expériences, il espère échapper aux complications sentimentales et se faire dorloter en se terrant dans une chambre obscure d'une vieille demeure victorienne d'Oxford-Nord, habitée par deux charmantes dames rassurantes. Il se trompe lourdement...

Mr Francis Cleveland est un professeur d'Oxford respectable, dans la cinquantaine. Il habite avec sa femme Margaret et sa fille Anthea. Sa vie est bien organisée et réglée dans tous ses petits détails et Mr Cleveland jouit d'un confort douillet lorsqu'il a la mauvaise idée de tomber amoureux d'une jeune et brillante élève, Barbara Bird, qui lui fera faire un lot de bêtises et d'imprudences. Comment tout cela finira-t-il ?

Anthea, la fille de Mr Cleveland est en amour avec Simon Beddoes, un jeune homme ambitieux, dont le père décédé était ambassadeur de Grande-Bretagne à Varsovie. Simon espère devenir un jour premier ministre. Barbara, tout comme sa famille, rêve d'un grand mariage et d'une adresse à Belgravia mais son rêve se réalisera-t-il ?

Un excellent livre qui renferme tous les thèmes chers à Barbara Pym : le clergé, les étudiants d'Oxford, les professeurs respectables, les vieilles filles médisantes, les thés accompagnés d'une tranche de cake donnés dans le seul but de colporter les derniers potins croustillants, l'amour, le mariage, le devoir et les tentatives de bonheur rapidement étouffées par la rigidité des conventions et du rang social.

Le meilleur que j'ai lu à ce jour de Barbara Pym après le remarquable "Quatuor d'automne" bien entendu ! Étonnant car c'est un de ses premiers romans. Beaucoup d'humour et une fine analyse du comportement humain en société. Pourquoi ce titre ? Je vous laisse le soin de le découvrir... Amusez-vous bien !

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 4 juillet 2007