En série
de Aude Samama

critiqué par Sahkti, le 14 novembre 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Violence émotionnelle traduite en traits
"J’ai grandi pendant la guerre. Maman baisait avec un soldat allemand. Je crois même qu’elle l’aimait."

Cet ouvrage ressemble à une exposition de peintures, des tableaux qui se suivent et racontent une histoire. On devine un vrai travail d'artiste mais malheureusement pour l'auteur, à force, de tels dessins finissent par me lasser et me laisser indifférente.
J'apprécie cependant le côté lacunaire des bulles, ces phrases courtes et imprécises qui font la part belle à l'imagination, même si la trame centrale est connue dès le départ.
Le jeu des couleurs criardes dans la première partie du récit illustre la souffrance de ce fils mal aimé par sa mère, une femme qui a trop besoin d'amour que pour pouvoir en donner le moindre gramme à son enfant. On la sent dépendante de son amant, vulnérable, rejetant ses angoisses et sa peur de la solitude sur son fils. Un fils qui développe une relation d'amour-haine qui le conduira, plus tard, à commettre l'irréparable avec d'autres femmes.

La réécriture de l'histoire à la fin donne une perception plus affinée de "En série".
En effet, les sous-entendus sont nombreux et on hésite parfois à franchir le pas de l'inceste, par exemple, même s'il semble clairement exprimé. Le personnage du fils délaissé prend du caractère dans la seconde partie en noir et blanc, il devient le héros principal d'une histoire qui avait commencé en mettant en lumière sa mère et ses absences.
Un dessin particulier proche de la peinture, ça ressemble à de l'art. Et une histoire tragique qu'il convient de déchiffrer par une seconde lecture, afin de s'imprégner le plus possible de tous les personnages.
Si je reconnais volontiers les mérites du dessinateur, il n'en demeure pas moins que je n'ai pas vraiment accroché avec cette BD.