Faut être prudent au pays de la liberté
de James Kelman

critiqué par Sahkti, le 8 novembre 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Un étranger en Amérique
Demain, Jeremiah Brown prend l'avion pour retourner dans son pays natal, l'Ecosse, il va voir sa mère et ignore si il reviendra aux Etats-Unis, son pays d'adoption. Une contrée dans laquelle il passe ce qu'il considère comme sa dernière nuit de liberté, fuyant un motel minable pour faire la tournée des bars et y raconter sa vie. La liberté... Tu parles d'une liberté! se dit-il. Des petits boulots de ci de là, une liaison foireuse avec une petite fille à la clé, une intégration non réussie dans ce grand pays qui le considère encore comme un étranger. De bar en bar, Jeremiah soliloque... et le lecteur en profite! C'est drôle, grinçant, c'est toute une vie qui passe sous nos yeux, un vibrant constat d'échec, avec des digressions dans tous les sens, les fantômes d'un passé chaotique. Brown se demande si ce retour aux racines va le sauver ou si au contraire, son exil américain est ce qui luia permis d'échapper à la folie jusqu'à présent. Des interrogations profondes à travers une langue ronde et enjouée, c'est vivant et bien écrit, j'ai beaucoup aimé ce parcours sans fin dans le tréfonds des souvenirs et puis, aussi et surtout, cette vision caustique du pays de la liberté, de cette Amérique qui délivre une carte rouge à "un membre non intégré et non assimilé à de l'estrangerie".