Mes années d'intimité avec Dostoïevski
de Apollinaria Souslova

critiqué par Saule, le 7 novembre 2006
(Bruxelles - 58 ans)


La note:  étoiles
Pour les amateurs de Dostoïevski
Apollinaria Souslova était une jeune étudiante russe, nihiliste et féministe. Dostoïevski fut son premier amour, amour qui se transforma parfois en haine car cette passion fut destructrice. On imagine facilement que le génial mais complètement excessif auteur russe était capable de tout les excès en amour. La très bonne préface présente d'ailleurs Dostoïevski comme un personnage qui oscille entre un désir de sainteté mais aussi une aspiration parfois puissante vers la plus basse crapulerie, ambivalence qu'on trouve dans beaucoup de ses grandes figures romanesques (L'Idiot par exemple). La préface met également ce carnet dans son contexte historique et explique que l'oeuvre de Dostoïevski est traversée par la figure de cette Souslova qu'il aimât passionnément. En particulier le personnage de Pauline dans le joueur EST Souslova.

Après cette préface, le carnet intime de Souslova en lui-même est moyennement intéressant. Dostoïevski y apparait peu, ils sont séparés la plupart du temps et Souslova tente de se remettre d'un grand amour frustré avec un espagnol. La rumination de cet amour frustré occupe une large place dans son carnet.

La dernière partie du livre contient quelques lettres de Dostoievski, dans lesquelles il parle de Souslova mais surtout dans lesquelles il tente par tout les moyens d'obtenir de l'argent car il est dans une situation désespérée. Ces lettres sont étonnantes et éclairantes sur le caractère et la situation matérielle de l'écrivain.

Un livre intéressant pour l'amateur de Dostoïevski. Et puis lire un carnet intime a quelque chose d'indiscret mais de réconfortant, tout en encourageant le lecteur a sa propre introspection. En particulier lire les tourments de cette jeune fille au caractère assez exceptionnel pour un jeune homme apparemment indigne de son amour a quelque chose de touchant. A noter la critique de SGdP sur le livre de la seconde épouse de l'écrivain, Anna Grigorievna Dostoievskaia. Dostoievski parle de sa seconde femme en terme élogieux dans une lettre à Souslova.