Je ne t'ai jamais aimé
de Chester Brown

critiqué par DomPerro, le 20 octobre 2006
( - - ans)


La note:  étoiles
Amour en peine
Peut-être faut-il avoir soi même vécu un peu la triste adolescence de Chester Brown pour pouvoir apprécié Je ne t’ai jamais aimé.

Dans une banlieue de Montréal, dans les années 1970, Chester vit renfermé sur lui-même, à l’intérieur d’un univers ambigu où les sentiments sont refoulés, les émotions étouffées, comme retenues sans cesse par une communication vague, neutralisée. Cette froideur se manifeste aussi dans le traitement de la bande dessinée : quelques cases à peine sur une page, en noir et blanc seulement, dans un style graphique très dépouillé.

Une habileté réservée de la narration, comme si elle était elle-même inavouée, qui peut semble légère au lecteur trop empressé, mais qui apparaîtra chargée d’émotions, très forte, au lecteur attentif aux détails et aux minuscules signes de détresse que lancent les personnages.

En somme, une BD pleine de finesse sur les désolations de l’amour qui ne sait pas encore aimer et sur la tristesse qui pèse sur un adolescent mal dans son corps. Et, à mon avis, bien meilleur, car plus personnel et attachant, que Playboy, le troisième titre de Chester Brown.

Cruellement bon comme un amour encore immature.