Six oies cendrées
de Henri Coulonges

critiqué par Alpha, le 24 juillet 2001
(Gembloux - 46 ans)


La note:  étoiles
Intrigues entre les bombes...
Des personnages débordant d'humanité, avec ce qu’il
y a de bon et de mauvais...
Octobre1943. L’abbaye millénaire de Monte-Cassino abrite dans ses murs une incroyable source d’oeuvres héritées depuis des siècles: tableaux, incunables, livres précieux.. Mais voilà qu'un jour, un colonel allemand rend visite aux moines pour les mettre en garde: l'abbaye, située à un endroit stratégique, se trouve sur la ligne de feu et peut à tout moment être bombardée par les alliés… “Il faudrait un déménagement qui serait en fait un sauvetageî. En visitant la bibliothèque, le colonel retire par hasard, perdu au milieu d'ouvrages théologiques, un traité d’ornithologie “l’Histoire naturelle des oiseaux de paradis et des toucansÓ…
Henry
Coulonges nous plonge dans la Naples dévastée de novembre 1943. Larry, un officer anglais rattaché au Field Security Service, en profite pour mener en parallèle une enquête sur un poète anglais qui le passionne: Shelley, qui a séjourné à Naples un siècle plus tôt. Il y retrouve Paul, officier américain attaché à la protection des monuments en période de guerre, et qu'il n’a plus revu depuis plusieurs années. Les deux amis unissent leurs forces pour avancer tous deux dans leurs recherches.
Larry passera par des chemins difficiles pour comprendre ce que Shelley a vécu dans les murs napolitains. Impliqué dans un meurtre, séduit malgré lui par une jeune italienne qui veut fuir son père. Larry disparaîtra, sans aucune explication. A-t-il franchi la ligne de feu, a-t-il rejoint l'abbaye, …?
Qu’est-ce qui le rattache si intimement à ce poète mort au siècle dernier, à travers ces énigmatiques six oies cendrées, évoquées par un mourant ?… Paul partira à sa recherche, tout en essayant de sauver l'abbaye…
Si ce roman prend un peu de temps à nous emporter, c'est parce que Coulonges trace dans les premières pages quelques pistes qui feront par la suite une histoire prenante, faite de rebondissements et de rencontres souvent inattendus… Très vite le suspense, l’intrigue et les personnages reprennent le dessus.
Mais, selon moi, c’est sûrement la tendresse et l'humanité des personnages, à qui la guerre a tout pris, qui ressortent le plus de ce roman. Coulonges décrit avec beaucoup de simplicité et d'émotion la vie des soldats et des habitants. Tous, dans cette histoire, se rattachent à quelque chose pour traverser la guerre et survivre tant bien que mal. Entre les bombardements, les attaques, les arnaques pour quelques centaines de lires, vivent des personnages progressivement endurcis par la guerre, certains plongeant dans la déchéance. A tel point qu’on leur pardonne beaucoup…