La fenêtre ouverte
de Saki

critiqué par Malic, le 18 octobre 2006
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Quintessence de l'humour anglais
Ce recueil de trente et une nouvelles sélectionnées et préfacées par Graham Greene constitue la meilleure approche de l’œuvre de Saki, pseudonyme du très britannique Hector Hugh Munro. Tous ces textes sont des chefs- d’œuvres dans lesquels l’auteur se livre à un réjouissant jeu de massacre sur l’hypocrisie, la respectabilité et toutes les valeurs de la société victorienne. Son humour ravageur et volontiers noir, se déploie tout au long d’intrigues délirantes, supercheries, farces parfois de très mauvais goût mais toujours présentées avec le plus grand sérieux. Les victimes sont des gens de bon sens, des puissants, des raseurs ou des imbéciles pompeux que personne ne songe à plaindre. En revanche la sympathie de l’auteur et celle du lecteur vont à ces jeunes gens impertinents que sont Clovis et Reginald ou aux enfants, qui savent si bien grâce à leur imagination, accorder le monde à leurs désirs.

On retrouve ici les qualités habituelles de l’auteur, qui font de sa lecture un moment de pure jubilation : insolence, concision, sens de la formule, virtuosité dans l’humour noir, art de la chute. Parfois, comme dans « La fenêtre ouverte » ou « Gabriel Ernest », il flirte avec le fantastique et parvient à merveille à distiller une atmosphère inquiétante.

Toutes ces histoires sont étonnantes et il n’est pas possible de faire un choix entre elles. Quelques mots cependant pour donner une idée du contenu.

« La fenêtre ouverte » : une étonnante histoire de fantômes. En dire plus serait gâcher le plaisir du lecteur.

« La méthode Schartz - Metterklume » : une vieille fille très comme il faut va faire passer un bien mauvais moment à une famille bourgeoise.

« Tobermory » : un chat surdoué auquel un savant a appris à parler. Hélas, on ne lui a pas enseigné l’hypocrisie, une vertu typiquement humaine, indispensable à la vie en société.

« La souris » : un jeune homme pudibond dans un compartiment de chemin de fer. En face de lui, une jeune femme. Et puis un troisième passager, une souris qui s’est glissée dans les vêtements du jeune homme. Un voyage mémorable.

« La cure d’agitation » : un canular de très mauvais goût mené tambour battant par Clovis, l’un des « doubles » de l’auteur .

« Le conteur » : comment captiver les enfants et ruiner des années de bonne éducation. Version Sakienne des infortunes de la vertu.

« Hyacinth » : quand les enfants participent à la campagne électorale de leur père. Comme nombre d’écrivains anglais, Saki remet en cause la prétendue innocence enfantine.

« Gabriel-Ernest » : une étrange créature hante la paisible campagne anglaise. Fantastique, suspense, humour noir.

« Sredni Vasthar » : une mention spéciale pour cette nouvelle à l’humour très noir, directement inspirée à l’auteur par sa propre enfance. Un récit d’une noirceur et d’une sobriété exemplaires. Souvent considéré comme le chef-d’œuvre de Saki.
Plusieurs nouvelles de ce volume figurent également dans le recueil « Clovis », mais avec une autre traduction.
Excellentissime! 10 étoiles

Le meilleur de Saki se trouve dans ce recueil et dans sa suite, "L'omelette byzantine". Impossible de s'ennuyer un seul instant! Si vous avez aimé ces nouvelles, vous vous amuserez tout autant en lisant celles de Roald Dahl pour qui Saki était une référence. Bravo à Malic pour ses critiques portant sur les oeuvres de ce grand écrivain!

Pierrequiroule - Paris - 43 ans - 21 juillet 2012