Toute ma vie
de Jay McInerney

critiqué par Jules, le 24 juillet 2001
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Un certain univers...
Encore une première phrase percutante qui résume l’ambiance d'un livre : « Le truc, moi, tout ça c’est quand même un merdier pas croyable. »
Alison a vingt ans. Elle vit à New York où elle suit toute une série de cours : art dramatique, danse, voix. Papa est un gros homme d'affaires, court les gamines plus jeunes qu’elle et se contente de lui envoyer des chèques.
Or, justement, voilà que son chèque ne lui arrive pas et c’est un peu la panique. Elle l’appelle, il pleurniche, car sa dernière conquête semble en passe de le lâcher. Une Mercedes 450 SL décapotable arrangera peut-être les choses pour un mois de plus ?. Son chèque va arriver… L'opinion d'Alison ?…« C’est comme tous ces vieux romans et ces vieilles pièces qui commencent tous sur des orphelins qui à la fin retrouvent leurs parents – je voudrais leur dire, ne les cherchez pas, vous êtes mieux sans. Croyez-moi. Payez-vous plutôt un clebs. »
Quant à la mère d’Alison, elle s'envoyait le nettoyeur de piscine tout en gardant ses allures et ses vieux réflexes de grandes dames : une femme n'appelle pas, elle attend qu'on l’appelle !… Elle n’en pouvait plus Alison. « Autant que j'en puisse juger aujourd'hui, elle regarde les émissions religieuses à la télé en picolant du vin toute la journée. »
Alors elle a fait le grand saut vers New York. Mais les débuts ont été plutôt difficiles… Lâchée dans cette grande ville, elle ne peut pas dire qu’elle ait fait grand chose de bon pendant sa première année. Surtout qu'elle est super mignonne et donc super draguée, et que les chèques de papa rendaient la vie plutôt pas trop compliquée, pour elle comme pour ses petits copains… Un peu d’alcool, un peu de coke, quelques mâles dans son lit et la vie s’écoulait. Elle décrit cette période et dit : « …j’ai fait que la coke et les mecs. La nuit entière au Surf Club et au Zoulou, les réveils à cinq plombes de l’après-midi avec des sinus bouchés et les cheveux collés. Une glue blanche d’un genre ou d’un autre à tous les orifices. Toute ma vie, ça. »
Alors, elle a décidé de voir autre chose. Elle a commencé à suivre vraiment ses cours et, surtout, celui d’art dramatique. Ses copines et copains n'ont pas changé, mais elle oui ! Elle est devenue plus lucide et sent en elle quelque chose de différent. Mais cette différence va la couper des autres et elle va connaître la solitude.
L’autre monde, celui des réalités, n'est pas toujours des plus simples non plus. Mais au moins elle se découvre un cerveau sain à l’heure du lever. Que fait le cerveau sain ? Il analyse et juge : « Dans mon expérience, c'est un des gros problèmes avec les vieux, ils commencent à perdre leur spontanéité passée la trentaine, se mettent à dire ce qu’ils croient qu'on attend d'eux plutôt que ce qu’ils éprouvent, comme une manière de durcissement des artères. » Vous noterez au passage que « les vieux » c’est déjà passé la trentaine !…
Alison est attachante, car on la sent parfois cynique, mais aussi tellement fragile et parfois même désespérée. Le problème de toute une jeunesse abandonnée par l’éternelle « adolescence » de leurs parents qui n'ont pour hantises que l'argent et la peur de vieillir. Elles leur font faire les pires conneries !…
Jay McInnerney laisse son personnage parler et utilise le « Je »
Son écriture est déliée et pleine de formules des plus percutantes !.
Un bon livre !
"Désolée, je n'ai pas été élevée pour travailler..." 4 étoiles

La drogue/le fric/la drogue/le fric/les propos débiles/et de la pub pour godasses n'étant pas des thèmes suffisants pour écrire un livre, je ne vois vraiment pas ce qu'on trouve à cette oeuvre...

D'autant plus que le tout a considérablement vieilli ça fait longtemps que les hipsters ne cherchent plus à se faire inviter chez Rod Stewart ou Mick Jagger - du moins je l'espère ! -;)

Ou donc la fille est débile ou elle est légèrement attardée en tout cas le fait qu'il s'agisse d'une junkie et d'une gosse de riche barrée ne signifie pas qu'elle puisse tout se permettre et que cela justifie un livre en définitive !... Peut-être aussi l'a-t-on dicté à McInerney mais ça n'ajoute en rien à sa "qualité" puisque les divers commentaires là-dedans sont en général anachroniques sauf sans doute pour celui qui veut réaliser une étude sur les 80's. On oubliera que pour Alison 1/ c'est la fin du monde quand elle ne trouve pas de taxi 2/ elle n'aime ni les profs ni les psys 3/ et aussi le fait qu'elle est considérablement hystérique.

Antihuman - Paris - 41 ans - 3 décembre 2013


Excellent 9 étoiles

Tout sauf plat à mon sens..
Le style est vif, drôle, vivant, et l'utilisation permanente de la première personne (c'est vrai, pas une ligne de dialogue!) n'a rien d'un tic branchouille et permet de s'attacher pleinement à Alison et de découvrir, derrière le cynisme, une vraie fragilité.
S'il décrit toutes sortes d'excès en tout genre (on est quand même bien loin de son copain Bret Easton Ellis), McInerney reste quand même un brillant observateur et tout ce qu'il décrit sonne juste et résonne longtemps après à nos oreilles.
Superbe roman, à lire (en quelques heures en plus, guère plus de 200 pages!)

Zoyd - - 40 ans - 25 novembre 2010


Sexe et drogue au menu 8 étoiles

Sexe, drogue, post-adolescents vivant avec l'argent de papa et grande misère humaine, voici les principaux ingrédients de ce roman de McInerney. Du sexe et de la came à chaque page, remplisant à outrance la vie de ces jeunes gens complètement superficiels qui tuent le temps entre fêtes, sauteries intimes, beuveries et glandouilles en tout genre. Assez effarant. Le portrait de cette jeune société dressé par McInerney est assez sombre et pessimiste. Même la fin en forme de porte ouverte ne suffit pas à récupérer l'impression de malaise qui gagne très vite le lecteur.
J'ai aimé cette noirceur, malgré l'agacement profond que j'ai ressenti pour le personnage de Alison. Une jeune fille qui se laisse emporter par les délires de ses copines, par ses propres faiblesses et sa grande lâcheté, une fille qui se repose sur les autres et très peu sur elle-même. A plusieurs reprises j'ai eu envie de l'étrangler et tout de suite, je me rendais compte que le cercle vicieux sexe/drogue ne pouvait que l'emporter, le lecteur devait assister à tout cela sans aucun pouvoir.
McInerney place chaque personnage au centre du récit en lui donnant directement la parole. Chacun s'exprime à tour de rôle. Si cela embrouille par moments le récit et donne une certaine maladresse au langage employé, cela rend cependant le texte très vivant, plutôt réaliste et ça ne fait qu'ajouter encore au côté désabusé des protagonistes, qu'on devine là, tout près de nous. Un roman lu d'une traite.

Sahkti - Genève - 50 ans - 1 août 2005


A lire ! 8 étoiles

Quand je lis des critiques qui déplorent le fait que "tout est narré, il n’y a que très peu de dialogues" dans "Toute ma vie", je suis assez atterré.
Et non, il n'y a pas beaucoup de dialogues. Il n'y a pas d'images non plus. Je sais c'est dur. Et puis il y a beaucoup de pages à lire. Et en plus c'est écrit petit ! La littérature file vraiment un mauvais coton !

Plus sérieusement, "Toute ma vie" est un très bon roman d'un excellent écrivain. On peut comparer ce roman à "Hell" de Lolita Pille ou encore à "Moins que zéro" de Brett Easton Ellis. L'utilisation de la première personne est tout à fait pertinente et parfaitement maitrisée, mais ce n'est pas une surprise venant d'un écrivain qui, pour son premier roman ("Journal d'un oiseau de nuit"), avait parfaitement maitrisé son choix audacieux d'écrire à la seconde personne.

Jay McInerney est un auteur tout à fait intéressant et je vous conseille vivement de le découvrir (si ce n'est pas déjà fait) avec "Toute ma vie".

Christophe - - 43 ans - 26 mai 2005


Très plat. 2 étoiles

L’histoire d’une fille un peu paumée ; perdue entre la cocaïne, ses amis dans le même « trip » qu’elle et son père, parti à l’autre bout du monde qui ne lui donne pas de nouvelles. On pourrait comparer ce livre à « Hell » de Lolita Pille, mais en moins bonne qualité. Le style est fatigant à lire ; tout est narré, il n’y a que très peu de dialogues. J’ai stoppé la lecture avant la moitié du livre. Passez votre chemin et votre lecture…

Niddle - Le Raincy - 45 ans - 14 janvier 2004