- Planète à gogos (1953) est le résultat de la collaboration de F. Pohl et C.M. Kornbluth, un roman vif, intelligent, mordant, caustique, drôle, sur la déconnexion d'une société de consommation guidée par la publicité d'avec un environnement surexploité.
Tout le sel du roman est de nous présenter cet univers de publicistes-rois à travers les yeux de l'un des membres de son élite, le publicitaire de première classe Mitchell Courtenay. Malgré son expérience - douloureuse - des désagréments plus que minimes du système du bas de l'échelle du consommateur, il ne perd pas foi en son échelle de valeurs et ne songe qu'à regagner sa situation privilégiée.
Pohl et Kornbluth mettent en scène un univers de cauchemar en carton pâte aux détails savoureux. Le pétrole manquant, les voitures ont été remplacées par des péditaxis. L'eau douce est un luxe, les arbres un ornement somptuaire. Les Ecolos de dangereux terroristes aux idées incompréhensibles : préserver les ressources naturelles alors que le progrès permet lorsqu'elles sont épuisées de leur substituer des ersatz satisfaisants (cf. le péditaxi, le poulgrain, le surcafé, ...).
"Planète à gogos" est un chef d'oeuvre de la science-fiction. Il déplace les curseurs de la société moderne, exagérant le pouvoir de la publicité, le pouvoir d'entrainement des media, les dérives de la consommation de masse, et crée un enfer dans lequel évoluent avec aisance des personnages malmenés incapables d'entendre raison. Il renvoie son lecteur à son propre (enfer ?) quotidien.
La présente traduction révisée, malgré quelques maladresses qui disparaissent avec la progression du texte, fait ressortir toute la grâce de cette sagace satire. On lui préfèrera toutefois (moi) la traduction antérieure, disponible en occasion, avec les éditions Rayon fantastique ou Denoel/Présence du futur.
- Les gogos contre-attaquent (1984) est un pâle calque de son modèle. Pohl, seul, ressuscite l'univers des publicitaires-rois de "Planète à gogos". Il reprend la même trame, le même type de personnage - un publicitaire de première classe placé dans des situations à même de faire basculer sa vision du monde -, mais il rate son roman. Verbeux, il développe un univers appauvri, expliquant ce qu'il était inutile de préciser, introduisant un suspense qui ne tient même pas jusqu'à l'arrivée sur la Lune, concluant de façon inepte.
La lecture de "Les gogos contre-attaquent" n'a d'autre intérêt que satisfaire une curiosité malsaine, tant la médiocrité de ce roman est de notoriété publique.
La note vaut uniquement pour "Planète à gogos".
Vda - - 49 ans - 19 septembre 2008 |