Gil St André, tome 6 : Soeurs de larmes
de Jean-Charles Kraehn (Scénario), Sylvain Vallée (Dessin)

critiqué par Shelton, le 30 septembre 2006
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Début d'un nouveau cycle...
Peut-on commencer cette série à la sixième livraison ? Je suis assez embêté pour vous répondre. En effet, fondamentalement, le sixième album commence une nouvelle histoire qui peut se comprendre sans avoir lu le cycle initial, mais… quel dommage pour vous ce serait d’oublier d’ouvrir cette série par son début car elle est tout simplement exaltante, surprenante, haletante, bien construite, passionnante, bref, à ne pas rater…
Mais imaginons que cela ne vous suffise pas et que vous ayez envie de prendre en cours. Que faut-il retenir des cinq premiers volumes ? Gil St André, chef d’entreprise lyonnais, s’est battu pour retrouver sa femme Sylvia qui avait mystérieusement disparu, un soir… Lors de cette enquête très mouvementée, il n’y a pas trop d’autres façons de parler de cette aventure, il a fait la connaissance de Djida Feschaoui, une beurette lyonnaise devenue lieutenant de la police française et travaillant à Lyon même.
Une fois sa femme et sa sœur retrouvées, sauvées toutes les deux de proxénètes belges et médecins pas très honnêtes, Gill reprend le travail normalement comme si de rien n’était… Un instant, on pourrait croire que tout va bien se finir …
Et c’est alors que nous entrons dans le second cycle, une histoire plus tournée sur la famille Djida. C’est sa sœur qui se retrouve au cœur du premier album de ce second cycle. Drissia tente de fuir sa famille. Elle veut quitter la cité, partir avec son amoureux… Mais dans certaines familles maghrébines, on ne fait pas ce que l’on veut quand on est une fille… Le grand frère Kader veille au grain. Il faut dire que depuis qu’il fréquente la mosquée de la cité, à Vénissieux, il a tendance à devenir de plus en plus fondamentaliste…
Mais en même temps, les proxénètes belges (désolés pour mes amis belges que j’aime beaucoup, mais ce n’est pas moi qui ai choisi de mettre les gentils lyonnais et les méchants belges…) retrouvent les traces de Gil St André et veulent absolument retrouver Viviane, sa belle sœur, la sœur de Sylvia, pour la remettre au travail (tapin de luxe ou cinéma porno, à elle de choisir, en quelque sorte…). Gil les envoie promener sans aucune diplomatie et se met en danger…
C’est alors que Djida lui demande de l’aide… Oh, juste une babiole… L’aider à enlever sa sœur qui est en Algérie avec son père et qui va être marié de force dans deux semaines…
Je ne vous en dis pas plus pour le moment sur le fond de cette intrigue magnifiquement bien architecturée par Jean-Charles Kraehn. Ce scénariste n’est plus un débutant. Pensez donc, il est né en 1955 à Saint-Malo. Il a déjà travaillé sur la série Les aigles décapités (d’abord le dessin, puis scénario et dessin, puis scénario seul), puis la série Bout d’homme seul, et la série Tramp où il écrit le scénario pour Jusseaume… C’est à la fois un très grand scénariste et un illustrateur de qualité…
Sylvain Vallée est un auteur plus jeune. Il a d’abord été l’assistant de Jean-Charles Kraehn lors du deuxième album de la série avant de reprendre entièrement le dessin tout seul. Le style policier contemporain n’était pas ce qu’il voulait faire en premier. Mais il s’est très bien adapté au style de Jean-Charles : classique, narration pure et dure parfaitement en cohérence avec le style policier de la série, aux limites du thriller et de l’espionnage… Mais, un jour, il reviendra à ce qu’il voulait faire, une histoire qui se déroulerait dans les années cinquante… En attendant, profitons-en, il continue la série Gil St André avec Kraehn et il faut savoir déguster ce travail…