Les frères indignes
de Ingrid Noll

critiqué par Sahkti, le 19 septembre 2006
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
A la vie, à la mort
Paul et Achim sont frères. Frères depuis toujours, jaloux depuis toujours l'un de l'autre. Au point de se vouer une haine effrayante.
Lorsque leur père meurt, la famille se retrouve cloîtrée dans une maison qui va devenir le lieu d'un drame allant crescendo, espèce d'exutoire qui permet à chacun de libérer le mal qui est en lui. Paul et Achim, enfants, ont toujours cru de l'autre qu'il était le préféré de la mère. Se retrouver aujourd'hui en sa compagnie ne va rien arranger, c'est l'heure du règlement de comptes. A cela, on ajoute la découverte par la femme de Paul que celui-ci la trompe. Pourquoi ne pas se venger de lui en se servant d'Achim. Par exemple... Le pire est à venir.

Je craignais au départ qu'il s'agisse d'un simple huis-clos familial, prétexte à toutes sortes de blablas et de longs dialogues inutiles. Il n'en est rien (et c'est tant mieux!). On sent assez vite qu'on va s'orienter vers quelque chose de cruel, de sanglant, mais la tension est bien plus forte que ce que l'on pourrait imaginer lorsque tout le monde se réunit. On s'oriente vers un affreux drame, irréversible, symbole de tant d'années de frustrations et de cruautés réunies. Pour faire passer tout ça, Ingrid Noll manie une plume acerbe et caustique qui, sans alléger une situation pesante, lui apporte tout de même un certain humour bienvenu qui permet de respirer au milieu de toute cette peur et de tant de méchanceté. J'ai beaucoup aimé la pression, la terreur, tous ces éléments qu'elle diffuse avec talent.