Imelda
de John Herdman

critiqué par Sahkti, le 19 septembre 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Qui est qui?
Livre complexe et prodigieux que celui-ci, tant John Herdman joue et abuse de la notion de double, de miroir et de faux-semblants. L'héroïne principale s'y perd... le lecteur aussi. Mais Herdman a tôt fait de poser ci et là des balises qui permettent au lecteur de s'y retrouver, alors que la jeune femme, c'est moins sûr... mais sans doute ne le veut-elle pas vraiment.

Janice a été adoptée, elle pense savoir qui sont ses véritables parents et se lance dans la recherche de cette famille. Son seul parent connu encore en vie, le major Agnew, l'informe que sa mère, Imelda, est morte. Histoire d'éclairer (hum...!!) Janice sur ses origines, il lui adresse deux (cete notion de deux revient constamment sous diverses formes dans le récit) jeux de photocopies, l'un reprenant son histoire racontée par l'oncle Frank et l'autre le témoignage de Robert Affleck. Je ne vous dévoilerai pas ici qui est réellement qui, mais sachez que ces récits contradictoires ont tôt fait de semer le doute chez tout le monde. C'est que tout se mélange et c'est à un formidable jeu de piste que Herdman nous convie. Avec comme point d'orgue, l'aveuglement de Janice et son refus d'accepter la réalité, tout simplement parce que celle-ci ne lui plaît pas et qu'elle préfère poursuivre ses rêves. Rêves qu'elle présente comme faits réels; bref, de quoi embrouiller encore un peu plus tout cela, sur fond de dualité existentielle.

Herdman est écossais, les fantômes, ça le connaît (oui, je sais, c'est facile...) et ceci explique sans doute l'aisance avec laquelle il joue des apparences, des miroirs, des ombres et des mystères. En jonglant avec les mots, leur extirpant toute leur richesse mais aussi leur double-sens, il arrive à créer un récit dans le récit où tout se croise et s'entrecroise de manière plus limpide qu'il n'y paraît. Avec au final, une interrogation pressante sur ce que nous savons et voulons voir, sur les secrets de famille et le rôle de notre existence, pour nous et pour les autres.
Bien écrit, prenant (mais attention tout de même à ne pas perdre le fil), c'est une belle révélation pour moi!