80 jours
de Olivier Guéret (Scénario), Vadot (Dessin)

critiqué par Shelton, le 23 août 2006
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Vive la vie ! Vive la mort !
Tout le monde a entendu dire que les vieux retournaient en enfance… Mais c’est une image ! Ah ! Et si c’était tout simplement vrai… Si un homme, lorsqu’il arrivait à quatre vingt ans, se mettait à perdre un an chaque jour…
Oui, cela peut vous sembler louche, incongru, saugrenu et ridicule ! Sauf, que dans le cas présent, deux auteurs de bande dessinée en ont fait un album, un one shot comme on dit aujourd’hui, c’est à dire une histoire sans suite… et pour cause !
Notre homme, âgé de quatre vingt ans, se voit rajeunir d’un an par jour. Au départ, c’est juste un peu de bonne humeur qui revient, puis un peu plus de mobilité, puis…
Ce rajeunissement se déroule devant les yeux de Juliette. Qui est cette jeune femme ? « Juliette est un peu mon infirmière à domicile ». Oui, mais, alors, elle va certainement réagir et rendre compte à l’Académie de médecine du prodige qui arrive…
L’homme, on le comprend assez vite, va revivre une grande partie de son passé… Avec des yeux nouveaux, avec un regard plus détaché, avec des séquences fantastiques, entièrement fantasmagoriques, délirantes… mais aussi très poétiques. J’ai été très touché par cet homme, par sa vie, par le regard porté sur la vie et les hommes…
La narration graphique est époustouflante, le dessin percutant, les couleurs diaboliques. Tout concourt à nous faire basculer dans le délire des auteurs, à nous faire réfléchir à nos vies, à nos morts… Oui, le lecteur ne peut que penser à sa propre mort quand il voit ce qui arrive à cet homme… Pour un peu, on aimerait être à sa place, retourner dans son passé, se regarder comme de loin, de haut… Mais sommes-nous prêts à tout contempler et admirer de nos vies? Rien n’est moins sûr, car, nous voyons bien que ce mécanisme rappelle tout des vies, y compris le plus douloureux, le moins avouable…
Alors certains vont se mettre à croire que cette bédé est morbide, qu’elle ne parle que de la mort, de la vieillesse, du naufrage de l’âge… Et si, au contraire, elle ne parlait que de la vie, de la transmission, de l’amour, de la tendresse ?
Oui, vous êtes maintenant perplexe. Cette bédé semble tentante… mais que cache-t-elle au cœur de ses vignettes, de ses bulles, de ses dessins… Une idéologie ? Une philosophie ? Une politique ? Pourquoi une statue de Churchill ?
Je ne peux pas vous dire comment tout cela se termine, car vous devez garder cette part de surprise qui transforme la lecture en un instant de bonheur ! Oui, cet album m’a retourné, fait pleurer, rire, réfléchir… Oui, je l’ai adoré et j’y suis retourné déjà deux fois alors qu’il vient de sortir il y a moins de quatre mois… Oui, il se pourrait bien que nous soyons là en présence d’une des meilleures bédés de l’année 2006…
Attention, cet ouvrage est peut-être un chef d’œuvre, Nicolas Vadot et Olivier Guéret sont très probablement deux artistes dont on va reparler dans les années à venir…
Précieux ami, le temps ? 7 étoiles

L'idée a déjà été vue et traitée mais pourquoi pas, si c'est pour l'aborder sous un angle original. C'est ce que font Guéret et Vadot, avec pertinence, intelligence aussi et puis avec toute la sensibilité propre à un tel thème, sans pour autant tomber dans le pathos, or le risque existait que ça arrive.
Se mettre à vivre à reculons est une expérience qui peut aux premiers abords paraître fantastique mais qui se révèle toute de même effrayante et rapidement, le lecteur s'interroge sur ce qu'il aimerait vraiment. Rajeunir? Mourir? Arrêter le temps? Autant de questions délicates qui ne trouvent pas forcément réponse, puisque il s'agit ici de subjectivité d'interprétation mais les auteurs apportent leur pierre à l'édifice de la réflexion et c'est intéressant.

Les couleurs m'ont moins séduite, même si par moments j'ai tenté de les justifier par l'agressivité que représente un tel compte-à-rebours dans le temps, avec l'inquiétude que cela engendre, la mort pas vraiment loin...

Sahkti - Genève - 50 ans - 28 juillet 2009


Tic Tac 8 étoiles

Le temps passe...
La mort s'approche...
Mais...

Peut-être aurais-je commencer par cette bd de Vadot avant de lire "neuf mois" qui m'a bien plus marquée.
Le scénario m'a beaucoup plu (la fin est excellente). On retrouve, comme dans "neuf mois" un rapport à la filiation.
Le début de la vie, la fin, la régression, la transmission, tous thèmes pourtant déjà mille fois déclinés, de mille manières et traités ici avec intelligence.
Le dessin m'a plu mais les couleurs y sont quelquefois trop agressives. Mais un grand bémol sur les couleurs mal utilisées (ou est-ce moi qui ne les aime pas , trop de vert entre autres).

Un auteur que je suivrai, sans aucun doute.

Garance62 - - 62 ans - 12 juillet 2009


Superbe 10 étoiles

Le protagoniste de cette bédé à la chance de vivre ses 80 derniers jours en retournant vers l’enfance. Il peut alors mordre dans la vie, revivre ses plus grands bonheurs, prendre sa revanche sur le passé et nous faire partager ses tendres souvenirs. C’est une bouffée de fraicheur. Un scénario brillant et émouvant. Je n’ai que des louanges. Je n’aurai jamais cru qu’une bédé puisse autant me bouleverser.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 4 juin 2009


Le tour d'une vie en 80 jours 7 étoiles

Toute ressemblance avec "l’Etrange histoire de Benjamin Button", la nouvelle écrite par F. Scott Fitzgerald n’est absolument pas fortuite. D’ailleurs, le personnage de Juliette tient dans les mains un exemplaire de cette nouvelle en page 47. Je ne partage pas l’enthousiasme collectif pour ce one shot. Je le trouve bon, sans plus. Malgré une narration de qualité et un graphisme aux gros traits auquel on s’habitue, je trouve les couleurs trop criardes à mon goût. Certaines teintes sont vraiment discordantes, à dessein bien sûr mais je n’ai pas accroché. De plus, la fin ne m’a pas entièrement convaincue.

Miss teigne - - 43 ans - 14 février 2009


Tenez votre boîte à mouchoirs à portée de main 10 étoiles

80 jours est une histoire d’une grande beauté poétique.

Le personnage principal rajeunit d’un an à chaque jour, un petit clin d’oeil à la nouvelle L’étrange histoire de Benjamin Button de Francis Scott Fitzgerald sans être un copier-coller.

C’est complexe, on ne sait pas trop où on veut nous mener, mais on se laisse transporter. J’ai pleuré vers la fin tellement le récit m’a empoigné. Une des plus touchantes bandes dessinées que j’ai lu.

Nance - - - ans - 22 janvier 2009