Israël, Palestine, la vérité sur un conflit
de Alain Gresh

critiqué par Numanuma, le 7 août 2006
(Tours - 50 ans)


La note:  étoiles
Prenant et clair
Jacques Brel disait, en substance, je n’ai plus la citation exacte en tête, que la paresse, c’est de se contenter de ce que l’on sait. Il serait bien hypocrite de ma part de ne pas être d’accord vu que je tombe facilement dans ce genre de travers.
C’est donc plein de bonne volonté que je me suis procuré ce petit livre, prêt à le dévorer et à me remettre ainsi à niveau dans un domaine que je ne maitrise pas vraiment. C’était il y a un an… Ce sont les événements actuels au Liban qui m’ont rappelés à l’ordre et même si mieux vaut tard que jamais, je ne suis pas très fier de moi.
Bref, ma vie n’étant pas un sujet de livre, passons directement à ce qui nous intéresse, cet ouvrage d’Alain Gresh, spécialiste du Proche-Orient et rédacteur en chef au Monde Diplomatique.
J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour les personnes capables de concentrer sur un support limité une masse d’informations quasi illimitée. Dans le cas du conflit israélo-palestinien dont il est question ici, on sait que l’on travaille sur des millions de pages et d’images. Aussi, je dois admettre avoir été bluffé par l’aisance avec laquelle cet épineux sujet a été traité par l’auteur en à peine plus de 200 pages.
Et résumant de manière grossière, la lecture de cet ouvrage de vulgarisation intelligente permet de comprendre les origines géopolitiques de l’affrontement, une double promesse anglaise, et ses conséquences pour les deux parties mais aussi pour l’ensemble des nations. L’auteur met également en avant les motifs culturels, historiques, religieux du conflit. L’ensemble, qui ne prend jamais parti et évite le piège du dos à dos, tous coupables, offre donc des clefs simples de compréhension de la situation. Certes, l’ensemble est trop court pour être suffisant mais le livre a le mérite de la clarté et de la lisibilité. J’ai ainsi mieux saisi la situation intenable de la France par exemple sur le sujet : d’un côté, un courant de sympathie pour les Juifs lié au rôle atroce joué par Vichy pendant la guerre et de l’autre, un courant de sympathie aussi fort envers les populations arabes lié au passe colonial de la France. Les USA n’ont pas à maintenir un tel équilibre et peuvent donc afficher des politiques moins nuancées, plus volontaires. Plus risquées ?
Je ne m’étendrai pas plus sur cet ouvrage, d’autres traitants du même sujet m’attendent. Son seul défaut, et cela n’engage que moi, est de citer par deux fois Tariq Ramadan, intellectuel issu des Frères Musulmans. Il a eu une grosse actualité lors des dernières élections présidentielles en France alors que l’insécurité était le cheval de bataille de la droite. Le problème est que ce monsieur est très intelligent et qu’il tient un discours à double lecture particulièrement redoutable. De fait, il est difficile de savoir véritablement de quel côté il penche et cette ambigüité voulue me semble suspecte.