La Surprise
de Patrick O'Brian

critiqué par Persée, le 17 juillet 2001
(La Louvière - 73 ans)


La note:  étoiles
Toutes voiles dehors
D'où vient-il que toujours on reprenne la mer, heureux de retrouver le captain Aubrey et son fidèle Maturin, chirurgien-espion, sur le château arrière d’un brick, d’un sloop ou d’une frégate ?
La vie n’est pourtant pas rose, en 1800 et quelque, dans la force navale de Sa Gracieuse Majesté. Et, derrière l’horizon, les bâtiments ennemis ne manquent pas : Espagnols, Français, Américains. Car l’infâme Bonie (Napoléon) veille !
Souquez ferme, matelots, la Surprise appareille. Déjà le cabestan couine et les galhaubans gémissent. A nous les mers du monde, les embruns, les grains, les bordées à boulets ramés des canons de huit livres, l’odeur de la poudre et le recul des caronades !
Depuis « Maître à bord » (dont on tira le film « Capitaines courageux »), nous en sommes à la sixième expédition. Et, contre vents et marées, toujours aussi gaillards, parole ! Eh quoi ! Il faut de temps à autre se reposer des livres difficiles et retrouver nos paradis d’enfance où pirates et flibustiers nous emportaient sur les vaisseaux du rêve.
Mais, gare à la manÏuvre, jeunes messieurs ! Les romans « nautiques » de Patrick O’Brian, c'est comme (hum !) le rhum, le miel et le tabac. Une fois qu'on en goutte… Ou comme la gigue endiablée de ses compatriotes, irlandais bien sûr, qui vous entraîne malgré vous
jusqu'aux petites heures de la nuit.
Le secret de cette magie ? Une bonne connaissance des choses de la mer. Des manÏuvres décrites avec une telle maestria qu'elles vous laissent convaincus d’être de vieux loups de mer, même si les bonnettes basses, les écoutes de hunier et les virages lof pour lof n’évoquent pour vous que des signifiés bien… vagues.
Une excellente documentation, puisée dans les archives de l’Amirauté, qui fait en sorte que c’est toujours l'inattendu qui survient. Ajoutez-y l'ambiance de la vie à bord où l’absence de confort (c’est peu dire) et la rudesse
n'empêchent pas une politesse très british, digne des salons de l'ambassade. Et vous aurez la recette d'une machine de guerre à faire des lecteurs.
Oui, mais les grands chefs oublient toujours de refiler le fin mot de cette touche finale qui distingue leurs plats des vôtres et qui les rend sublimes.
Bref, détente assurée. A lire sur la plage. Tonnerre de Brest ! Je ne vous ai pas entretenu de « La Surprise ». Bah ! Tous les bouquins de O'Brian sont de la même eau. Comme la mer : toujours recommencée. Mais ses couleurs ! Mais ses colères ! Ses envoûtements, ses… surprises.
Intéressé ? Tapez Patrick O'Brian sur votre moteur de recherche et il vous emmènera toutes voiles dehors sur le site de ce vieux so(u)rcier, drôlement bien affrété (but in english), avec des liens intéressants sur la marine à voile. Voir aussi http://web.mit.edu/hweb/www/surprise.html , site d’un afficionado reprenant une reconstitution graphique des manœuvres du HMS Surprise lors de la bataille navale telle que décrite dans le roman (7 pages). Si après cela vous n'êtes pas convaincu que le vieux P.O'B. sait de quoi il parle !
Ceci encore : dans mes bagages, j'emporte le petit dernier qui vient de paraître, « … en mer ionienne ». Ne m'obligez pas à défaire ma valise pour retrouver son titre exact. Non. Pas question. C’est non et non !
Une Mer couleur de vin... 9 étoiles

Et voila le dernier ( pour moi c'est-à-dire celui qui me manquait..) de la vingtaine de livres de Pat O'Brian qui me restait à lire je viens d'aller le chercher ce matin à la Bibli du plateau Mt Royal,quelques heures de bonheur avec Aubrey,Mathurin et les autres leurs aventures coversations
émaillées de connaissances et de culture qu,ils nous partagent sans barguiner.
Il y à deux jours j'ais vu le film tiré de l'oeuvre de Pat o'Brian, agréable mais telement fade à coté des heures de plaisirs que j'ais partagé avec eux au cours de leurs aventures.
Maintenant je vais explorer du coté des écrivains français qui ont écrits sur la méme période.Bon vent à tous


Risuki - Montreal - 84 ans - 14 décembre 2004


Souquez, souquez, souquez, souquez, souquez. 7 étoiles

Merci à Persée et Patman pour cette bonne découverte. Je suis pour l’heure à 50¡50’ de Latitude Nord et 4¡21’ de Longitude Est. La nuit vient nous guérir d'une chaude journée à peine moutonnée de l'un ou l'autre lointain nuage. Pas de grain. Une touffeur moite. Il a bien fallu filer vent arrière, à tel point que la masse d’air qui nous portait a semblé immobile tout le jour. C'est ainsi que nous avons traversé les cinquantièmes vagissants, ou quelque chose comme ça. Me voilà pour quelques jours dans le vocabulaire de marine. Un délice. « La grosse ancre était déjà au bossoir de capon (…) ». Personne ne sait ce qu’est un bossoir de capon évidemment. Mais que ces mots sonnent bien. Lorsqu'on ne comprend plus vraiment les manœuvres, on continue à se laisser bercer par la musique des mots et le son du canon. Je parie que vous ne savez pas ce que signifie « faire chapelle ». Non ? Comme c’est dommage. L'explication est à la page 203. et ce n’est pas ce que vous croyez. Et des « meuniers » ? Savez-vous ce que sont des « meuniers » ? Ce sont les rats qui hantent les navires en pleine mer et on les chasse avec constance car ils constituent des repas de choix. J'en ai l'eau à la bouche. Pas vous ? De la mer, de l'aventure, des combats, des amours. Tout est là. Et l’intelligence en plus. Et la dose de jugements à l’emporte-pièce qui va si bien aux marins d’alors : « (…) la très grande majorité des gens se tuent bien longtemps avant que leur heure ne soit venue. Ils vivent leur enfance. Pâlissent à l’adolescence. Montrent un éclair de vie dans l’amour. Meurent avant d'avoir trente ans, et rejoignent les pauvres types qui rampent, mécontents et nerveux contre la terre entière ». Une excellente distraction qui sombre par instants (en mer, ça s’impose) dans les conventions du genre. Oserais-je conseiller à ceux qui aimeront la série d’O’Brian, celle de Louis Garneray présentée sur le site ? En plus du goût salé qui leur est commun, elle a un parfum d’authenticité qui lui donne un charme différent.

Bolcho - Bruxelles - 76 ans - 20 juin 2003


La bonne surprise 10 étoiles

J'adore la saga de O'Brian. Jack et le docteur Mathurin sont des personnages vraiment attachants. L'auteur, décédé en janvier 2000, a eut le bon goût de terminer le dernier volume à temps. Il y en a en tout 20!!! dont 16 je crois sont déjà disponibles en français. J'en ai déjà lu 8 et le plaisir est toujours aussi intense!

Patman - Paris - 62 ans - 26 octobre 2001