Sur la ligne noire
de Joe R. Lansdale

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 3 août 2006
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
Inutile
Après l’excellent livre « Les Marécages », j’anticipais un énorme plaisir à lire ce récent opus de Lansdale. Quelle ne fut pas ma déception de découvrir une copie presque conforme de son meilleur effort.

Encore une fois, Lansdale met en scène un jeune garçon issu du milieu ouvrier évoluant dans un climat de tensions raciales. Et encore une fois, son quotidien est chamboulé par le meurtre d’une jeune fille dont le souvenir résonne au présent.

Bien sûr, l’époque, le langage et les mœurs du sud des État-unis dans les années 50s sont décrits justement. Mais dans cette version édulcorée d’un roman précédent, l’intrigue et le suspense ne sont pas au rendez-vous. C’est donc redondant et terne.
Ne lisez pas ce livre et optez pour « Les Marécages »
Enquête policière sur fond de haine raciale 7 étoiles

J'ai plutôt bien aimé ce livre pour le fait qu'au-delà de l'enquête elle-même Lansdale nous plonge dans cette Amérique profonde post WW 2 dans laquelle les avancées culturelles et technologiques de l'époque tranchent avec le retard social avec lesquels ils cohabitent. En effet, l'histoire se situe dans une petite ville typique des États-Unis, le lecteur s'imagine les drive-in, les premières voitures décapotables, les jeunes qui écoutent les premiers airs de Rock n Roll, les balades en forêt le week-end. Dans cette petite ville, une famille standard, le père, la mère et les deux enfants, qui ont fait l'acquisition d'un drive-in et l'exploitent du mieux possible. Mais voilà, le jeune fils, d'environ 13 ans, fait la découverte d'une boîte dans laquelle il retrouve des lettres entre un certain J et une certaine M. A partir de ces lettres, le frère et la sœur vont se lancer dans une sorte d'enquête policière pour savoir ce qu'il s'est passé une vingtaine d'années plus tôt, époque qui correspond avec la mort de deux jeunes filles aux abords de la forêt.

Le frère et la sœur vont vite avoir l'aide de Buster, un employé de la famille, un homme Noir d'environ soixante-dix ans qui va, bien au-delà de l'aide qu'il va leur apporter sur l'enquête, faire découvrir la vie à Stanley Junior, le fils de la famille. Une complicité naît entre les deux personnages et cette complicité fait comprendre au jeune blanc qu'il n'y a pas de différences, contrairement à ce que la société essaie de lui faire croire depuis sa plus tendre enfance, entre les Noirs et les Blancs. En parallèle, Rosy Mae, l'intendante de la famille, une Noire d'une quarantaine d'année, va également prendre sa place au sein de la famille et prouver à tous que les Noirs peuvent cohabiter avec les Blancs et être leurs égaux. Elle prend place au sein de la famille et est aimée comme un membre à part entière.

Un roman plus social que policier selon moi mais qui a le mérite de faire comprendre les mentalités de l'époque et la manière dont ces mentalités ont pu évoluer par la suite. Un très bon roman de Lansdale, qui se lit facilement, et que je conseille donc à la lecture.

Clubber14 - Paris - 44 ans - 8 mars 2017


Le meilleur de Lansdale 8 étoiles

C’est vrai, comme le dit Aaro-Benjamin-G le personnage principal a beaucoup de ressemblances avec le personnage de « Marécages », et alors ? Ne lisons-nous pas, en particulier dans les romans policiers, les aventures de personnages récurrents avec un inspecteur Machin-chose ou un détective Duchmole ? Il n’y a donc pas de raison de bouder son plaisir de lire ces deux livres.
J’ai d’ailleurs une préférence pour celui-ci qui se retrouve par commodité en littérature policière alors que Lansdale nous propose ici un roman social. S’il est vrai que le jeune héros se lance dans des recherches sur des morts mystérieuses et anciennes, ce n’est que pour chasser l’ennui des vacances d’été. Le mystère ou du moins une partie du mystère ne se révélera qu’à la faveur du hasard. Ici le cœur du roman est l’ouverture au monde d’un jeune garçon tout juste affranchi de la vérité au sujet du père Noël. Il sera question des relations entre communautés , de violences et du pouvoir de l'argent. Il y a aussi des personnages très attachants même s’ils sont assez caricaturaux, avec les gentils très gentils et les méchants très méchants. Je ne paraphraserai pas la critique de Shakti qui est très complète sur le roman. J’ajouterai simplement à ma consœur au sujet de Lansdale pour ceux qui connaissent et n'ont pas aimé les aventures testostéronées de Harp et Léonard ne se retiennent pas car il n’y a aucune similitude d’écriture.

Yeaker - Blace (69) - 51 ans - 27 novembre 2012


Haine raciale 7 étoiles

J'ai pris un certain plaisir à me plonger dans cette intrigue qui n'est pas vraiment du polar, malgré sa réédition chez Folio Policier.
C'est davantage une fresque de l'Amérique des années 50, celle qui suinte encore les haines raciales, la lutte des classes, l'embourgeoisement et la liberté à tout va, sans parler des contraintes religieuses omniprésentes dans la vie de chacun.
Sous prétexte de faire élucider par un jeune garçon un crime vieux de pas mal d'années, Joe R.Lansdale nous promène dans les drive-in, les fast-foods et les villes de banlieue, celles de l'Amérique travailleuse où la misère se planque à l'abri des maisons de riches.
Rien de bien neuf sous le soleil, certes, mais Lansdale réussit à créer une atmosphère prenante, teintée de nostalgie et de mystère. Pas un récit de suspense ni rien du genre, mais un ouvrage à déguster pour la torpeur qu'il dégage, pour ses personnages comme vous et moi, pour cette bêtise humaine qui paraît alors si normale, parce que naturelle.

N° ISBN réédition Folio: 2070345203

Sahkti - Genève - 50 ans - 11 juin 2008