Galets sur la langue
de Daniel Py

critiqué par MOPP, le 24 juillet 2006
( - 87 ans)


La note:  étoiles
Senryûs
Le senryû met en scène la nature humaine, il est "cousin" du haÏku, on pourrait le qualifier de "haïku satirique".

Daniel PY ne se prive pas de mettre en scène les travers de l'homme, ses vanités, ses petitesses, ses cruautés, ses indifférences...

Sa langue est apurée, c-à-d débarassée des choses superflues.

L'exemple suivant vous montrera ce que peut être un senryû réussi.

" sur ce pont
les corps des deux jeunes fiancés
lui Serbe, elle Bosniaque"

Le sujet n'est plus un faits divers, même si l'auteur du texte garde une certaine distance (toute relative) : en peu de mots, il plonge le lecteur au coeur du drame, il ne prend pas parti, mais...

"enceinte de sept mois
sous un bulldozer d'Israël"

Le senryû se condense, prend du "poids".

Aucune métaphore, aucune figure de style, mais le mot juste. Avec du silence. de quoi réfléchir.

Je viens d'écrire aujourd'hui :

"débris
deux lapins sous les débris"

Je vous invite à lire ce très beau recueil qui traite aussi de choses plus joyeuses...

M.P.