Le parlement conjugal, une histoire de polygamie
de Paulina Chiziane

critiqué par StellaMaris, le 20 juillet 2006
( - 63 ans)


La note:  étoiles
Vers l'émancipation des femmes africaines
Paulina Chiziane est la première femme écrivain mozambicaine. Elle publie depuis de nombreuses années dans son pays, au Brésil et dans le monde anglo-saxon, mais le public francophone la découvre cette année grâce à un son dernier livre, Le Parlement conjugal, aux éditions Actes Sud. Auteur de trois romans et d’un recueil de nouvelles, Chiziane est une passionnée de son pays et de ses cultures d’influence multiple. Elle signe ici un texte qui se démarque du reste de son œuvre, profondément marquée par les années de conflit qui ont déchiré le Mozambique.
Le Parlement conjugal raconte l’histoire de Rami, une femme négligée par un époux volage. Mais lorsque la jalousie la pousse à rechercher les maîtresses de l’infidèle, elle découvre en réalité quatre femmes, trois ont des enfants et elles ignorent plus ou moins qu’elles partagent l’existence d’un homme officiellement marié avec une autre ! Tony est polygame. Sa colère passée, Rami se lie d’amitié avec ses homologues, les encourage à devenir financièrement autonomes et constitue une assemblée pour contraindre l’homme de leurs vies à mieux assumer les conséquences de ses actes. Avec une vanité non feinte, celui que l’on découvre haut fonctionnaire de la police de Maputo prend alors une place d’idole ouvertement reconnue. Il va déchanter. Son intimité dévoilée, ses habitudes commentées, raillées, ses désirs débattus en public le confinent bientôt dans un rôle de marionnette, il devient un pauvre pantin soumis à des passions qui le dépassent.
Ce roman, écrit avec délicatesse, raconte l’histoire de l’émancipation des femmes africaines, cette force vitale qui transcende les barrières culturelles et les habitudes ancestrales. Dans le respect de la tradition, ces nouvelles adeptes d’un existentialisme qui ne dit pas son nom marchent à grandes enjambées vers leur indépendance. Elles ne quémandent plus, mais arrachent de haute lutte la reconnaissance de leurs mérites et prouvent, à leur façon mais sans ambiguïté, à quel point elles portent leur continent vers la modernité et le développement.