L'enfant de Bruges
de Gilbert Sinoué

critiqué par Persée, le 13 juillet 2001
(La Louvière - 73 ans)


La note:  étoiles
My name is Eyck... Van Eyck
Avec le Livre de saphir, Gilbert Sinoué avait démontré sa capacité à dominer une intrigue poussée jusqu'à l'incandescence grâce à une fine érudition.
« L’Enfant de Bruges » nous fait pénétrer dans l'atelier des frères van Eyck dont l’auteur évoque l’activité diplomatique occulte plutôt que le génie pictural.
En fait de « Grand Secret », van Eyck, sorte de James Bond du XVe siècle à en croire Sinoué, aurait découvert autre chose que la recette de la peinture à l'huile. Soit.
Parce qu’il est censé connaître ou incarner ce terrible secret, un enfant de treize ans se retrouve plongé au coeur d’une vaste conspiration dont il pourrait être la proie. Voici que des artistes et autres intellectuels illustres se mettent à tomber comme des mouches, terrassés par des spadassins. Et tout porte à croire que le complot débouchera sur une destruction massive de l'intelligentsia florentine.
L'intrigue est bien menée mais le dénouement déçoit : le « Grand Secret », s’il pouvait à l'époque avoir son prix, se laisse tout de même un peu deviner. Il en va de même pour le grand massacre projeté : si, dès la moitié du livre, l'auteur n’avait jugé bon d'y glisser un indice par trop évident, le lecteur en serait encore à se demander, jusqu’à l’ultime seconde, comment diable on aurait pu s’y prendre, au XVe siècle, pour procéder à un massacre instantané, à la fois massif et sélectif, sans qu’une goutte de sang soit versée.
Restent cependant quelques questions annexes (celles du qui et du pourquoi ) suffisamment prenantes pour conserver quelque attrait au récit.
Signalons également un bon travail de documentation historique, distillé avec doigté. Et, ce qui ne gâche rien, les Belges apprécieront qu’un auteur français décrive leur pays autrement qu’en prenant ce point de vue de Sirius qui confère à tout Belge un accent brusseleer coluchien. On s'y appelle même Monsieur en vieux flamand, alstublief !
Une lecture au second degré y trouvera, entre autres, une réflexion sur le partage des connaissances et sur la tolérance.
Un mot sur le portrait interpellant, dû au. Pinturicchio, qui orne la couverture. Rien que pour lui, on achèterait le bouquin. D'où l’importance d'une couverture attirante. Même si, en l'espèce, la reproduction d'un van Eyck semblait s’imposer.
Bref, une lecture un peu plus que plaisante, qui aurait pu devenir plus passionnante encore si l'auteur avait fait le sacrifice de deux ou trois pages vers le milieu du livre.
Un roman dense, prenant, enrichissant 8 étoiles

Un roman historique dense, aux recherches solides mais aussi avec des éclairages permettant au lecteur de bien saisir le contexte.
Les relations sociales, les idées, les modes de vie, l'orientation artistique de l'époque sont magnifiquement décrits sans lourdeur. L'auteur immerge totalement le lecteur dans le décor et dans l'époque.
Les personnages sont également bien campés et dévoilent petit à petit leur personnalité et leurs motivations.
Un excellent polar historique où l'on est tenu par l'intrigue, où l'on voyage dans le temps et l'espace et dont on sort plus riche qu'au début.
Une excellente référence pour les amateurs du genre qu'il ne faut évidemment pas prendre comme un documentaire historique.

Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans - 7 janvier 2024


si on aime les romans historiques 7 étoiles

Comme la plupart d'entre vous, j'ai beaucoup aimé le côté historique de ce roman qui nous plonge dans l'Europe de 1440. Mais j'ai beaucoup moins aimé l'intrigue... Une fin peu intéressante..

Rainette - Bruxelles - 63 ans - 10 mars 2014


Fresque humaine 7 étoiles

J'avais apprécié "Le livre de Saphir", ouvrage érudit et intriguant. Une érudition que je retrouve avec plaisir dans "L'enfant de Bruges", même si je la trouve moins poussée que dans le titre précédemment cité. Gilbert Sinoué nous promène dans différents lieux, le lecteur rencontre quelques personnages intéressants (mais pas tout le temps exploités comme j'aurais aimé) et il arrive une fois de plus à créer une ambiance très particulière. Le milieu de l'art est évoqué avec détails, une certaine tendresse aussi (le peintre Van Eyck est très humain) et puis il ya pas mal d'infos sur cette époque et le mode de vie de certains. Mais sans doute pas assez pour en faire un vrai roman historique. Etait-ce cependant la volonté de Sinoué? Je l'ignore et finalement peu m'importe, j'ai apprécié le livre tel quel, je n'aurais pas voulu être noyée sous une pluie de détails.

Question intrigue, c'est plutôt léger, Sinoué n'est pas maître es mystères et polar en tous genres, ça se sent, mais ce n'est pas vraiment gênant parce que le tout se laisse lire avec un plaisir certain. La fin est décevante, le livre vaut davantage pour l'atmosphère qu'il dégage.
Au final, une lecture plaisante, j'ai aimé ce livre tout en lui reconnaissant des défauts (et aussi des qualités!).

Sahkti - Genève - 50 ans - 14 février 2007


Diabolique art 9 étoiles

J’adore quand le roman historique ose courber l’échine devant le souffle de la fiction. C’est le cas ici. Quelle belle histoire que celle de ce garçon orphelin qui deviendra le fils préféré d’un maître de la peinture, lequel lui transmettra à son insu les secrets de son art. Un voyage dans le temps jubilatoire, parfois simpliste mais rudement efficace.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 30 janvier 2006


Idem... 8 étoiles

Je rejoins vos avis. J'ai beaucoup aimé l'ambiance du bouquin, les personnages tiennent en haleine avec des méchants très très méchants!

Et totalement d'accord sur la fin qui tombe à plat... et puis surtout le rôle de cet enfant de Bruges dans cette fin... presque du Hercule Poirot.

Mais bon, je mentirais en disant que je n'ai pas dévoré ce livre! Un très bon roman à lire rapidement

Manumanu55 - Bruxelles - 45 ans - 13 décembre 2005


d'accord pour la révélation décevante. 8 étoiles

Moi aussi un peu déçue par la fin, je n'en ai pas moins apprécié ce livre que j'ai trouvé par hasard dans une bibliothèque d'hôtel sur les îles Seychelles pour pouvoir l'emporter alors que je devais changer d'île l'hôtelier m' a demandé d'en laisser un autre. Quelle horreur pour moi que de devoir me séparer d'un de mes livres pour pouvoir continuer cette passionnante histoire, j'ai lâchement abandonné un P. Sollers que je n'arrivais pas à finir. Je ne fus pas déçue de mon choix et rentrée à Bruxelles cette (effectivement) très belle couverture a trouvé sa place parmi mes autres livres. Voilà pour l'anecdote.

Chat pitre - Linkebeek - 53 ans - 19 juillet 2001