Le Siège de l'Aigle
de Carlos Fuentes

critiqué par Sparkling Nova, le 26 juin 2006
(Paris - 41 ans)


La note:  étoiles
Des liaisons dangereuses
Mexique, 2020. Lorsque le Président demande le retrait des troupes américaines de Colombie et soutient l'augmentation du prix du pétrole, les représailles ne se font pas attendre. Les Etats-Unis désactivent le satellite assurant les liaisons mexicaines, et le pays entier se retrouve privé de tout moyen moderne de communication.
Ne restent alors que les lettres - des lettres brûlantes que les membres du gouvernement s'échangent avec d'autant plus de passion que les élections présidentielles approchent.
Ambition dévorante, trahison et amour passionnel rythment cette correspondance entre les aspirants au pouvoir.

Amour et pouvoir se mêlent dans cette version politique des Liaisons Dangereuses. La construction épistolaire de ce roman est certes admirable, mais la prose alambiquée de Fuentes, le foisonnement des personnages et des intrigues noyées de bavardage en rendent malheureusement la lecture pénible.

Je dois avouer que j'ai tiré plus de plaisir des questions soulevées par le livre que de sa lecture en elle-même. En effet, une fois le roman terminé (étape la plus difficile), on ne peut que s'interroger sur les faiblesses d'un système politique fatalement corrompu par les sentiments humains, sur la fragilité des relations internationales, sur la manipulation des masses, l'évolution géopolitique de notre monde, etc.
Voilà donc un livre complexe mais enrichissant. Après tout, c'est le plus important.
Un siège éjectable... 9 étoiles

Une allégorie historique du pouvoir (et du non-pouvoir) dans le Mexique du XXe siècle, rendue intemporelle grâce à la prose enflammée de Carlos Fuentes. Une belle leçon politique et humaine sur la grandeur et les multiples misères d'un gouvernement rendu tragiquement inopérant dans le fouillis inextricable des plus nobles intérêts et des plus basses rivalités, allant de la majesté au fond de caniveau. Un exercice de travaux pratiques, dans lequel Tacite, les imprécations de Caton contre Carthage, la finesse de Machiavel, le narcissisme instructif du cardinal de Retz, l'austérité intransigeante de Montesquieu ou la froide raison de Clausewitz, trouveraient aisément leur justification. Remplacez les noms, les époques et les lieux, au choix : vous y retrouverez toujours un fond de vérité splendidement mis à jour par Carlos Fuentes, lequel rend un bel hommage à l'écrit, puisque tout le récit est articulé sur une successioin de lettres, à la manière d'une Mme de Sévigné mariée au duc de St Simon, avec les effets qu'on devine....

Radetsky - - 81 ans - 1 janvier 2015