Midnight Examiner
de William Kotzwinkle

critiqué par Sahkti, le 25 juin 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
La presse à zéro franc
Un roman drôle et noir, par moments glauque, parfois déjanté. Le destin croisé de plusieurs journalistes bossant pour la presse bon marché, celle qui parle des chats à trois têtes ou des extra-terrestres qui ont envahi le jardin du voisin et sont repartis avec sa femme. Chaque protagoniste est journaliste et détient plusieurs rôles, dans plusieurs magazines, ce qui va, pour la même personne, du boulot de sexologue à celui de rédac' chef en passant par le spécialiste de la religion.
Sur ce point, c'est très drôle, voire hallucinant. Rien n'arrête ces gens et ils considèrent leur boulot avec un cynisme certain, ce qui permet à l'auteur de déployer une verve caustique qui apporte un joli rythme au livre.
Ça devient moins drôle lorsque tous ces gens se penchent sur leur sort ou doivent affronter des coups durs, les petites frappes venues laver l'honneur d'une star déchue ou les courriers d'un public courroucé. Le lecteur patauge alors dans une sorte de misère triste et noire, qui correspond finalement assez bien à ce qui donne vie à cette presse populaire crasseuse. D'autant plus que chacun de ces journalistes a d'autres ambitions que de parler de la recette de la fellation à 70 ans ou d'un ovni déposé dans le ventre d'une jeune fille. Mais la vie prend parfois des détours...

William Kotzwinkle maîtrise son sujet journalistique, ne juge pas (ce qui est plutôt bien, ça évite les lourdeurs moralistes) et donne à chacun son heure de gloire. Son écriture est vive, j'aime l'humour noir qui se dégage de chaque page, mais je reproche toutefois certaines longueurs et répétitions, un peu comme si l'auteur voulait à tout prix allonger la sauce, au détriment de la qualité et de la saveur de son histoire, dommage.