Cinq méditations sur la beauté
de François Cheng

critiqué par Le rat des champs, le 18 juin 2006
( - 74 ans)


La note:  étoiles
Testament spirituel
Dostoïevski disait que la beauté sauvera le monde. Cette réflexion a inspiré au merveilleux écrivain qu'est Cheng cinq petites méditations sur ce qui lui paraît essentiel ici-bas. Plus que le juste et le vrai, la beauté transcende toute notre vie parce qu'elle est universelle. Elle naît de la prise de conscience de l'unicité des êtres dans leur altérité. Le monde pourrait ne pas l'être, mais il est beau, incontestablement. Comme le dit Henri Maldiney cité par l'auteur, de chaque visage humain rayonne une transcendance impossessive qui nous enveloppe et nous traverse. Reconnaître la profonde beauté de chaque être est un pas incontournable vers l'amour et la fraternité universelle. N'est-elle qu'un surplus ou bien a-t-elle une nature plus ontologique témoignant d'une intentionnalité? La question est intéressante, car selon la thèse matérialiste, l'apparition de l'univers est due à la combinaison aléatoire d'éléments chimiques jusqu'à l'obtention de la vie. Comment "le hasard et la nécessité" peuvent-ils donner naissance à la beauté, qui d'un point de vue fonctionnel est parfaitement inutile? Notre sens du sacré vient de la constatation non du vrai mais du beau. La vraie beauté va dans le sens "d'un principe de vie qui maintient ouvertes toutes ses promesses." La beauté ne peut trahir, son utilisation pour la domination devient la laideur même. Elle relève de l'être et non de l'avoir, elle ne sert à rien et elle sert à tout. A quoi peut servir une rose si ce n'est à nous émerveiller, et ce faisant nous élever vers une certaine transcendance?

Ce livre est relativement court (160 pages) mais il n'est possible que d'en faire une introduction à quelques idées de bases, tant il est dense et riche. François Cheng est un des plus grands auteurs actuels, et sa situation au carrefour de l'Orient et de l'Occident, son métissage culturel alliés à une grande intelligence de l'esprit et du coeur font de ces méditations une authentique nourriture de l'âme.

Une lecture de très grande qualité, un chef d'oeuvre de plus d'un des plus grands auteurs de notre temps.
Instants philosophiques éclectiques 6 étoiles

Le livre est une suite de 5 monologues autour de la beauté qui approfondissent de plus en plus la notion en prenant appui sur le précédent. L’auteur fait de nombreuses excursions en Chine et en occident, dans le monde de la peinture et des poètes pour appuyer ses démonstrations sur le sujet.

Le style est celui de la conversation didactique entre gens de bonnes compagnie.

Quelques citations :
« Ne jamais se dispenser d’écouter les autres et de penser par soi-même. » (21)
« La beauté nous paraît presque toujours tragique, hantés que nous sommes par la conscience que toute beauté est éphémère » (26)
 Si elle n’est pas captée par un regard, la beauté ne se sait pas ; elle est en ‘’pure perte’’, elle ne prend pas son plein sens. [...] Ce regard d’un sujet qui capte dans l’instant la scène de beauté entraîne une nouvelle rencontre située sur un autre plan, celui de la mémoire. » (106)
« Rappelons que la tradition des lettrés, mettant poésie et peinture à la place suprême de l’accomplissement humain, ne sépare guère l’esthétique de l’éthique. » (159)

IF-0214-4176

Isad - - - ans - 1 mars 2014


C'est la grâce qui se lit à travers la beauté et c'est la bonté qui transparaît sous la grâce 4 étoiles

Bien trop philosophique à mon goût. Je n'ai apprécié que certains passages, à d'autres moments j'ai décroché.
Je m'attendais à quelque chose d'un peu plus sympathique à lire, d'un peu plus vulgarisé.
Cela dit, cela reste sans doute un livre bien écrit intéressant à lire à condition que le sujet nous intéresse un tant soit peu.

Lolita - Bormes les mimosas - 38 ans - 6 février 2008