A leurs bons coeurs
de Anna Gavalda, Régis Momenteau

critiqué par Laure256, le 17 juin 2006
( - 51 ans)


La note:  étoiles
Une leçon d'humilité
Anna Gavalda est connue, elle a du succès. Et j’aime beaucoup ce qu’elle écrit. Aussi quand le site Amazon annonçait dans ses futures parutions un livre d’Anna Gavalda, je me suis empressée d’en savoir plus. Il s’appelle à leurs bons cœurs et il est publié chez Cheminements. Connaissant un peu les publications de cet éditeur, je suis d’abord surprise : Gavalda, un roman chez Cheminements ? Non, il s’agit d’un document, et Gavalda ne fait qu’y collaborer. Alors j’ai laissé passer le temps, et lâchement je l’ai emprunté en bibliothèque. Ce livre est une sacrée leçon d’humilité. Recueil de photos prises par Régis Momenteau, accompagnées de dialogues retranscrits, et de temps à autre d’une notule de Gavalda, elles montrent combien ceux que l’on appelle communément les SDF sont abîmés par la vie, les ravages de l’alcool et le manque d’hygiène. Mais il y a aussi du cœur dans ce livre.
Elle le dit en parlant d’eux : « C’est difficile de se faire adopter par ces gens-là. Ils n’osent plus s’attacher. A rien ni à personne. Ils ont peur. Ils ne veulent plus montrer le moindre signe de faiblesse parce qu’ils se sont pris trop de beignes dans la figure. Alors ils rigolent, ils picolent, ils biaisent et gueulent un peu. C’est leur façon de se protéger. » Elle dit d’emblée aussi que les préfaces, elle n’aime pas ça. Ça ne sert à rien et ça gâche le plaisir. Personne ne les lit de toute façon. Alors pourquoi avoir écrit celle-ci, contre son credo ? « A cause du cœur bien sûr ».
Régis Momenteau a su les approcher, les écouter et les photographier. Mais il a su transmettre aussi la tendresse, la fraternité, les joies simples et l’amour qu’il y a aussi chez « ces gens-là ». Rien n’est plus précieux que leur liberté alors que nous croyons ou voulons bien faire. Non, ce n’est pas simple. Ce livre, c’est une sacrée leçon de vie. Mais qui l’achètera ? Et pourquoi ? Parce qu’il y a le nom de Gavalda ? Si c’est cela qui doit le faire découvrir, alors oui, fi du jeu commercial ! Quand je croiserai l’un de ces hommes (ou femmes) dans la rue, j’aurai ces textes et ces photos en tête et je ne les regarderai plus pareil. Un sourire, ça ne coûte rien.