Caldeiras
de Vera Feyder

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 11 juillet 2001
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Quand deux écorchés se rencontrent, les destinées s'affolent
Les deux héros du livre sont déchirés, chacun à leur façon.
Tina, élevée à l'assistance publique, travaille comme couturière chez madame Caffieu qui l'exploite allègrement.
Nat n’a trouvé le moyen de survivre à un chagrin d'amour qu’en s'oubliant dans une course folle à travers le monde, à la recherche de clichés photographiques toujours plus révélateurs de la misère humaine. Comment ces deux-là vont-il se rencontrer ? Par le plus pur des hasards. Un très beau moment qui ne nous sera d’ailleurs pas relaté « en direct » mais sous forme de flash-back.
D’autres personnages poignants interviennent, qu'on aurait des difficultés à cataloguer de « secondaires », tant ils sont décrits avec profondeur, sans pour autant tenir le devant de la scène. Il y a entre autres Fatsolino. Laid, essuyant rebuffades sur moqueries, il n’en revient pas lorsque Tina l’écoute, lui offre son amitié et le protège.
L'histoire est quelque peu difficile à suivre au début. Quelques pages nous parlent, de façon voilée, de Tina. Puis, sans transition aucune, voilà que c’est Nat qui, à demi-mot, entre dans la narration. Tout ça bombardé de flash-back. J’ai donc dû m'accrocher au début. Le style ? Parfois un peu lourd. De très longues phrases, un vocabulaire très recherché. Une figure fort appréciée de l'auteur (qui en use et en abuse, jusqu'à nous en saturer) est celle qui consiste à reprendre par un pronom un mot cité précédemment. Si le sens est souvent évident, parfois, c’est limite ! En voici trois exemples : « Trempé jusqu’aux os comme il l’est, il n’en fera pas de vieux s'il reste ainsi ! » « Au bout du compte, il choisit de n'en rendre à personne. » « Clem ne cherche aucune réponse. Elles viendront toutes à leur heure. (Paragraphe suivant) Ce soir-là, il la consultera à sa montre avant de quitter le théâtre. »
Assez vite, les personnages nous captivent, très dignes dans la souffrance, ils nous touchent, ils nous remuent. Ils font montre d'une humanité qui, en dépit de ces coups du sort, continuera à espérer et à offrir son amitié, sa tendresse à d’autres laissés pour compte. Par ailleurs, l’auteur sait nous tenir en haleine : Tina rejoindra-t-elle Nat ? Fatsolino est-il un assassin ? Jusqu'au dernier paragraphe, vous en apprendrez plus !