Manon Lescaut
de Antoine François Prévost

critiqué par Macréon, le 11 juillet 2001
(la hulpe - 90 ans)


La note:  étoiles
Les charmes de Manon Lescaut
L'abbé Prévost (1697-1763) s’est offert une vie assez mouvementée, choisissant d'abord l'état ecclésiastique et bouleversé ensuite par la rencontre d’Hélène Eckhardt, dite Lenki, avec laquelle il vécut un amour-passion, dûment et fréquemment entravé par les infidélités de la belle et les interventions furibardes de ses vieux amants.
Edité en 1753, Manon Lescaut connut immédiatement un vif succès de scandale et fut fort apprécié par des écrivains du XIXe siècle comme Sainte-Beuve, Dumas, Guy de Maupassant et plus tard Anatole France, André Gide... De grands compositeurs comme Massenet et Puccini en firent des opéras que l'on joue encore.
Manon Lescaut est le type de la femme éternelle, amoureuse du luxe et du confort, vénale, inconséquente et amorale, mais très sincèrement éprise du son amant de coeur qui finit par l’accompagner aux Amériques dans un convoi de filles de mauvaise vie après une intervention musclée d'un amant éconduit auprès du lieutenant de police, personnage aux larges pouvoirs et au bras long.
La sobriété et le naturel du style, son élégance, ses phrases nettes et courtes, son classicisme dénué de tout archaïsme, le pathétique des situations emportent l'adhésion du lecteur le plus blasé. Négligez les premières pages et plongez-vous dans un roman passionnant, aux multiples péripéties, aux sentiments nobles - pourquoi-pas -, à l'amour total nourri de torrents de larmes, de remords et de réconciliations. Après tout, "l’amour est bon maître", s'exclame l'abbé Prévost qui fait aussi remarquer “ que dans toute sa vie, le Ciel a toujours choisi pour le frapper de ses plus rudes châtiments le temps où sa fortune semblait la mieux établie !"
Lisez ce petit livre délectable, immortel, dans lequel les charmes désuets du XVIIIe siècle vous distrairont de la vulgarité et de l’ennui d’aujourd’hui.
Excellent 10 étoiles

Au fil de mes lectures, je remarquais de ci ou là, dans les textes mêmes, ou dans les préfaces ou autres introductions, des références à Manon Lescaut, livre du renommé, il faut l’en croire, abbé Prévost. Alors il fallait bien que je finisse par le lire, un jour ou l’autre. Et ce jour est enfin arrivé ! Mon verdict quelques jours plus tard après avoir tourné la dernière page ? Excellent ! On ne peut nier que sa renommée est méritée.

C’est un très bon livre, qu’on lit page après page avec certes un certain étonnement, dû au style châtié, à l’esprit ancien du texte et aux mœurs alors propres à cette époque bien éloigné de la nôtre. Et c’est justement cet éloignement du style, de l’esprit, des mœurs, qui fait tout son charme. Mais ce n’est pas tout. L’histoire qui est racontée par notre bon abbé a tenu constamment mon intérêt en éveil avec cette suite de mésaventures vécues par le chevalier des Grieux et sa belle Manon Lescaut.

Une histoire d’amour, donc. De Grieux aime Manon d’un amour inaltérable, au point que ça confine à la folle passion. Des Grieux, jeune noble d’une famille riche et respecté n’en finit plus de chuter, jour après jour dans les malheurs toujours grandissants d’une vie déréglée et déshonorante pour lui et pour sa famille, malgré les rappels constants à une conduite vertueuse par son ami Tiberge. Et cela uniquement par amour pour Manon, superbe femme qui aime Des Grieux mais qui est aussi inconstante dans sa conduite et ses mœurs.

Manon Lescaut, la femme par qui l’homme a chuté ? La tentatrice qui l’a détourné du droit chemin ? Est-ce là le fond moral de l’histoire ? D’une construction romanesque parfaite, où tout s’enchaîne admirablement bien, je crois que l’auteur, tout abbé qu’il soit, a voulu donner un sens plus subtil qu’un simple sermon biblique à sa démonstration, et que si vraiment il y a « faute », l’homme, le chevalier Des Grieux en a sa part tout autant que la femme, Manon, avec son aveuglement, sa naïveté, son entêtement, mais surtout par la passion amoureuse qui a pris l’empire de tout son être comme une maladie qu’il ne pouvait plus s’en guérir.

Un livre passé à la postérité sur le nom seul de Manon Lescaut, alors que le principal personnage est bien le chevalier Des Grieux... Pourtant, le titre à l’origine est « Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut ». Il faut bien rendre justice à ce pauvre Des Grieux injustement oublié de la postérité.

Cédelor - Paris - 52 ans - 10 mai 2021


Ennuyeux à mourir. 1 étoiles

Le personnage du chevalier Des Grieux est insipide, naïf et insupportable.
Cerise sur le gâteau pour parachever une oeuvre déjà assez dénuée de sens, la morale chrétienne érigée comme seule et unique "but" dans la vie.

Xxxxxx - - 106 ans - 17 avril 2016


Pauvre chevalier ... 8 étoiles

Je ne me suis pas ennuyé en lisant ce livre , qui a un rythme rapide , où l'on passe vite d'une situation à une autre . J'ai accroché tout du long , prenant un vif plaisir à tourner les pages pour suivre ces aventures (amoureuses) .

Naoki70 - - 46 ans - 29 septembre 2012


Quelque chose dans ce livre... 8 étoiles

je ne suis pas adepte du romantisme mais pourquoi autant aimer ce livre... oui il y a une histoire d'amour, mais elle ne me semble là que pour porter cette peinture de l'humain qui se débat, qui essaie de s'en sortir comme il peut avec cet horizon de fatalité qui se moque de lui... en attendant, on y meurt et on y vit avec tous nos sens, jusqu’au bout, ce livre est une explosion de sensibilité.. rien d'intellectuel et tant mieux... j'ai lu ce livre à 16 ans, je l'ai relu dernièrement et je pense que je le lirai encore

Maysa - - 46 ans - 3 septembre 2012


Amour, amour 8 étoiles

Une hédoniste volage profitant de la naïveté d'un dadais inexpérimenté en matière d'amour ? Il y a de cela, mais ce serait aussi simplifier les choses.

Loin d'être une histoire guimauve et manichéenne où tout est à deux dimensions l'Abbé Prévost nous ouvre en effet à la complexité des passions humaines, la difficulté des sentiments et leurs conséquences ambiguës sur nos actions. Je ne sais pas quoi penser de l'un ou l'autre amant, d'ailleurs. Des Grieux est certes un cocu à la naïveté confondante, il y a pourtant une grande noblesse de coeur à tout abandonner par amour et pardonner les excès de sa belle. Qui sommes-nous pour le juger ? Quant à Manon, jeune, volage, inconséquente elle a pourtant de l'ambition et se bat tout aussi bien pour son amant (qu'elle aime et sincèrement, malgré tout) que pour son frère. Connait-on précisément ses origines sociales, son passé, son vécu ? Qui sommes-nous, là encore, pour la blâmer de penser au confort et à l'avenir de son couple, dans une société qui lui refuse même le simple droit d'aimer au-dessus de son rang ? Les circonstances les mèneront à la ruine, il est évidement plus facile de se moquer, juger et condamner que d'essayer de comprendre les motivations profondes de chacun, d'oublier que derrière le vice et la poursuite du luxe apparent transparait, aussi, une certaine noblesse de sentiment.

Bizarrement, pour un roman du XVIIIème siècle la violence des passions fait penser à une oeuvre Romantique... Une histoire riche et complexe, donc.

Un très bon moment de lecture.

Oburoni - Waltham Cross - 41 ans - 21 avril 2012


L'amour, question éternelle 6 étoiles

Déjà agréable à lire comme tout bon roman, révolutionnaire à son époque, Manon Lescaut est en plus une sorte d'idéal de lecture adolescente, un peu dans le style d'un feuilleton.
Cette histoire fait croire et désespérer de l'amour. Fait réfléchir sur : qu'est ce que la pureté? Ce chevalier, est il vraiment si naïf? Il a parfois l'air de se complaire dans la "fatalité".... Pourquoi cette femme, ne peut-on pas s'empêcher de l'aimer, malgré son comportement presque insupportable? Parce que celui qui raconte l'histoire sait nous en persuader, et montre donc la complète abnégation, complète illusion de l'amour; son absurdité aussi.
C'est un tour de force de l'auteur qu'on ne peut qu'admirer.
Toutefois, ce livre ne m'a pas touchée outre mesure.... J'aurais aimé pouvoir l'étudier de manière approfondie, pour mieux saisir son intérêt, sa nouveauté... En tout cas, c'est agréable de connaître un peu mieux cette époque à travers les amours contrariées du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut.

Noée - Brocéliande - 30 ans - 6 avril 2011


Innocent amoureux ! 10 étoiles

Comme quoi, on ne peut rien contre l'amour. Pas totalement dupe du jeu de sa dulcinée, notre pauvre chevalier des Grieux se laisse mener par le bout du nez. Ils sont jeunes, beaux, délicieusement dépravés, mais sincères avec eux-mêmes (pour ce qui est de leurs relations avec les autres, c'est une autre affaire).... A conseiller à tous les curieux de la littérature classique. Et à ceux qui chercheraient une oeuvre dans la même veine en plus poussé niveau "interdit au moins de 16 ans" mais tout aussi magnifiquement écrit, essayez Restif de la Bretonne.

Marie-c - - 46 ans - 7 juillet 2010


La soif inextinguible d'aimer joliment illustrée 8 étoiles

"Manon Lescaut" est avant tout un livre d'amour; la force de l'amour est ici incarnée par le personnage de Manon, qui exerce un charme irrésistible sur le chevalier des Grieux, lequel va négliger famille, amis et profession pour lui plaire.
Le style fluide et sobre de Prévost enchante dès les premières pages et l'on ne s'ennuie jamais pendant la lecture de cet ouvrage, riche en préipéties et retournements du sort de tout genre.
Et malgré une fin un peu trop ouverte et pas en accord total avec la psychologie du personnage principal, "Manon Lescaut" s'avère être bien un trésor de lecture, dont on pourra retenir force éléments de tout genre (parmi lesquels des personnages attachants, des dialogues délectables, une réflexion sur l'amour et la façon de trouver un équilibre entre les sentiments et la vie professionnelles). Notons aussi des techniques romanesques intéressantes, telle la présence de deux narrateurs (le marquis de Renoncourt et le chevalier des Grieux).

D'ailleurs, "Manon Lescaut" est le septième tome des mémoires du marquis de Renoncourt. Mais je pense que l'on peut le considérer, comme le semblent avoir fait beaucoup de critiques et de lecteurs, comme indépendant.

Je conseille cette histoire d'amour tragique (les derniers événements lui donnent en effet une coloration bien tragique) à tous, en espérant que le fait qu'elle a été écrit au XVIIIème siècle ne rebute point certains lecteurs peu courageux.

Matthias1992 - - 32 ans - 3 septembre 2007


amour et argent 8 étoiles

Un très bon livre.

Je l'ai lu pendant mes études: je m'attendais donc à un livre ennuyant et compliqué.

Que Nenni!

Très bien écrit, une belle histoire: Manon et un chevalier très amoureux d'elle vont connaître de multiples aventure à cause de la vénalité de la dame.

Zanaiide - - 40 ans - 6 juillet 2007


Mitigé 8 étoiles

Tout est parti d'une lecture obligatoire à la fac, je me suis dit "c'est un livre à avoir lu, lance toi" et puis j'aime beaucoup la littérature de cette époque.

Le résultat: une belle peinture de ce siècle en filigrane. Un amour passionné sans doutes à sens unique.
Cependant même si à l'époque les larmes étaient le signe d'une sensibilité, Des Grieux pleure un peu trop souvent à mon goût. De plus, il a une certaine tendance à se complaire dans cette relation vouée à l'échec malgré tous ses déboires et les infidélités de Manon.
Sur l'écriture rien à dire, elle est très belle.

Nonobstant, il FAUT avoir lu ce livre.

Babsid - La Varenne St Hilaire - 37 ans - 13 octobre 2006


Amours frivoles et délicieusement indécents 9 étoiles

Historiquement, ce roman est une oeuvre de son temps : à la mort de Louis XIV, succède une nouvelle période de régence, synonyme de la fin de l'austérité et l'ouverture vers un libertinage plus ouvert, en tout cas plus affiché.
Il en est parfaitement l'exemple, d'autant plus que le clerc qui l'a écrit s'est inspiré de lui-même, selon les "ressemblances biographiques", pour crée le Chevalier des Grieux.
Manon, fille vénale attirée par le luxe, devient elle-même follement éprise de Des Grieux, sans se départir de ses mauvais travers, à savoir sa vie légère, ce qui lui vaut sa déportation en Louisiane, où les colons réclament des femmes blanches.
Le fait de se complaire dans son statut "galant" s'est déjà illustré dans son refus fait à lui de sa demande en mariage. Il se contente d'être son amant, et ceci contre les moeurs et les remontrances de son entourage. Puis, le naturel revenant au galop, même après la vie de couple, elle retombe dans ses travers et trompe le héros.
Ce dernier est frappé d'une seconde peine dans son malheur : il est enlevé par les laquais de son père pour être séquestré. "On ne badine pas avec l'amour". Il est envoyé au séminaire de Saint-Sulpice, mais, à la fin de celui-ci, il rencontre Manon et s'éprend à nouveau d'elle et pardonne.
Puis, vient l'incendie qui les ruine, il devient son proxénète et triche au jeu, pour survivre.
Les incidents du même acabit se succèdent : un vol, l'emprisonnement de Manon et sa libération par son amant. Ils se remettent ensemble.
Puis, pensant pouvoir détrousser un riche et charmant courtisan en croyant rester fidèle, elle lui envoie une Dame pour le distraire, mais il devient jaloux et enlève le jeune et beau prétendant.
C'est là qu'ils partent pour la Nouvelle-Orléans, en Louisiane, où ils finiront par mourir dans le désert.

Ce roman est très riche : que de rebondissements ! Il y en a presque trop, il faut y aller doucement, et c'est ma seule réserve. L'auteur a eu le courage de décrire une époque, et même lui-même, sans concession. C'est un hymne à la liberté, à l'amour, et, malgré son aspect quelque peu outrancier, il a tout de même une morale : la personnalité d'un individu ne change jamais tout à fait. Il y a une idée intéressante et un débat à tirer sur la pérennité d'un couple qui s'attire physiquement de manière intense, en fonction de la morale d'une société et de ses préjugés.

C'est un tourbillant impressionnant et brillant.

Veneziano - Paris - 46 ans - 19 décembre 2005


Beau, pur et cruel. 7 étoiles

Une écriture pure et raffinée, sans lourdeur ou recherche artificielle. L'histoire est intéressante, à défaut d'être totalement passionnante, mais dénuée de longueurs ou de passages fastidieux.
Le héros est d'une tendresse touchante, mais également d'une douceur parfois agaçante, lorsqu'il supporte les infidélités de sa belle sans trop lui faire de reproches. Manon est l'archétype de la femme vénale et ambitieuse, prête à céder sa "vertu" à qui enrichira sa garde robe et son coffre à bijoux. Elle semble toutefois se racheter une conduite vers la fin de l'histoire, et à enfin mériter l'amour de son chevalier servant.
Un bon roman trop peu lu, hélas, d'une grande délicatesse.

Opalescente - - 42 ans - 10 novembre 2005


Insupportable... 4 étoiles

Bien que la Dame aux Camélias soit l'interprétation du XIXième siècle de ce récit moyenâgeux, celle-ci dépasse Manon Lescaut à tous les égard. Manon Lescaut déçoit si ce n'est que de lui accorder le mérite de nous faire découvrir une époque moins illustrée par la littérature.

MC - Montréal - 36 ans - 31 juillet 2004