L'Innocente
de Éric Warnauts (Scénario), Raives (Dessin)

critiqué par Shelton, le 5 juin 2006
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Quelle femme !!!
C’est en décembre 1987 que Warnauts et Raives mettent un point final à cet album que les éditions Casterman publieront en 1991. Heureusement pour les lecteurs, entre les deux dates, le magazine (A suivre) offrira la première lecture de ce destin de femme, car il s’agit bien de cela avec le destin de Nina Reuber, une jeune allemande qui eut le nazisme comme jeunesse, avec une guerre, une défaite et un amour désastreux…
Eric Warnauts et Guy Raives nous offrent ici ce qu’ils font de mieux, une histoire, ni triste ni à l’eau de rose, seulement humaine comme on peut en avoir chacun une… Mais me direz-vous, est-il possible d’intéresser le public en mettant la banalité de la vie en bédé ? Tout d’abord, il ne s’agit pas de banalité puisque tous les destins humains sont dignes d’intérêt et que réel ne signifie pas banal…
Nina Reuber commence par se retrouver dans un groupe de jeunes femmes porteuses de l’espérance de la nouvelle race : « Vos ventres, sources de vie, constituent la base de granit sur laquelle repose la destinée du IIIème Reich allemand… ». Au sein de cet enfer policé elle a une amie, Lisel, peut-être même une amante, qui va l’aider, au moment de la mort de ses grands-parents, à quitter ce camp de jeunesse de l’Ordensburg de Vogelsang… Elle se déguise en garçon et la voilà en train de découvrir son pays ravagé par la guerre… Elle devient, alors, un peu par hasard, traducteur et guide pour les soldats américains qui la prennent toujours pour un garçon… jusqu’au moment où…
Elle tentera d’aider ceux qu’elle rencontrera sur son chemin, appartiendra aux jeunes socialistes qui veulent reconstruire une nouvelle Allemagne sans les anciens nazis, mais elle sera déçue de voir tous ceux qui échapperont à la justice… Elle se liera avec une journaliste française, Bénédicte, avec qui elle ira jusqu’en Israël… Elle verra le jazz prendre sa place en Europe, en Allemagne en particulier… Elle sera bouleversée d’apprendre la vérité sur les camps de la mort… Elle aimera Wim, elle pensera que le bonheur est toujours possible…
Je ne veux pas vous donner plus d’éléments sur ce destin que vous aller découvrir avec plaisir et bonheur… ce qui pose question, au moins pour les auteurs et les lecteurs, c’est de savoir ce qu’est vraiment cette pauvre Nina… Une femme naïve ? Une enfant retardée qui n’est pas encore devenue adulte ? Une épicurienne qui ne cherche qu’à profiter de la vie nonobstant la souffrance des autres ? Une innocente victime de son temps ? Une idéaliste perdue dans un monde de profiteurs et d’exploiteurs ?
Elle est un peu tout cela mais elle est aussi une femme qui tente de survivre, de se reconstruire après un tel désastre, une telle tuerie…
Le travail des deux auteurs, Warnauts et Raives, est remarquable. Il nous montre qu’il ne faut jamais simplifier trop les choses, que la vie est toujours plus complexe, que le noir et le blanc coexistent avec des marges d’interférence terribles pour ceux qui doivent y passer, ne serait-ce qu’un temps…
Je suis très touché par ce genre de bédés qui dégagent une émotion forte, vraie, humaine qui ne peut que nous aider à regarder le monde, son histoire et son évolution avec plus de modestie, moins de règles absolues, plus de nuances…
Excellente bande dessinée pour adultes !
Il manque un petit je ne sais quoi... 6 étoiles

BD "L'innocente" de Warnauts et Raives (80p)
Ed. Le Lombard

Bonjour les fous de lectures....

1945...
Nina fait partie de la jeunesse hitlérienne. En apprenant la mort de ses grands-parents, elle décide de quitter le mouvement pour se rendre à Berlin.
C'est sous l'aspect d'un garçon qu'elle prend la route. Son déguisement faisant illusion, elle rejoint les troupes américaines qui progressent vers la ville.
Pour Nina c'est le début de l'apprentissage et des désillusions.

Comme toujours, avec ces auteurs, le graphisme est impeccable.
J'ai, cependant, eu du mal à savourer cette histoire qui débute pourtant bien mais qui, en finale, va trop vite et aurait mérité une suite.
J'aurais aimé continuer l'aventure avec Nina .

Faby de Caparica - - 63 ans - 21 octobre 2019