Les chiens-monstres
de Kirsten Bakis

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 15 mai 2006
(Montréal - 54 ans)


La note:  étoiles
Sans laisse à New York
Ouvrage obscur, souvent publié dans des collections prestigieuses à côté des titres de grands écrivains, qualifié de « parabole de notre temps », Les Chiens-Monstres est un roman inclassable situé entre le grotesque gothique et la littérature sérieuse. Une chose est claire, c’est original et bizarre.

Les personnages de Bakis sont des mutants hybrides, des chiens capable de marcher sur leurs pattes arrières, greffés de mains prosthétiques et possédant l’habileté de parler grâce à des faux larynx synthétiseurs. Au milieu des humains, ils s’intègrent admirablement, portant des tenues de gala, une canne à la main, se tenant bien droit et entretenant des conversations mondaines.

Le récit alterne entre le futur proche, où les chiens sont venus à New York pour construire un château en cadeau aux humains, et le 20e siècle à travers l’histoire de la création du premier spécimen par un savant fou aux ambitions militaires puis ensuite celle de la rébellion de la race. Les points de vue aussi sont différents de chapitre en chapitre – la voix d’une étudiante humaine – les écrits d’un historien chien-monstre – le journal du créateur – un opéra en entier – des extraits de quotidiens etc.

Comme « La Ferme des animaux » de Orwell, on peut tisser des liens avec une réalité historique, mais il ne s’agit pas d’une allégorie simple. Il est difficile de cerner l’œuvre, parabole sur la montée du nazisme? Hommage à Frankenstein? Voilà d’ailleurs la lacune principale du roman, on ne se pas trop quoi penser de cette méditation sur l’existence.

Le genre de livre que l’on peut décortiquer en mille morceaux sans y trouver la clé. Une qualité ou un défaut? Je ne sais pas. Une chose est sure, la prose stylisée est hypnotique et le riche univers aux accents allemands est fascinant. Une curieuse lecture qui laisse perplexe.