Le cycle d'Elric, tome 1 : Elric des Dragons
de Michael Moorcock

critiqué par Horst, le 8 juillet 2001
(Montignies-Sur-Sambre - 44 ans)


La note:  étoiles
Héroic quand tu nous tiens!
Enfin de la bonne héroic! Ce livre est le premier tome du cycle d'Elric, empereur albinos d'un pays "lointain".
Depuis son enfance, Elric est très faible physiquement. Il prend beaucoup de drogues pour supporter ses journées. Cependant, il a passé des heures dans la bibliothèque qui lui ont permis d'apprendre la magie. De plus, son cousin le déteste et rêve de prendre sa place... et pour compliquer l'histoire, des pays voisins veulent détruire le peuple de l'albinos et une épée étrange, Strombringer, va changer à jamais sa destinée.
Moorcock ne suit pas les stéréotypes: le héros est laid, faible, il prend des drogues et il est cruel à ses heures. Néanmoins, Elric peut aussi avoir des élans de générosité. C'est cette dualité qui me plaît dans ce livre. Dans la plupart des autres livres, les héros sont présentés comme gentils, généreux, beaux, forts...
Tandis qu'ici, Elric est comme... nous. Je crois que chacun pourrait s'identifier à lui. Essayez-le, vous serez agréablement surpris!
Une agréable découverte, à lire EN ANGLAIS 8 étoiles

Je viens tout juste de me lancer dans la saga, et ce premier Elric m'a assurément beaucoup marqué. Je souhaiterais d'emblée préciser que ma critique ne s'applique pas à cette traduction française assez médiocre à mon goût, mais à la version originale en anglais - que je recommande à ceux qui n'ont pas trop de mal avec la langue de Shakespeare. Cette traduction explique à mon sens en partie les critiques négatives concernant l'écriture... On décèle bien ici le poids de l'a priori chez le traducteur, qui pensant traduire un roman dit "jeunesse", s'en est donné à coeur joie dans les phrases mal tournées et le style potache des dialogues.

En ce qui concerne la version anglaise, je trouve que l'écriture de Moorcock - sans être exceptionnelle, c'est entendu - possède toutefois une qualité remarquable : son caractère hypnotique. On se sent sans cesse happés par une atmosphère aux petits oignons, très délicatement aménagée par Moorcock. (Et c'est le cas tout au long de la saga.) Les phrases sont simples mais leur rythme lancinant, leur vocabulaire parfois désuet rappelle les racines épiques et mythologiques de l'heroic fantasy, et ce n'est pas pour déplaire.

Deux points forts, principalement : le héros, Elric, tragique, ambigu, auquel il est difficile de s'identifier (comme cela à été souvent rapporté) ; le caractère symbolique et profondément tragique du récit. Effectivement, la structure du récit est convenue, mais elle est rénovée par la force de l'image. Lisez Shakespeare et vous trouverez les mêmes schémas, sauf qu'encore une fois, le style est au rendez-vous. Trop avide de nouveauté et d'originalité alors qu'on lui sert la même tambouille depuis des dizaines d'années, le lecteur contemporain aurait-il oublié la force de la tragédie, du récit épique, qui trouve sa puissance dans l'énergie de la rénovation et de la répétition de thèmes anciens, à la fois puissants et profonds ? C'est à une Odyssée bis qu'on assiste avec Elric, et ce n'est pas plus mal. Pourquoi blâmer le manque d'originalité d'un ouvrage qui ne cherche pas à être original, mais seulement à plaire, à envoûter, et à charmer.

Effectivement, ce premier tome n'est pas le plus original de la série (lisez La Forteresse de la Perle), mais il n'est pas dénué de puissance et de tension tragique. Et l'on retiendra surtout des images, sculptés par Moorcock dans notre esprit : le corps blanc et frêle d'Elric assis sur le Trône de Rubis ; les navires des pillards encerclés par des barges d'or pyramidales, au milieu d'un labyrinthe de canaux ; le Navire des Terres et des Mers ; le duel des deux épées, Stormbringer et Mournblade. C'est dans cette succession d'images, dont la portée symbolique ne laisse pas indifférente, produisant une cosmologie de dieux et de symboles propres à Moorcock, ainsi que dans les hésitations et les errements moraux d'Elric que réside toute la puissance de cet excellent récit, shakespearien, épique, homérique, torturé.

Orea - - 30 ans - 13 juillet 2015


Et pourtant ça fonctionne! 7 étoiles

Quelle ne fut pas ma surprise lors de la lecture des premières pages de ce cycle légendaire: c'est très mal écrit, aucun détail, aucune fioriture, le style est pauvre mais pourtant ça fonctionne!
Impossible de décrocher du bouquin, me voilà déjà en train de commander l'ensemble des ouvrages du cycle pour savoir la suite!
C'est étrange mais c'est jouissif!

Kreuvar - - 41 ans - 21 décembre 2012


Elric des Dragons 9 étoiles

C'est le premier tome d'une très longue saga de 9 livres. Ce livre est à mon avis une introduction à la série. On apprend qui est Elric, qui est son entourage, quels sont ses buts, qui sont ses ennemis et d'où vient l'épée Stormbringer. J'ai bien apprécié que le livre soit court. L'auteur ne s'éternise pas sur des inutilités. J'ai aussi aimé voir un héros qui n'est pas parfait et qui a son lot de doutes.

Exarkun1979 - Montréal - 45 ans - 9 juin 2011


Quel dommage. 6 étoiles

J'ai aimé ce héros albinos, non pas un super guerrier, mais un simple mortel qui doute, se pose des tas de questions, hésite à condamner, aime, en proie à des tourments intérieurs accablants.
J'ai apprécié toutes ces idées magnifiques er prometteuses, mais à peine effleurées, si peu exploitées.
Et puis, quel dommage, le récit parait fabriqué d'une manière "mécanique " , sans magie, sans chaleur, sans ce souffle qui vous décolle de votre socle quotidien sans vous relâcher une seconde jusqu'à la fin .
Peut-être cette Fantasy-là a-t-elle vieilli ?
Ou bien n'ai-je pas assez approfondi le cycle ?
Mais je n'ai plus vraiment envie de le faire après ce premier tome.

Boris52 - nice - 72 ans - 8 juin 2011


le torchon déguisé en serviette, ou l'inverse 8 étoiles

Elric des dragon... le livre fait un peu le même effet que d'assister à un spectacle de prestidigitation dont on connaît tous les trucs... et de se surprendre à y trouver du plaisir !

D'une certaine manière, le livre a tout de même pas mal vieilli. Les aventures et les rebondissements qui tombent du ciel sans autre explication que : "c'est de la magie", c'est un procédé un peu passé de mode. Et "Elric des dragons" en use et en abuse.

Les personnages ont le goût du stéréotype, voire de la caricature, ce qui ne devrait rien arranger.

Mais alors, pourquoi suis-je resté scotché au livre jusqu'à la fin ?

Tout d'abord le personnage d'Elric échappe au défaut que j'indique ci-dessus. Il est aisé de s'identifier à lui, de faire siennes ses réflexions. De s'interroger sur la manière dont on réagirait à sa place.

Ensuite, si les personnages manquent d'épaisseur, le monde décrit (Melniboné et les jeunes royaumes, les dieux et les élémentaires), bien que ce volume ne fasse qu'effleurer le sujet, révèle un potentiel grandiose qui, je l'espère, peut briller dans les volumes suivants.

Le style simple aide également le lecteur à se sentir absorbé par l'hiistoire : jamais on ne bute sur une phrase pour se retrouver à plat ventre dans la réalité.

En toute logique, cependant, les défauts auraient dû l'emporter sur les qualités. Ce n'est pas le cas et l'on ressort du livre avec la déception des bonnes choses, toujours trop courtes évidemment.

Au final, Elric des dragons est une grande réussite. Mais allez donc savoir pourquoi ...

Xa4 - Bruxelles - 44 ans - 15 octobre 2005


Un auteur à part 7 étoiles

Moorcock est issu du pulp comme bon nombre de ses contemporains de l’heroic fantasy, tel Fritz Leiber ou Howard. De cette culture où des histoires simples et fortes, et des héros inoubliables qui priment sur la longueur des descriptions ou la cohérence de l’univers où tout cela prend pied, il ne reste plus grand-chose tant Tolkien et son Seigneur des Anneaux les ont éclipsés.
Cependant il reste bien des perles de la « Sword and Sorcery », et Elric tient une place particulière. Un récit allégorique à plusieurs niveaux de lecture, un héros torturé et en quête de sens, une nation décadente et une histoire sombre et désespérée. Un classique du genre.

Belial - Anvers - 45 ans - 25 août 2005


Moorcock m'a toujours décu 4 étoiles

D'un côté nous avons un auteur à l'imagination débordante, qui crée des cycles très intéressants car non manichéens. Vraiment son univers est très très intéressant.

Mais gros problème nous sommes face à quelqu'un qui ne sait pas écrire une ligne. Moorcock c'est le royaume du sujet-verbe-complément. Un roman de 200 pages peut se lire en deux trajets de métro. Et ça c'est très frustrant quand les idées sont si bonnes.

CptNemo - Paris - 50 ans - 7 décembre 2004


Génial 9 étoiles

Je suis Horst mais il m'est impossible de rétablir mon compte.
Je voulais juste répondre à Aethus à propos de :

"Tandis qu'ici, Elric est comme... nous. Je crois que chacun pourrait s'identifier à lui."

Oui, Elric est chaotique mais je pense que nous le sommes tous peu...Elric est imprévisible, d'accord...mais nous le sommes tous aussi un peu...

Ce n'est pas parce que un personnage est imprévisible que les lecteurs ne peuvent pas s'identifier à lui.

A contrario, un personnage peut être prévisible sans que les lecteurs puissent s'identifier à lui.

Isegrin - - 44 ans - 15 janvier 2004


Un cycle très prenant 8 étoiles

J'aime beaucoup "Elric des dragons" dans la mesure où il lançe de façon spectaculaire la saga Elric ! Je le trouve très bon, dès le départ on comprend bien l'état d'esprit du Champion Elric...
Mais je ne suis pas d'avis de la critique pour ce qui est de l'identification au personnage...
"Tandis qu'ici, Elric est comme... nous. Je crois que chacun pourrait s'identifier à lui."
Moorcock a voulu faire un personnage qui justement est difficile à suivre, personnage très chaotique par définition, et il est très difficile (surtout dans les tomes qui suivent "Elric des dragons") de savoir ce qu'Elric va faire dans chacune de ses actions... L'auteur met la personne qui va s'identifier au héros dans une situation périlleuse, elle ne peut pas réagir comme Elric car elle ne le comprend pas tout comme il ne se comprend pas lui-même...

Pour ce qui est du cycle d'Elric...
Je donne 4 étoiles à ce premier tome
3 étoiles aux tomes II, III et IV
4.5 étoiles aux tomes V et VII
4 étoiles au tome VIII
Je n'ai pas encore eu la chance de lire le tome VI (épisode à part) et le tome IX ("Elric à la fin des temps")

Aethus - Evreux - 38 ans - 13 janvier 2004


C'est bien, évidemment 9 étoiles

Bon, ben forcément je ne vais pas dire du mal d'un bouquin que j'ai tellement apprécié il y a une dizaine d'année que j'en ai tiré mon pseudo. Mais je tiens à signaler que, contrairement à bien des sagas, celle-ci s'améliore de volumes en volumes pour arriver enfin à un vertigineux dernier roman : "Stormbringer" qui est un chef d'oeuvre absolu du genre, totalement soufflant et parfois philo mais jamais ennuyeux.

Elric - Boussu - 50 ans - 14 août 2001