On vit drôle
de Anne Guilbault, Otto Ganz (Co-auteur)

critiqué par Sahkti, le 13 mai 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Pleurer sa solitude
L'union de deux plumes. Celle du belge Otto Ganz avec celle de la québécoise Anne Guilbault. Une union réussie, difficile de discerner qui a écrit quoi, tant les deux styles se fondent et se confondent.
C'est la vie d'une enfant, Petite-Misère, qui nous est racontée. Avec des mots tendres et doux, des mots qui font mal, des mots torturés à l'image de cette petite qui fait le douloureux apprentissage de la solitude et des départs, de la vie qui s'éloigne, du malheur qui s'installe.
Petite-Misère vit au milieu de nulle part, dans un coin qui semble avoir été oublié par la chance, avec une grand-mère et un frère, sans parents, sans personne. Pas de misérabilisme ou de pathétisme à outrance dans ce récit, mais la narration d'une histoire qui fait mal, parce qu'il y a de la soufffrance et il est inutile de faire semblant et de vouloir la cacher.

C'est un très beau quatre mains que nous offrent ici les deux auteurs. J'ai été particulièrement sensible à la poésie et la subtilité qui se dégagent de chaque mots, tant d'émotions narrées avec une telle justesse que, très vite, le lecteur se glisse dans la peau de Petite-Misère. L'histoire est triste et pleine de vie à la fois, il y a de la rage et du désespoir qui se mêlent aux larmes d'une gamine. Ça fait un peu mal et en même temps, il y a tant de force que ça transporte.