Dieter Lumpen (Les aventures de...), tome 3 : Caraïbes
de Jorge Zentner (Scénario), Rubén Pellejero (Dessin)

critiqué par Shelton, le 6 mai 2006
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Les îles au soleil ! Le bonheur !!!
J’ai choisi de vous présenter, non pas l’intégrale des ces deux auteurs hispanisants, Zentner et Pellejero, mais un large éventail des albums qu’ils ont fait ensemble car je suis persuadé que ce sont deux grands de la bande dessinée, un scénariste et un dessinateur qui vont continuer à faire parler d’eux et que l’on retiendra au sommet de cet art narratif…
Avant de retrouver Dieter Lumpen dans le grand récit que nous avons feuilleté ensemble, Le prix de Charon, les deux complices ont écrit – oui, la bédé est bien une écriture – des nouvelles. Caraïbes est le second recueil et date de 1990. Cinq épisodes de la vie de notre aventurier sans âge, sans attache, sans objectif qui démontre que la bédé est un art narratif majeur capable de planter une ambiance ou un décor aux quatre coins du monde sans aucun délai… Parfois il traîne sa carcasse ici ou là en se donnant l’illusion du bonheur…
Nous commençons en Turquie avec une vieille dame qui n’a peur de rien ou presque avant d’aller jouer et perdre en Grèce. La mer Méditerranée nous donnera l’occasion de poser le pied en Israël avant de revenir en Inde, pays de la première histoire, et de prendre notre envol pour la plus grande des nouvelles, mais aussi la meilleure et qui a pour cadre les Caraïbes et qui a donné son nom au recueil… Oui, même en bédé, il y a des nouvelles éponymes !
Cette dernière nouvelle est pour moi un chef d’œuvre de narration bédé, une merveilleuse histoire comme j’aime que l’on m’en raconte le soir avant de me coucher et, aussi, un lieu magique, car il n’y a pas de bonne histoire sans une bonne dose de magie, de fantastique et d’inexplicable… Dieter Lumpen semble s’être installé depuis longtemps sur une île des Caraïbes. Il ne vit que de la pêche et des promenades qu’il organise avec son ami le Chinois… Mais les temps sont difficiles, il survit plus qu’il ne vit mais il a l’air heureux, profitant du soleil… Mais un jour, le cinéma hollywoodien débarque sur l’île… Ce cinéma américain déforme la vie, change les rapports entre les êtres humains et tente Dieter Lumpen :
« Pour l’argent, ne vous faites pas de soucis, même en attrapant tous les espadons des Caraïbes, vous n’en gagnerez jamais autant. Une chance comme celle-là n’arrive qu’une fois dans une vie. »
Dieter Lumpen aime sa liberté, ses amis, ce soleil et cette mer… Il voudrait ne pas donner de réponse, oublier de répondre pour pouvoir dire que cela ne s’est pas fait sans en porter la responsabilité totale… Mais le Chinois ne peut pas accepter une telle situation… Vous verrez bien comment tout pourra prendre fin de façon acceptable pour chacun de nos deux héros et quant aux autres, c’est à eux de se débrouiller…
Très beau recueil que j’ai eu beaucoup de plaisir à relire pour préparer cette chronique. Bonne lecture à tous et n’hésitez pas à enlever la poussière de certains albums pour découvrir des histoires de grande qualité…