La Vénitienne
de Sylvie Dervin

critiqué par Pendragon, le 5 juillet 2001
(Liernu - 53 ans)


La note:  étoiles
Le drame de la femme... conditions...
"Etre femme, ventre blessé, ambulante plaie que l'homme, l'ennemi, viendrait rouvrir et fouiller sans qu'on pût se défendre. Etre femme : châtiment."
"Les sexes où il avait pénétré se ressemblaient, tunnels qui ne menaient nulle part. Le chemin de la possession physique passait ailleurs."
"Quelquefois, savoir qu'on ne souffre pas est une souffrance pire encore."
Voilà, en quelques phrases, le ton est donné !
Excellent, superbe roman qui est un véritable recueil de sentiments humains d'une rare profondeur. On retrouve le parcours erratique des gens que la vie a blessé, on retrouve les angoisses des petites filles détestées par leur mère et tous les problèmes psychologiques que cela cause. Le début de la deuxième partie (Andante) est somptueux d'horreur, la lecture de l'enfance de Mathilde laisse béat de stupeur, cela fait penser à "Vipère au poing" de Bazin, c'est une évocation sans fard de la souffrance, la vraie. De cela, on comprendra mieux son comportement adulte.
Quant à l'histoire en elle-même, telle qu'elle a commencé, à Venise, elle ne sert que de prétexte, elle est là en toile de fond pour exacerber les personnages. Le dénouement est bien choisi, cette poussée dans l'escalier qui finit autrement que prévu reste dans l'ambiance malsaine de ce roman.
A lire... mais pas dans n'importe quel état d'esprit !