Un amour sans résistance
de Gilles Rozier

critiqué par Krebid, le 1 mai 2006
( - 52 ans)


La note:  étoiles
L'occupation sous un nouveau genre
Pendant l'occupation, le protagoniste, enseignant indifférent et un peu cynique, collabore malgré lui avec l'ennemi. Sa présence dans les couloirs de la Gestapo va lui permettre de faire évader un soldat juif. A l'insu de tous, il va cacher le jeune homme dans la cave de la maison familiale avec l'intime espoir de pouvoir jouir de cette situation.

Il y a des romans qu'on oublie vite et puis il y en a d'autres qui marquent par leur histoire touchante ou l'exercice de style exceptionnel. La singularité d"Un amour sans résistance" c'est que l'on ne connaît pas le sexe du narrateur. Chacun peut donc y lire l'histoire qui lui convient le mieux. Du début à la fin, cette prouesse exceptionnelle et réussie nous offre une écriture limpide qui ne souffre aucunement de cette confusion des genres. Remarquable !

Extrait : "J'ai dit que Herman était à ma merci, mais n'était-ce pas l'inverse ? Le trouble que m'avait procuré le jeune soldat de la drôle de guerre se fit sentir à nouveau dès qu'il s'installa dans la cave. J'aimais cet homme. La semi-obscurité de la cave me le dérobait et décuplait mon désir, comme dans ces trains fantômes où l'excitation provient du noir. Mais lui ? Il m'était reconnaissant de l'avoir sauvé, cela suffirait-il pour le conquérir ? Me toucherait-il une nuit ?"