Terre battue, suivi de Lunaires
de José-Flore Tappy

critiqué par Sahkti, le 24 avril 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
La résignation des mots
"Terre battue " et "Lunaires" réunis en un seul volume par les éditions Empreintes (mais Amazon ne proposant pas ce recueil, je cite donc sous "Lunaires" publiés à La Dogana, merci Amazon...). Des mots qui parfois s'affrontent, proposent des trajectoires différentes, tantôt violents, tantôt plus légers, pour dire un même chemin de vie. Des poèmes courts, épurés, presque dépouilles, dont la force est étonnante. En quelques mots, José-Flore Tappy raconte toute une histoire, retrace une voie de sentiments dont même les blancs et les silences parlent avec talent.
Ce qui me frappe dans les mots de Tappy, c'est leur manière de cerner la douleur et le désespoir, tout en les acceptant de manière implicite, de continuer à avancer malgré tous les obstacles. On sent qu'il ne s'agit pas simplement d'étaler des mots et de les marier, il y a un sens plus profond qui se dégage de tout cela, une vision du monde et de la vie, ni tendre ni triste, par moments désabusé, c'est surtout très réaliste.

Un extrait de "Lunaires":
Chaque matin
poser nos voix debout
sur la toile cirée
rompre le pain casser le sel
avant que la fatigue
encore une fois ne vienne
ne nous fauche
une fois de plus
hâtive
de sa grande pelle

Un extrait de "Terre battue":
Puisse le sol
casqué d'or d'écarlate
cloche ardente
retentir sous mes pas
porter loin ma fureur
et réveiller les ombres
Qu'il vibre
dans l'espace désert
ouvrant toutes grandes
les portes de la mer